Comme un tout petit air de Vigouroux
L’arrivée d’Yvon Berland dans la sphère politique évoque pour beaucoup l’émergence de Robert P. Vigouroux dans l’arène, après la mort prématurée de Gaston Defferre en 1986. Sous la Mitterrandie on ne songeait pas alors à ce professeur taiseux, militant certes de longue date, mais qui n’inspirait guère d’enthousiasme chez les defferristes. Michel Pezet – un des dauphins avec Philippe Sanmarco – avait été définitivement condamné pour « parricide » pour s’être opposé au sein du PS au vieux lion. Il fallait d’urgence, derrière Edmonde Charles-Roux, trouver un candidat digne de succéder à l’immense Gaston. Le Provençal, dirigé par Ivan Levaï, les conseillers les plus proches de l’Elysée, Pierre Bergé, son magazine Globe et quelques plumes serviables, furent mobilisés pour construire un mythe : un neurochirurgien de réputation internationale allait se pencher sur les plaies de Marseille et sauver ce grand malade. L’opération fonctionna à merveille et Vigouroux finit par réaliser le grand chelem (huit secteurs gagnés sur huit) que beaucoup considéraient comme l’Everest Marseillais. Les amis du professeur Berland, dont quelques vigouristes comme les sœurs Laffitte, rêvent sans doute de réécrire ce scénario, leur candidat a tant de points communs avec l’ancien maire. Le médecin n’avait jusque-là qu’un parti unique, l’université. Il revendique désormais une investiture de LREM où les candidatures sont nombreuses et les marcheurs de la première heure déboussolés. C’est Macron qui délivrera in fine l’ordonnance.