Une étude datant d’octobre dernier, menée par Grant Alexander en partenariat avec OpinionWay révèle une tendance préoccupante dans le monde professionnel : les travailleurs âgés de plus de 55 ans sont souvent écartés lors des processus de recrutement, malgré leurs compétences avérées et leur expérience. Les résultats de cette étude, basée sur des entretiens avec 589 recruteurs et un sur-échantillon de 60 directeurs des ressources humaines (DRH), mettent en lumière les préjugés persistants et les pratiques discriminatoires auxquels sont confrontés les “seniors” sur le marché du travail.
Préjugés persistants et pratiques discriminatoires
Selon les données recueillies, près de la moitié des recruteurs (45 %) ont admis avoir reçu des instructions de leur direction pour privilégier des profils plus jeunes lors des recrutements. De plus, un tiers des recruteurs ont déjà écarté d’emblée les candidatures de travailleurs seniors, sur demande de leur hiérarchie. Cette tendance est encore plus prononcée chez les DRH, avec 74 % d’entre eux ayant reçu des consignes similaires et 68 % ayant directement écarté les candidatures de profils seniors.
Pourtant, la grande majorité des répondants reconnaissent que l’expérience des travailleurs seniors est un atout pour l’entreprise (89 %) et qu’ils ont la capacité d’apprendre et de se développer au sein de l’organisation (85 %). Mais les préoccupations persistent quant à la capacité des seniors à s’adapter aux jeunes talents et aux évolutions technologiques, ce qui contribue à perpétuer les stéréotypes négatifs à leur égard.
Quelles solutions pour l’employabilité des seniors ?
En termes de solutions, les recruteurs et DRH (81%) s’accordent sur plusieurs mesures potentielles pour favoriser l’emploi et le maintien des travailleurs seniors comme la mise en place de sessions de formation visant à transmettre les savoirs des seniors aux plus jeunes. De même, l’introduction de politiques de temps partiel pour permettre une transition progressive vers la retraite est soutenue par une forte majorité des répondants (79 % des recruteurs et 93 % des DRH).
Cependant, des obstacles persistent, notamment en termes d’accompagnement des seniors vers de nouveaux métiers et de mise à jour de leurs compétences, ainsi que des attentes divergentes en matière de rémunération. Alors que la moitié des recruteurs déplorent le manque de politiques RH adaptées aux travailleurs seniors, les DRH ne partagent pas toujours cet avis, ce qui souligne la nécessité d’une sensibilisation accrue à cette problématique au sein des entreprises.
Pour Henri Vidalinc, président de Grant Alexander, l’emploi des seniors est une responsabilité partagée entre les entreprises, les pouvoirs publics et les seniors eux-mêmes. Il appelle à un changement d’état d’esprit et à une plus grande agilité de la part des entreprises, combinée à des mesures incitatives de la part des autorités publiques. « Ils doivent inciter au maintien et au recrutement des seniors, grâce à davantage de dispositifs de réduction et d’exonération des cotisations patronales. Côté seniors, selon moi, il s’agit avant tout d’envie, d’énergie, d’ouverture à de nouveaux possibles pour continuer à travailler toujours et encore – son employabilité. »