Depuis un mois, une quatrième vague de Covid-19 frappe la France et plus particulièrement le sud du pays. Avec un taux d’incidence de 671 cas pour 100 000 personnes, plus de trois fois la moyenne nationale, les Bouches-du-Rhône détiennent actuellement le record du département le plus durement touché. Cette explosion de l’épidémie met de nouveau les hôpitaux à rude épreuve. Les urgences notamment sont saturées : « Entre La Timone et Nord, on est à près de 700 patients par jour, des chiffres jamais atteints », alerte Aurélia Bordais, médecin urgentiste à l’hôpital Nord à l’occasion d’une conférence de presse de l’assistance publique des hôpitaux de Marseille (AP-HM) lundi 23 août.
Un été sous tension pour les hôpitaux en sous-effectif
Avec 60 patients Covid en réanimation, les hôpitaux marseillais n’ont pas encore atteint les pics des précédentes vagues qui s’élevaient à la centaine. « Mais la hausse est continue. On prend le même chemin que pour la deuxième vague de l’été dernier », prévient Lionel Velly, le chef du service réanimation de la Timone. Et en plein été, les équipes sont en sous-effectif avec les congés « que l’on s’est engagé à maintenir pour nos équipes qui ont beaucoup donné ces derniers mois », précise le directeur général de l’AP-HM, François Crémieux. Résultat, les évacuations de patients vers d’autres régions ont déjà commencé.
Quatre malades ont été transférés à Reims vendredi dernier et deux autres seront envoyés à Strasbourg le 25 août.
Au retour des vacances, l’AP-HM espère pouvoir ouvrir de nouveaux lits mais le personnel hospitalier ne sera pas le seul à revenir à Marseille. « Les ferries du Maghreb vont nous ramener beaucoup de Marseillais de ces pays très impactés par le Covid-19 », s’inquiète Jean-Luc Jouve, le président de la commission médicale d’établissement. Pour éviter une nouvelle flambée, l’AP-HM et ses médecins envoie un message unanime à toute la population : « Vaccinez-vous ! ».
Une vaccination « misérable » dans les quartiers Nord
Les chiffres parlent d’eux-mêmes : 90% des patients en réanimation ne sont pas vaccinés. « C’est la seule arme qui permet de sauver des vies aujourd’hui », assure le médecin réanimateur Julien Carvelli. Un message qui peine encore à convaincre les plus réticents, notamment à Marseille.
« Nous affichons l’un des plus faible taux de vaccination du pays »
Jean-Louis Jouve, président de la CMA de l’AP-HM
« Nous affichons l’un des plus faible taux de vaccination du pays », regrette Jean-Luc Jouve. Le chirurgien souligne notamment les disparités entre les quartiers sud et nord « où la couverture est assez misérable proche de 30% ». Les habitants de ces quartiers défavorisés sont d’ailleurs surreprésentés parmi les patients de réanimation. « On s’est beaucoup aidé de Doctolib et de Maia pour la vaccination mais on a oublié la fracture numérique. De plus, ces quartiers sont très enclavés. C’est la pauvreté de nos transports qui les empêchent de se rendre dans les centres de vaccination. Il faut aller à leur rencontre », insiste Jean-Luc Jouve. Enfin, il dénonce également les discours néfastes des mouvements anti-vaccins et des vidéos youtube du professeur Raoult : « La position qui consiste à dire que la vaccination a des effets douteux est inacceptable », insiste-t-il.
L’AP-HM « en désaccord avec la communication de l’IHU »
Le matin même sur Cnews, le directeur de l’IHU Méditerranée Infection accusait directement la nouvelle direction de l’AP-HM de vouloir se débarrasser de lui. Interrogé sur ces déclarations, François Crémieux refuse de répondre à la polémique mais Jean-Luc Jouve observe : « La majeure partie du corps médical de l’AP-HM est aujourd’hui en désaccord avec la communication de l’IHU ».
Le président de la commission médicale précise sa position : « Au début, on l’a suivi sur l’hydroxychloroquine pour traiter les patients. Mais désormais, les fortes réserves qu’il émet sur la vaccination ne sont plus comprises ». Plus que le discours, c’est la méthode qu’il remet en cause : « Réfléchir dans un congrès médical sur l’effet de la vaccination, c’est normal. Par contre, les vidéos Youtube libre d’accès peuvent être mal interprétées par les gens qui ont un accès plus difficile à l’information. Le discours médical est dévoyé de son but initial. C’est pour le moins maladroit », regrette-t-il.
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