Depuis le 1er janvier 2024, la liaison interurbaine de la Métropole Aix-Marseille Provence est assurée par la RTM et plus par la régie départementale des transports des Bouches-du-Rhône (RDT13). La régie pilotée par Catherine Pila (LR), qui s’occupait alors principalement du réseau urbain marseillais, récupère dans son giron les lignes de bus entre les différentes communes métropolitaines, comme la liaison Aix-Marseille (Lecar), mais aussi l’activité de fret ferroviaire de la RDT13. L’ensemble de cette nouvelle entité, née de la fusion, est placée sous la houlette du directeur général de la RTM, Hervé Beccaria. Celui-ci explique à Gomet’ la genèse de cette fusion et les conséquences qu’elle peut avoir sur les usagers.
Pourquoi choisir de fusionner la RTM et la RDT13 ?
Hervé Beccaria : La Métropole fait face à plusieurs défis. Il y a d’abord le défi environnemental. La structuration du réseau de transports est une réponse à ce défi. Ensuite, il y a un défi territorial : pour arriver à faire une Métropole, il faut obligatoirement arriver à connecter les territoires entre eux, les relier entre eux, pas seulement le réseau interurbains. Il faut réunir les bassins de vie et bassins d’emploi. S’ajoute à cela un défi social : aujourd’hui, selon une étude de la Fédération des transports publics, un jeune sur deux a dû refuser un emploi, faute de pouvoir s’y rendre. Mais la bascule vers les transports collectifs ne se décrète pas : il faut mieux mailler le territoire et rendre le réseau attractif, qui assure la régularité, la fréquence et l’amplitude. Il faut des horaires et taux de déplacement supérieur à ce que peux faire la la voiture.
« Nous devons rendre le réseau plus attractif et efficace »
Hervé Beccaria
A l’origine, la RDT13 était une instance rattachée au Département, mais 90% de son activité était à la Métropole Aix-Marseille Provence, c’est pourquoi elle en a récupéré la gestion. Aujourd’hui, la RTM a acquis de vraies compétences techniques. Elle a réussi à réduire le surcoût qu’elle générait il y a quelques années. Grâce à une politique de rationalisation s’appuyant sur une meilleure organisation, la Métropole nous a confié, d’années en années, davantage de réseaux : celui de La Ciotat en 2014 (auparavant opéré par Transdev de Veolia, ndlr), puis Martigues et une partie d’Aubagne en 2017, et enfin la totalité d’Aubagne, y compris le transport scolaire, en 2023. La Métropole veut s’appuyer sur un opérateur leader, à l’instar du réseau lyonnais. A ce titre, rien ne s’opposait à un rapprochement de la RTM et de la RDT13. L’objectif est d’avoir un seul et unique opérateur, plutôt qu’avoir deux entités assurant quasiment la même prestation.
Mais pourquoi avoir choisi de conserver la RTM plutôt que la RDT13 ? Y avait-il des défaillances observées au niveau de la RDT13 (la CRC épinglait la gestion de l’Epic, constatant de nombreux manquements, dans un rapport d’octobre 2022, ndlr) ?
H. B. : Non, ce n’est pas cela. La convention de la RDT13 touchait à sa fin. Deux solutions se présentaient à la Métropole : soit continuer sous la forme d’un portage privé, soit fusionner ses deux entités. Il y avait un écueil juridique à conserver deux entités assurant quasiment la même mission. La RTM a fait preuve de sa capacité à assurer cette mission. Dès lors, l’intégralité des activités et du personnel de la RDT13 ont été transférés à la RTM. C’est le moyen pour la Métropole d’accélérer la structuration de son réseau de transports, en ayant plus qu’un seul interlocuteur.
« Trois établissements distincts au sein de la RTM pour l’intra-urbain, l’inter-urbain et le fret »
Hervé Beccaria
Concrètement, comment s’organise cette nouvelle entité unique ?
H. B. : La RTM est désormais découpée en trois établissements distincts, dirigés par une seule direction générale : un établissement qui comporte les fonctions supports métiers et les activités historiques de la RTM en milieu urbain (3700 salariés) ; un établissement dédié à la gestion de l’interurbain (100 personnes) et un autre consacré au fret ferroviaire, car la RDT13 assurait une mission de fret (600 personnes).
Le conseil d’administration de la RTM est passé de 18 à 33 membres pour intégrer les représentants des communes désormais couvertes par la RTM.
« Nous voulons renforcer les lignes de car 50 et 51 entre Marseille et Aix »
Hervé Beccaria
Mais qu’est-ce que cela va changer au quotidien pour l’utilisateur ?
H. B. : A court terme, ça ne va pas changer grand chose. A long terme, nous prévoyons de renforcer certaines lignes, comme la ligne de car 51 entre Aix et Marseille par la route nationale 8, mais aussi la ligne 50 Aix-Marseille via l’autoroute. Ce rapprochement avec la RDT13 va nous permettre d’avoir une meilleure visibilité sur les horaires de bus et des utilisateurs. Nous devrions aussi pouvoir éviter les « haut le pied », c’est-à-dire le fait pour les bus de la RDT de rentrer à vide au dépôt du Pont de l’Arc à Aix après leur dernier trajets vers Marseille. Les bus pourront passer la nuit au dépôt de Marseille et repartir directement le lendemain.
Concernant les tarifs, la RTM n’est pas décisionnaire en ce domaine et applique les directives de la Métropole. En l’occurrence, la présidente Martine Vassal a précisé qu’il n’y aurait pas d’évolution du prix des transports dans le contexte des Jeux olympiques.
Trois syndicats de la RTM, FO, la CGT et Force Ouvrière, dénoncent dans un communiqué le risque d’une surcharge de travail pour le personnel à la suite de la fusion et ont émis un avis défavorable…
H. B. : L’intégralité du personnel a été récupéré par la RTM donc il n’y a pas de raison de déplorer une surcharge de travail. Mais on peut en effet observer, dans les premiers temps de la fusion, notamment sur les fonctions supports, une surcharge conjoncturelle, liée à l’adaptation à ce nouveau fonctionnement, mais cela concerne une quarantaine de personnes sur les 4500 que compte la nouvelle entité. Nous nous engageons à faire un point d’étape à la mi-2024.
Cette année, la RTM s’engage à recruter 500 collaborateurs, dont 200 nouveaux postes, les autres étant des remplacements, par exemple à la suite de départs à la retraite. Ces recrutements porteront principalement sur les bus, les tramway pour accompagner l’extension du réseau, et les fonctions supports
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