Lauréate de l’appel projets des zones industrielles bas carbone (Zibac) dans le cadre de France 2030 depuis janvier, l’association Piicto a présenté le programme « Syrius » (Synergies régénératives industrielles sud) devant 170 personnes au sein de la Villa Khariessa à Martigues lundi 3 avril. L’association, gestionnaire de la plateforme industrielle et innovante du Caban-Tonkin, a travaillé avec Novachim et Capenergies pour proposer un projet d’une trentaine d’études aux industriels afin de réfléchir aux« trajectoires de décarbonation » entre Fos-sur-Mer et Gardanne, une zone responsable de 25% des émissions industrielles françaises (18 MtCO2).
« On a voulu marquer le coup et rappeler l’approche méthodologique des études et les objectifs aux partenaires et aux élus », explique Nicolas Mat, le secrétaire-général de l’association Piicto et responsable du programme Syrius, contacté par Gomet’. Le projet coordonné par Piicto regroupe les principaux industriels de la Zone industrialo-portuaire de Fos, du pourtour de l’étang de Berre jusqu’au bassin de Gardanne, ainsi que des acteurs de la logistique.
Près d’un tiers des études de Syrius déjà lancé
Pour accompagner ces industriels, le projet Syrius a ciblé une trentaine d’études. Ces recherches sont cofinancées à parts égales entre l’Ademe et une quarantaine d’industriels partenairespour 9 millions d’euros. Piicto affirme en avoir déjà lancé huit dont la compréhension des besoins énergétiques entrants et sortants sur la zone, la revalorisation de gisements de chaleur fatale, l’optimum du système hydrogène pour le transport et le stockage, l’identification des sources de CO2 pour le capter et le valoriser et l’optimisation du cycle de l’eau.
Après avoir rappelé les contours des premières études, Piicto a organisé deux tables rondes avec les industriels pour échanger leurs étapes de décarbonation et/ou leur stratégie à venir. « Certains industriels ont déjà bien avancé sur leur stratégie. Mais ceux qui sont en train d’y réfléchir ont besoin de les travailler en intersites. D’où notre démarche d’avoir réuni des sidérurgistes, cimentiers, énergéticiens, logiciens sur cette journée », explique Nicolas Mat.
Les SAF (sustainable aviation fuel) : un enjeu fort pour l’aviation et le maritime
Autour de la table, Romain Wino, le directeur RSE de l’aéroport AMP, était également présent pour « témoigner de l’intérêt de l’aéroport pour les SAF », explique Nicolas Mat. Les SAF – sustainable aviation fuel ou les Carburant d’aviation durable (CAD) en français – sont des biocarburants permettant de réduire l’empreinte carbone des avions ou des navires. Les SAF représentent jusqu’à – 90% d’émissions de GES par rapport au kérosène, selon les chiffres de Romain Wino. « Les SAF seront amenés à remplacer le kérosène car ce biocarburant ne nécessite pas de modifier les moteurs. Vous pouvez avitailler les avions à 50% avec du SAF, sans bon technologique. », précise-t-il.
Rencontré en marge de la visite de la construction du futur téléphérique reliant la gare de Vitrolles à l’aéroport le 4 avril, le géographe de formation indique que le SAF est particulièrement intéressant lorsqu’il est produit localement et pour une consommation locale. « Si on achemine le SAF en camion ça n’a plus de sens écologique », souligne le spécialiste. Il vante ainsi les mérites d’un SAF produit à partir d’hydrogène qui permettrait de réduire davantage les émissions de carbone.
En tant que représentant des industriels de la région, Nicolas Mat confirme l’intérêt plus global pour une production locale de SAF.« Il y aurait un grand intérêt à produire ce SAF dans la région pour les industriels de l’aviation ou du maritime», souligne-t-il. Sur la centrale thermique de Gardanne, le projet Hynovera de Hy2gen y travaille déjà après quelques années de R&D. Mais l’industrialisation n’a pas encore débuté.
Au-delà de l’enjeu industriel, la décarbonation de l’industrie doit intéresser les élus, explique le secrétaire général de Piicto. « Cet enjeu vient créer de nouvelles filières car il implique de fortes transformations des savoir-faire et donc de l’emploi. Et cette mutation doit s’accompagner d’une logique territoriale de formation », conclut-il.
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