A l’image des collectivités, la Régie des transports métropolitains (RTM) a elle aussi dévoilé son plan « sobriété énergétique » ce jeudi 3 novembre, lors d’une conférence de presse. Une façon de faire oublier le rapport de la Chambre régionale des comptes publié fin octobre (voir encadré ci-dessous) ? Quoi qu’il en soit, la régie métropolitaine, qui consomme 12 000 mètres cubes de gasoil par an et 70 000 mégaWatts, n’est pas épargnée par la crise de l’énergie. « En 2023, la facture énergétique pourrait grimper à 47 millions d’euros », chiffre Hervé Beccaria, directeur général de la RTM, aux côtés de la présidente (LR) Catherine Pila.
« Nous voulons que cette crise soit un levier pour effectuer notre transition environnementale », affirme cette dernière. La RTM souhaite ainsi atteindre l’objectif d’un réseau terrestre « 100% zéro émissions » d’ici 2035, grâce à l’automatisation des rames de métro – projet Néoma -, le développement du tramway dans le cadre de Marseille en grand, et l’acquisition d’une flotte de bus totalement électrique. Les services de transports à la demande pour les personnes à mobilité réduite devrait également passer à l’électrique dès 2023. Un objectif qui précède la crise énergétique : la RTM a déjà entamé partiellement l’électrification de sa flotte et les marseillais ont pu voir certains de ces bus électriques arpenter les rues, bien que la flotte reste majoritairement thermique. Précisément, 21 bus fonctionnent actuellement à l’électricité et 79 en hybride sur un total de 630 bus. La flotte électrique devrait passer le cap des 50 véhicules d’ici 2024.
« Faire la chasse au gaspillage sans toucher l’offre de service »
Malgré une facture énergétique salée, la direction de la RTM promet de ne pas répercuter ce coût sur les usagers. Et pour cause, les prix des tickets et abonnements ne devraient ni augmenter, ni même diminuer : ils sont en effet fixés par un contrat liant la RTM à la Métropole pour la période 2011-2025, explique la présidente de la régie. Aucune évolution de la politique tarifaire n’est donc prévue jusqu’à cette date.
« Nous allons faire la chasse au gaspillage sans toucher l’offre de service », assure le directeur général. Car les déperditions d’énergie sur le réseau marseillais sont en effet importantes : jusqu’à 1500 méga Watts sont ainsi perdus sur le réseau de tramway.
Pour limiter la casse, la RTM a mis en place des actions à court terme, notamment des formations à l’éco-conduite pour tous les chauffeurs de bus, le rechapage des pneus pour moins consommer, ou encore l’arrêt des escalators la nuit dans les stations de métro ainsi que l’éclairage en Led de ces dernières. Quant à la recharge de la future flotte 100% électrique des bus, elle se fera de nuit, assure la RTM, à des heures où la consommation est moins onéreuse.
La RTM va également commencer l’équipement des dépôts de bus en panneaux photovoltaïques, à commencer par le dépôt Saint-Pierre dès 2025, afin de revendre l’électricité sur le réseau. Elle envisage également d’équiper les parties aériennes des métros. « Des études sont en cours pour évaluer la faisabilité, le coût et les délais », précise le directeur général de la RTM.
A plus long terme, Hervé Beccaria compte sur la modernisation des rames de métro qui pourrait permettre une économie de minimum 15% d’énergie, selon le constructeur Alstom.
Répression de la fraude dans le réseau RTM : « Nous butons sur la compétence légale »
Alors que la RTM envisage une hausse de sa facture énergétique, elle se doit de dégager une manne financière. Or, une partie de cette manne lui échappe en raison d’une fraude massive évaluée à 90 millions d’euros de pertes pour sur la période 2016-2020. C’est en tout cas ce qui ressort du rapport remis par la Chambre régionale des comptes fin octobre. A l’occasion de la conférence de presse de ce 3 novembre, Catherine Pila, interrogée par Gomet’, réagit : « Nous avons commencé à travailler à cette problématique bien avant le rapport. Depuis mai 2022, nous expérimentons des groupes d’assistance de protection et les contrôles sont accentués », détaille-t-elle. Le bilan précis de ces « Gap » n’est pas encore connu, mais la RTM dit d’ores et déjà constater une baisse de la fraude. Malgré tout, elle dit se heurter toujours à un obstacle : « Concernant les procès-verbaux, la loi ne met pas à notre disposition les moyens de vérifier les informations fournies par les contrevenants », déplore Hervé Beccaria. Résultat : le taux de recouvrement de ces PV ainsi que des indemnités forfaitaires (réglées immédiatement lors du contrôle) plafonne à 12% seulement. « Il s’agit d’un problème commun à la fois à la RATP, à Transdev et aux autres réseaux de transports, la RTM n’est pas la seule concernée », insiste le directeur général. Quoi qu’il en soit, la modernisation du métro devrait permettre la suppression des tourniquets dès 2025 et l’installation de portes anti-fraude plus efficaces.
Rendre le réseau de transports plus attractif
Dans son plan de déplacement métropolitain, la Métropole Aix-Marseille Provence, dont dépend la RTM, entend augmenter la part modale des transports en commun dans les trajets quotidiens. Actuellement, sur le territoire, cette part est évaluée à 11% seulement, dont 17% à Marseille. L’objectif est donc d’augmenter ce pourcentage à 17% minimum pour toute la Métropole et à 25% dans la cité phocéenne. Encore faut-il inciter les habitants d’Aix-Marseille à utiliser les transports en commun, et donc les rendre plus attractifs …
« Nous sommes conscients que le modèle actuel de fonctionnement du réseau de bus ne correspond plus du tout aux attentes des Marseillais. Une concertation va être engagée pour que chacun puisse s’exprimer » reconnaît Catherine Pila. Concrètement, le réseau de bus actuel doit laisser place à un tout nouveau fonctionnement dès janvier 2025, avec des horaires plus régulières, selon la présidente de la RTM.
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