C’est un cadeau de Noël pour tous les habitants de la métropole d’Aix-Marseille. Un mois après ses premiers balbutiements fin novembre, la grèves des éboueurs semble bel et bien terminée ce mardi 21 décembre. Lundi, aux alentours de 21 heures, les agents affiliés à l’organisation majoritaire Force Ouvrière (FO), seule réfractaire à l’accord proposé mi-décembre par la Métropole Aix-Marseille, ont finalement voté une reprise du travail et « une fin de conflit à l’unanimité », déclare le délégué syndical Patrick Rué sur sa page Facebook. Les agents métropolitains de la collecte protestaient contre l’application au 1er janvier 2022 de la loi sur le temps de travail.
Cette issue de crise fait directement suite à une réquisition de 249 agents grévistes par la préfète de police des Bouches-du-Rhône – une obligation d’exercer sous peine d’amende (10 000 euros) qui aura duré cinq jours ; du jeudi 16 au lundi 20 décembre. Le grand nettoyage bien entamé ce week-end va donc se poursuivre. Les tas d’ordures devraient peu à peu disparaître des rues de Marseille et de sa métropole. Peut-être même avant les fêtes de fin d’année.
« FO n’a rien obtenu de plus »
Lundi dernier, trois syndicats d’agents de la collecte ont signé le protocole de sortie de grève formulé par Yves Moraine, vice-président en charge du dossier à la Métropole. La CGT, la FSU, et la CFTC ont rapidement été rejoints par l’Unsa, au vue de la proposition inédite de la Métropole (-15% du temps de travail pour le même salaire, et des avantages sociaux). Seul l’irréductible FO a poursuivi la grève jusqu’à ce que réquisition s’en suive. Mais l’organisation majoritaire a-t-elle obtenu gain de cause à force de persévérance ? Pas vraiment.
L’accord de base n’a pas été modifié par les revendications de FO
Yves Moraine
En réalité, « FO n’a rien obtenu de plus (que les autres syndicats) », assure ce matin Yves Moraine à notre micro. L’organisation conduite par Patrick Rué n’a d’ailleurs « pas officiellement signé l’accord », nous indique le porte-parole métropolitain. Avec cette sortie de crise tardive, FO revendique « l’aménagement des journées pendant la crise sanitaire ». Ce à quoi Yves Moraine répond : « oui enfin si l’épidémie flambe, on sera bien obligé de le faire ». Le VP informe au passage que, « probablement d’ici quelques mois », il n’y aura plus de ramassage le dimanche dans la majorité des villes de la Métropole.
L’État doit valider (ou non) l’accord proposé par la Métropole
Le protocole métropolitain de sortie de grève doit maintenant être validé par le préfet de région Christophe Mirmand. Car en accordant une telle décote aux agents de la collecte sur leurs heures de travail, la Métropole franchit la ligne rouge tracée par la préfecture à l’issue de la dernière crise. C’est désormais une affaire d’État.
Selon Yves Moraine, « la loi ne prévoit ni plafond, ni plancher ». Mais le VP métropolitain veut tout de même faire appel à un cabinet spécialisé pour étayer sa proposition. « Si le préfet estime que notre délibération ne respecte pas la loi, en étant trop généreuse par rapports aux critères (ndlr : pénibilité, travail de nuit, en équipe…), il la déférera, et nous nous défendrons », indiquait Yves Moraine mardi dernier. « Et si nous gagnons, nous serons un exemple national (…) Nous avons fait le meilleur accord de France », affirmait le porte-parole de la Métropole jeudi 16 décembre sur le plateau de BFM Marseille Provence, à l’occasion d’un échange musclé avec Patrick Rué, lui aussi invité par la chaîne à s’exprimer.
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