Au terme de huit jours de grève, le conflit des poubelles touche à sa fin. La Métropole d’Aix-Marseille annonce vendredi 1er octobre la fin du bras de fer avec Force ouvrière, le syndicat majoritaire (six sièges sur quinze au comité technique) des agents métropolitains de la collecte. Après des heures de négociations nocturnes au Palais du Pharo, les “belligérants” ont trouvé un accord un peu avant six heures du matin. « Nous envisageons une sortie de crise dès ce soir », affirme Roland Mouren, vice-président à la propreté et à la gestion des déchets. Pourtant, la FSU (quatre sièges), la CGT et l’Unsa (deux sièges chacun) attendent encore d’être consultées par la Métropole.
Les agents de la collecte FO ont obtenu gain de cause. « Nous avons baissé le temps de travail annuel à 1467 heures (ndlr : contre 1486 heures actuellement) », se vante Patrick Rué face aux caméras de La Provence. Un tour de force du patron de FO à Marseille qui va permettre aux agents métropolitains de travailler moins, tout en conservant leur salaire. Et ce malgré la mise en place dès janvier 2022 de loi de transformation de la fonction publique, votée à l’origine pour augmenter le temps de travail des agents.
- 35 heures/semaine = 1607 heures/an (ce que prévoit la loi)
- 35 heures/semaine (-5%) = 1530 heures/an (ce que proposait la Métropole)
- 35 heures/semaine (-9.5%) = 1467 heures/an (ce qu’a obtenu FO)
- 35 heures/semaine (-20%) = 1286 heures/an (ce que réclame la CGT)
Un deal qui soulage Marseille et sa métropole
En cédant aux réclamations de FO, la Métropole semble avoir résolu un casse-tête qui aurait sans doute pu être évité, ou même écourté. Depuis le début de semaine, la CGT réclame une baisse de 20% des heures au nom de la pénibilité de la tâche, la collectivité rétorque par une pondération de 5%, invoquant l’absence de « marge de manœuvre » (notre article précédent). Mais une dérogation obtenue hier auprès de la préfecture des Bouches-du-Rhône permet à la Métropole de faire monter ce chiffre à 9,5%, et de résoudre de facto cette équation bien complexe. Les derniers déchets seront ramassés d’ici une semaine au plus tard.
« Nous sommes en conformité avec la loi », rassure Martine Vassal à la sortie du conseil municipal de Marseille. De son côté, Benoît Payan, face à l’hémicycle, salue cette sortie de crise et remercie la présidente. « Les choses ont été bien menées (…) ce n’était pas évident de remettre à l’endroit un puzzle qui était à l’envers, commente le maire de Marseille, soulagé, et d’ajouter : on débloque une situation non-gérée depuis longtemps ». Marseille et sa métropole, où les communes d’Istres, Martigues et Aix (notre article) ont également été touchées cette semaine par l’absence de ramassage, vont pouvoir à nouveau respirer. En seulement huit jours, 5 000 tonnes d’ordures se sont accumulées dans les rues de la cité phocéenne.
En plus d’une décote du temps de travail des agents métropolitains, FO a négocié l’ouverture d’un compte épargne-temps, la mise en place de formations aux bonnes pratiques et un accompagnement à la reconversion. Étant donné la réduction de 9,5% du temps de travail, les neufs jours de repos supplémentaires par an, initialement proposés par la Métropole, ne font en revanche plus partie du package. À noter la réouverture du chantier RIFSEEP (régime indemnitaire de la fonction publique) à partir du 1er janvier 2022.
Pour la CGT, « la grève continue »
Si FO crie victoire, la CGT s’indigne d’avoir été écartée des négociations. Véronique Dolot a rassemblé ce matin les agents métropolitains du syndicat au pied de la tour La Marseillaise, où se trouvent les bureaux de la Métropole. « L’accord est le même qu’on nous a proposé 48 heures en arrière », remarque scandalisée la représentante des sections Métropole de la CGT. Selon elle, les jours de repos supplémentaires auraient simplement été convertis en heures de moins à travailler.
Une « entourloupe » pour Véronique Dolot. « Nous sommes très circonspects, d’autant plus que nous n’avons pas été informés des négociations en cours », déplore la syndicaliste. Selon elle, les agents métropolitains encartés CGT ne vont pas changer d’avis du jour au lendemain. « C’est à eux de décider si la grève continue ou pas », lance-t-elle à notre micro. La CGT a publié en fin d’après-midi un communiqué sur sa page Facebook avec pour titre : « la grève continue ! ».
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