Dialogue de sourds entre les syndicats d’agents de la collecte et la Métropole d’Aix-Marseille. Depuis jeudi 23 septembre, les éboueurs sont en grève, et les ordures débordent dans les rues de Marseille (particulièrement dans les 1er, 4e, 5e, 6e et 7e arrondissements). À l’origine du conflit, la réforme du temps de travail des agents métropolitains.
Conformément à la loi de transformation de la fonction publique adoptée en août 2019, les “rippers” (à l’arrière du camion) devront travailler 35 heures par semaine à partir du 1er janvier 2022, soit un total de 1607 heures par an, contre 1486 actuellement.
Les représentants du personnel gréviste réclament à la Métropole une réduction de 20% de ce nouveau temps de travail, mais avec le même salaire. Si la loi de transformation de la fonction publique prend bien en compte la pénibilité de la tâche des agents de la collecte, elle n’autorise toutefois qu’une pondération de 5% de leurs heures de travail.
- 35 heures/semaine = 1607 heures/an
- 35 heures/semaine (-5%) = 1530 heures/an
- 35 heures/semaine (-20%) = 1286 heures/an
Démunie, la Métropole semble à court de solution. « Nous n’avons pas de marge de manœuvre en dehors du cadre légal, nous appliquons la loi et rien d’autre », rabâche encore et encore ce lundi Roland Mouren, vice-président à la propreté et à la gestion des déchets. Celui qui est aussi le maire de Châteauneuf-les-Martigues ne comprend pas que la grève ait éclaté sans discussions préalables. Il espère « que la raison l’emportera », avant que le mouvement social ne gagne toute la métropole, voire tout le pays.
De son côté, la Ville de Marseille pointe du doigt la mauvaise gestion du dossier par la Métropole. Les maires de secteurs concernés – Sophie Camard, Pierre Benarroche et Didier Jau – « déplorent que ces discussions ne s’ouvrent que maintenant, alors que la Métropole connaît ses obligations […] depuis 2019 ». Ils demandent à Martine Vassal de « prendre ses responsabilités », afin de retrouver un semblant de salubrité dans les rues de Marseille.
Les syndicats attendent maintenant des propositions de la Métropole
Plus tôt dans la journée ce lundi, la Métropole avait organisé une consultation des délégués syndicaux concernés, notamment FO, qui rejoint le mouvement, et la CGT. Les représentants du personnel gréviste ont eu l’occasion de proposer aux six DGS de territoire leurs différentes revendications. Aucun élu n’était présent à cette réunion. « Nous voulons permettre aux agents de travailler moins, sans qu’ils ne perdent un centime de salaire », nous explique Véronique Dolot (CGT), au sortir de cette consultation infructueuse avec la Métropole.
Et quid d’une compensation financière plutôt qu’une réduction des heures ? « Nous attendons des propositions de la Métropole, mais à la fin, ce sont les agents qui décideront », précise la représentante syndicale. En attendant, la grève continue, les détritus s’accumulent, et l’odeur nauséabonde des ordures s’intensifie. Un bras de fer qui pourrait laisser des traces à moins de trois semaines du retour d’Emmanuel Macron dans la cité phocéenne.
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