La décarbonation au coeur de la journée à l’Elysée. De retour de Charm El-Cheikh, le président de la République reçoit au palais présidentiel à 15 heures les managers des 50 sites industriels français qui émettent le plus de gaz à effet de serre ainsi que des porteurs de solutions décarbonées. Le constat est simple: l’industrie à elle seule produit 20 % de nos émissions de gaz à effet de serre.
Le Président s’est engagé à accélérer et doubler le rythme de réduction des émissions de gaz à effet de serre dans le quinquennat qui vient. Plutôt que de disperser les efforts, le gouvernement va focaliser sa stratégie sur les 50 sites industriels qui sont les plus fortement émetteurs et qui représente à eux seuls la moitié des émissions de l’industrie, 54% exactement selon l’Élysée.
Il y a évidemment un enjeu d’emploi, car ces entreprises risquent d’être disqualifiées d’une part par leurs clients, d’autre part par la taxe carbone. Cette taxation plafonnait jusqu’à ces derniers temps à 15 euros par tonne de CO2. Le prix de marché du carbone, à mesure que la transition s’accélère et que le nombre des quotas se réduit, augmente et atteint les 80 euros à 90 euros par tonne de CO2. Pour les gros acteurs et donc gros émetteurs de gaz à effet de serre, la taxe carbone trouve enfin son effet dissuasif et contraint les industriels à repenser leur process. Il devient plus économique dans le moyen terme d’investir dans la rénovation du process de production et dans sa décarbonation, que de payer indéfiniment des taxes dont le montant ne cesse de croître. La pédagogie du porte-monnaie fonctionne.
Taxe carbone : un mécanisme d’ajustement aux frontières
Le président de la République veut ajouter à cette nécessaire mutation une stratégie et certainement des financements conséquents. Car les grands opérateurs mondiaux pourraient avoir la tentation évidente d’installer leurs unités de production dans des pays non européens et moins exigeants. Une première protection vient de la décision arrachée de haute lutte de protéger nos frontières industrielles avec la mise en place du mécanisme d’ajustement carbone aux frontières. Les entreprises qui investissent en France et en Europe ne seront plus soumises à une concurrence déloyale des produits qui viendraient de grandes régions d’Asie ou d’Amérique du Nord et qui n’auraient pas les mêmes exigences environnementales que les nôtres.
Région Sud : six sites concernés
Les niveaux d’investissement pour la décarbonation se chiffrent en milliards d’euros. Une unité sidérurgique doit intégralement changer ses hauts fourneaux, une cimenterie, unité fortement émettrice de gaz à effet de serre doit intégralement transformer son process. Dans notre région Sud, six sites industriels sont mentionnés dans le tableau officiel divulgué le 7 novembre . La discussion en haut lieu a dû être délicate puisqu’entre le premier communiqué et ce tableau d’aujourd’hui, les raffineries Petroineos filiale d’Ineos et Petrochina à Lavera ont disparu de la liste. Une sélection qui semble judicieuse puisqu’il serait paradoxal de financer la modernisation du traitement des énergies fossiles.
Seront donc à l’Élysée ce mardi 8 novembre les dirigeants de
- ArcelorMittal pour le site de Fos-sur-Mer
- Naphtachimie pour le site de Lavéra à Martigues
- LyondellBasell pour le site de Berre (Usine chimique de l’Aubette)
- Lafarge Ciments pour le site de La Malle
- Air Liquide Hydrogènepour le site de Lavéra
- Et pour la Côte d’Azur la cimenterie Vicat avec son site de Peille.
Cette réunion est la première étape de la très attendue « planification écologique pour l’industrie ».
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