Le forum Euromaritime, qui a démarré mardi 30 janvier au parc Chanot à Marseille, a clôturé ses portes, jeudi 1er février. L’événement a réuni les professionnels du secteur maritime à l’échelle européenne. Le port et ses activités sont des sujets majeurs pour l’économie d’un territoire, et font face à des nécessités d’adaptation, surtout à l’aune de la transition écologique et énergétique. Invité à s’exprimer lors de la table-ronde « Villes et ports, comment mieux coopérer au service du développement économique et de l’aménagement urbain ? », le délégué régional d’EDF Frédéric Busin fait un état des besoins énergétiques pour assurer la transition des activités d’un port comme Marseille-Fos.
« Cela représente 90 terawattheures, soit l’équivalent de dix réacteurs nucléaires supplémentaires ou 3000 éoliennes en mer » analyse-t-il. Or, pour l’heure, seules les trois éoliennes en mer du projet Provence Grand Large sont implantées sur le territoire. Quant à installer du nucléaire sur la zone de Fos, comme l’avait esquissé le président de la République Emmanuel Macron lors de sa venue à Marseille en juin 2023, ce n’est pas pour tout de suite …
Une décarbonation très énergivore …
Or, les giga-factories qui se développent actuellement dans la zone du Caban-Tonkin à Fos-sur-Mer, sur le périmètre du Grand Port, nécessiteront, à terme, des ressources d’électricité considérables. Ces besoins en électricité doivent être en partie assurés grâce à la nouvelle ligne haute-tension projetée par RTE, dont la concertation est toujours en cours, mais qui pourrait poser un souci d’acceptabilité auprès des populations. « Si on présente les choses sous l’angle technique, il est peu probable que les gens adhèrent. Il faut mettre en avant l’objectif, la finalité de cette infrastructure », plaide Frédéric Busin. Alors que la triple concertation sur les projets d’usines de Carbon, H2V et Gravithy vient de s’achever, l’heure est au bilan : « Les concitoyens sont très favorables mais ils soulignent les besoins en matière d’infrastructures et une politique de construction de logements », ajoute le président du directoire du Port, Hervé Martel.
« Même la première révolution industrielle est en deçà de ce que l’on s’apprête à vivre dans les dix prochaines années » poursuit le délégué régional EDF.
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Le nucléaire, une solution ?
Pour relever le défi de la transition énergétique, Frédéric Busin insiste aussi sur la nécessité de prolonger la sûreté du parc nucléaire existant. Il existe également un enjeu sur le développement de la filière des « small modulor reactor » (SMR), ces mini-centrales nucléaires voulues par Emmanuel Macron. « Cela représente une perspective de développement énorme. Ces SMR doivent permettre de remplacer, à terme, toutes les centrales à charbon et de développer l’hydrogène bas carbone (la production d’hydrogène nécessite de l’électricité, ndlr) et, enfin, de rendre possible l’approvisionnement de tous en eau potable. Dans les prochaines années, les villes seront surtout côtières, la question du dessalement de l’eau de mer se pose donc », analyse Frédéric Busin.
« Il faut miser sur la sobriété et l’efficacité énergétique »
Frédéric Busin, délégué régional EDF Provence-Alpes-Côte d’azur
« Le changement de mode de consommation n’est pas le seul levier. Il faut aussi miser sur la sobriété et l’efficacité énergétique », rappelle Frédéric Busin. Pour cela, le délégué régional Provence-Alpes-Côte d’azur préconise de limiter l’utilisation de gaz et de fioul. La solution pourrait aussi être de se tourner vers l’intelligence artificielle pour être plus efficient, ou encore recycler la chaleur fatale, c’est-à-dire la chaleur générée par les activités, généralement perdue, mais qui pourrait constituer une source d’énergie.
Autre solution dans le « pipe » au sens littéral du terme : l’hydrogène, qui devrait arriver dans la zone de Fos à l’horizon 2030 avec le projet de pipeline BarMar, qui s’intègrera dans l’hydrogénoduc européen H2Med.
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