Jean Claude Capuono est expert-comptable du Cabinet Crowe Ficorec, notre partenaire ; il a été trésorier de la Compagnie des commissaires aux comptes et a développé Ficorec, désormais managé par son fils Mathieu. Il réagit aux résultats semestriels de notre baromètre.
Ma première réaction est qu’il y a des poids lourds et des poids légers. Les deux leaders Provepharm et Émergence thérapeutique a deux ont plus de 200 millions€ et il faut comprendre dans ces levées, du crédit et du capital. Le secteur de la santé prédomine largement et capte la majorité des fonds. Vient ensuite le secteur de l’environnement, les cleantech. Mais les montants sont relativement petits : il faut réunir un tour de table complexe et nombreux pour parvenir à deux millions d’euros d’investissement : c’est plutôt faible
Mon deuxième constat est que toutes ces levées sont très éparpillées, les montants sont objectivement faibles. Au niveau national, on voit des levées de fonds qui se chiffrent en dizaines ou en centaines de millions d’euros, pour des sociétés de logiciel de comptabilité des experts-comptables par exemple. Les fintech et le digital sont aujourd’hui les secteurs privilégiés des financeurs alors que les autres secteurs ont du mal à lever des montants significatifs qui leur permettraient d’accéder plus vite au marché et à la rentabilité.
La santé et l’environnement se développent sur un cycle long. Il faut du temps et de l’argent pour mettre un produit sur le marché et pour atteindre la rentabilité. Pour introduire une molécule sur le continent américain, il faut 100 millions de dollars. Dans la santé il y a de moins en moins de place pour les petits !
S’agit-il de la connexion à un Nouveau monde ou de la déconnexion du monde ?
Jean-Claude Capuono
Troisième constat les levées de fonds massifs que l’on voit interrogent. Il y a dans l’e-commerce des valorisations et des tours de table en dizaines ou centaines de millions d’euros : s’agit-il de la connexion à un Nouveau monde ou de la déconnexion du monde ? Je laisse chacun réfléchir à cette vision de l’économie.
Enfin, au risque de choquer, je dirais que les investisseurs financiers prennent peu de risques, qu’ils privilégient les sociétés en développement et qu’il y a en fait peu de financements pour la recherche et les vraies start-up. Les financiers ont semble-t-il un besoin de sécurisation de leurs investissements et cela se fait au détriment du risque et de l’innovation.
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