C’est une nouvelle que les riverains attendaient avec impatience. Le groupe LafargeHolcim inaugure vendredi 29 avril, sur son site de La Malle (Bouc-Bel-Air), sa toute dernière acquisition : un équipement de filtration des rejets de fours cimentiers. Cette pièce « dernière génération » de 25 mètres de haut pour 200 tonnes d’acier, commandée en avril 2021 auprès de l’entreprise Boldrocchi, a mobilisé une centaine d’ouvriers pendant six mois – sa conception a même nécessité deux années d’études techniques. Un temps annoncé à 4,5 millions, le montant global de cette installation avoisine plutôt les 5 millions d’euros. « Le coût des matériaux a augmenté depuis l’année dernière », justifie Pascal Baudoin, le directeur du site.
Désormais opérationnel, le « filtre à manches » installé sur le four n°2 doit permettre à la cimenterie de réduire ses émissions de poussières (objectif -90% par rapport à 2020), et de dioxyde de soufre (SO²), responsables des mauvaises odeurs. « Cette usine fonctionne avec une dérogation depuis 60 ans », reconnaît Pascal Baudoin. Il assure que la structure industrielle rentrera rapidement dans les clous européens (400 mg/m³ de dioxyde de soufre maximum), et pourra se passer de dérogations « d’ici juin 2023 au plus tard ». Avec cette nouvelle installation, le groupe LafargeHolcim veut avant tout mettre fin aux polémiques et rassurer la population.
Dans la tourmente depuis plusieurs années, la cimenterie de La Malle a souvent fait l’objet de protestations : dépôts de plaintes de riverains, courriers des maires, mise en demeure de la préfecture etc. En attendant les premiers résultats du filtre, tout juste installé, le groupe LafargeHolcim espère que cette acquisition symbolique va apaiser les tensions. L’inauguration du filtre à manches de Bouc-Bel-Air s’inscrit dans une politique globale de neutralité carbone à l’horizon 2050.
Depuis 2019, l’usine a investi 16 millions d’euros pour « l’amélioration de l’empreinte environnementale de ses installations ». Elle n’utilise d’ailleurs plus de ciments traditionnels (CEM1), composés à 95% de “clinker” – une poudre de calcaire cuite à 1400-1500°c. Lafarge assure que sa nouvelle gamme de ciments “bas carbone” affiche une réduction de 35% à 65% des émissions de CO². La production actuelle est de 750 000 tonnes de ciment par an.
Une station permanente pour un suivi des émissions « en toute transparence »
En 2021, Lafarge a financé une campagne de mesure de la qualité de l’air menée par Atmosud (180 000 euros). Cette étude a démontré « l’absence de danger pour la santé des riverains », signale la direction de l’usine. Lafarge souhaite désormais « participer activement au déploiement d’une station pérenne de contrôle de la qualité de l’air, portée par la Métropole Aix-Marseille-Provence ». Cet outil prévu pour la fin 2022 devra déterminer l’impact environnemental réel de la cimenterie, au regard des autres sources d’émissions sur cette zone industrielle et commerciale où le trafic routier est particulièrement dense. La direction de Lafarge participera aux réunions de suivi d’activité avec l’État, les collectivités locales, les riverains et les salariés.
Un passage aux argiles calcinées pour émettre encore moins de CO²
LafargeHolcim souhaite utiliser d’autres minéraux que le calcaire – sa carrière s’étend sur Simiane et Septème. Comme l’argile, moins soufrée, et qui nécessite une température de cuisson inférieure (700-800°). Un premier test au liant hydraulique a été réalisé en 2020 à Bouc-Bel-Air. Devant le succès de cette expérimentation, le groupe a financé à hauteur de 40 millions la conversion aux argiles calcinées d’une première usine située à Saint-Pierre-la-Cour, en Mayenne.
Il faudra 6 millions d’euros pour adapter la cimenterie de La Malle aux argiles calcinées ; ce que compte faire Lafarge d’ici la fin d’année. Elle vise une production d’un million de tonnes de ce nouveau ciment “EcoPlanet”. En revanche, l’argile à extraire se trouve un peu plus loin – principalement à Bellegarde, dans le Gard.
Le groupe promet également à cette date la mise en place d’une station de carburants verts située devant l’usine de La Malle. Des bornes de recharges électriques seront notamment accessibles aux riverains. En lieu et place des carburants traditionnels, l’usine compte distribuer et utiliser du gaz naturel comprimé (GNC), « pour la décarbonation du transport routier », puis de l’hydrogène d’ici quelques années.
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