Les professionnels de l’immobilier n’aperçoivent toujours pas le bout de la crise. Pire, ils semblent s’enfoncer dans un cycle inquiétant de décroissance si l’on en croit le tableau bien noir dressé par les professionnels réunis au sein de l’Observatoire Immobilier de Provence (OIP).
« La crise du logement bat hélas son plein. Une crise majeure, inédite par son ampleur, qui touche toute la chaine du logement – du logement social au logement privé – ainsi que tous ses acteurs. Le repli très net de l’activité depuis 2020 affecte autant la production de logements neufs, qu’elle n’assèche le marché locatif, favorise le maintien des prix hauts, prive les acteurs du bâtiment d’activités, propulse le nombre de demandeurs de logements sociaux et emporte son lot de licenciements » déclare l’OIP après la révélation jeudi 5 juin des résultats 2024 et les perspectives 2025 (voir l’intégralité des chiffres en document source en bas d’article).
« Les analyses des 21 organisations membres de l’OIP témoignent de la persistance d’une crise profonde du logement aux conséquences à la fois économiques et sociétales » s’alarme le président de l’OIP, Grégoire Charpentier, le président de l’OIP et par ailleurs Vice-président de l’AR-HLM Provence Alpes Côte d’Azur et Corse.
Immobilier : la chute « abyssale » des ventes dans le neuf
Dans le neuf, « la chute abyssale des mises en vente (-68% en moyenne dans le Var et les Bouches-du-Rhône) affecte la viabilité des projets immobiliers et donc la capacité de nos territoires à répondre aux besoins croissants en logements. Ces difficultés, amplifiées par un contexte économique et politique incertain, exigent de nouvelles réponses collectives, bien au-delà des quelques mesures favorables au logement contenues dans la loi de finances pour 2025 » appelle de ses voeux Grégoire Charpentier.
Le logement social ne va pas mieux : « La production de logements sociaux est elle aussi hélas insuffisante, affectée par le faible nombre d’opérations portées par les promoteurs immobiliers. Avec un peu plus de 6 000 logements agréés en 2024 en Provence Alpes Côte d’Azur, la production ne peut résorber le flux de demandeurs de logements qui ne cesse d’augmenter (240 000 demandeurs en région Paca, dont 104 000 dans la seule métropole Aix Marseille Provence).»
Du côté de la promotion immobilière, la Fédération des promoteurs immobiliers de Provence estime qu’après « le temps de la baisse de tous les indicateurs, vient celui du décrochage dans tout le département.»
Les ventes de maisons individuelles sont particulièrement affectées par la crise « avec des chiffres devenus faméliques,» au niveau national comme régional. Ainsi les ventes nationales de maisons individuelles s’affichent à 49 300 sur un an à fin juillet 2024.
Dans la région, au début des années 2000, « nous construisions plus de 1000 maisons neuves par mois ; dans les années 2010 nous construisions environ 500 maisons neuves par mois. L’année prochaine, nous construirons environ 200 maisons neuves par mois. Y a-t-il cinq fois moins de nouvelles familles à loger actuellement ? Dans les Bouches-du-Rhône, les autorisations de construction de maisons affichent – 26% entre le 1er semestre 2024 et celui de 2023 (moyenne nationale – 43%) » pointe le Pôle Habitat de la FFB (Fédération française de l’habitat).
L’organisation appelle ici aussi à des mesures fortes pour redresser la situation comme de « rebrancher d’abord les dispositifs qui existent et qui ont fait leur preuve : pour soutenir la primo- accession et pour soutenir l’investissement locatif privé (type PTZ, ndlr). Ensuite, faciliter les transmissions familiales pour aider les jeunes ménages à constituer leur apport personnel. Enfin, faire glisser les étapes à venir de la RE 2020 afin de ne pas renchérir à nouveau le prix des logements neufs. »
Une éclaircie : légère reprise dans l’ancien mais…
La seule lueur d’espoir à ce stade réside dans le logement ancien. Ce marché « sort timidement la tête de l’eau, bénéficiant de la baisse notable des taux d’intérêt et de la volonté des ménages de concrétiser des projets longtemps repoussés. » La Faim prévoit pour 2025 « une légère augmentation des ventes et une stabilisation des prix après une baisse moyenne de 5 %. Environ 850 000 transactions sont prévues pour 2025, soit une hausse de 7 % par rapport à l’année précédente. »
Mais ces espoirs pourraient être une nouvelle fois balayés par le contexte d’instabilité politique qui frappe le pays. Cette semaine a encore apporté son lot de bouleversements avec l’arrêt du dipositif MaPrimerénov’.
Un changement de cap qui ne passe pas inaperçu à l’OIP : « Après le blocage budgétaire de début 2025, voilà maintenant le spectre d’un gel total de MaPrimeRénov’ pour le second semestre. C’est incompréhensible et inadmissible ! La FFB s’y oppose avec force : un tel gel casserait la dynamique de décarbonation engagée, désorganiserait les entreprises du bâtiment et découragerait les ménages. C’est tout l’écosystème de la rénovation énergétique qui serait réduit à néant. » N’en jetez plus.
Document source : l’ensemble des données collectées par l’OIP
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