Les co-gestionnaires (Yes we camp, le groupe SOS Solidarités et Plateau urbain) de Coco Velten peuvent souffler… mais pas pour longtemps. Le tiers-lieu du quartier Belsunce à Marseille, qui attendait le renouvellement de son bail avec la préfecture des Bouches-du-Rhône, avant le 31 décembre, se voit accorder une prorogation d’un an« au maximum » par l’Etat. Mais le propriétaire des lieux attend une proposition de rachat (lire l’intégralité du communiqué au bas de l’article.) L’opération avait été initiée dans le cadre du Lab Zéro lancée par la préfecture, avec comme modèle d’inspiration de Coco Velten l’opération des Grand voisins menée à Paris par Yes We camp, Plateau urbain et Aurore.
Coco Velten est « un laboratoire d’innovation en politiques publiques » explique l’association Yes we campqui réinvente temporairement l’utilisation des lieux urbains. Depuis 2019, les 4 000 mètres carrés de l’espace sont cogérés par Yes We Camp qui assure la coordination, la restauration et les activités culturelles, le groupe SOS Solidarités qui accueille 80 sans-abris et la coopérative Plateau urbain qui propose des espaces de travail à 40 entreprises de l’économie sociale et solidaire (ESS). Ainsi, la cohabitation permet de valoriser le patrimoine public tout en trouvant une vocation sociale utile.
Plusieurs pistes de développement envisagées
« Le budget total de Coco Velten est de 650 000 euros » indique à Gomet’ Elsa Buet, la responsable de la programmation artistique du lieu. « Pendant trois ans, 40% de nos financements provenaient des subventions publiques et 60% d’autofinancements. Nous tenons à garder un modèle hybride à l’image de nos activités. »
Depuis trois ans, le tiers-lieu bénéficie d’une aide de l’État qui n’est pas encore validée pour 2022. « Nous sommes en attente d’une subvention de 100 000 euros de la Préfecture. Mais rien n’est fait pour le moment. » confie la responsable. En plus de cette aide, les membres de l’association répondent à quelques appels à projets et bénéficient de subventions de la Direction régionale des affaires culturelles (Drac) à hauteur de 20 000 euros. Pour attaquer 2022, les équipes de Coco Velten sont « en discussion avec le service culturel du Département des Bouches-du-Rhône pour financer des postes » témoigne Elsa qui souhaite « cibler plus spécifiquement les fonds culturels » par le biais des concerts et festivals organisés par le lieu.
L’espace draine également « des contributions aux charges » de la commercialisation des espaces de travail via Plateau Urbain et des hébergements sociaux via SOS Solidarité. En outre, les recettes des privatisations d’entreprises, de collectivités et associations sont un revenu constant pour faire vivre les locaux, tout comme la cantine,« qui trouve seulement son équilibre financier depuis 2021 » explique Elsa. L’activité de restauration pourrait ainsi dégager des recettes d’ici quelques mois.
L’autre piste envisagée est le mécénat. Pendant la crise sanitaire, la Fondation de Marseille sous l’égide de la fondation de France, a reversé 40 000 euros de dons à Coco Velten pour ses activités alimentaires. « Une aide non négligeable notamment soutenue par l’artiste Jean-Jacques Goldman » explique Elsa Buet.
Le rachat immobilier sur le modèle de l’Après-M ?
Dans son communiqué, la préfecture est claire. « Tout doit être mis en œuvre dans ce délai pour vendre le bien et travailler dans cette perspective avec les parties intéressées et en premier lieu la ville de Marseille. » Comme Gomet’ l’avait évoqué lors de la présentation du bilan de l’activité de Coco Velten, les associations envisagent un rachat citoyen de l’immeuble à l’État. « Avec la Ville de Marseille, nous avons l’ambition commune de pérenniser Coco Velten et de permettre ce rachat citoyen » rappelle Elsa Buet. Sur le modèle de l’Après M : la Ville de Marseille rachèterait le bâti pour permettre ensuite aux citoyens de le racheter sous forme de Société coopérative d’intérêt collectif (SCIC).
« Travailler en premier lieu avec la Ville de Marseille»
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