C’est officiel : la phase de dialogue exclusif entre la CMA CGM et le groupe Stef, actionnaire de La Méridionale, la Compagnie méridionale de navigation, s’est achevée le 31 mai 2023 par le transfert de propriété et la prise en main sans barguigner de la compagnie. Les 600 salariés de La Méridionale rejoignent les 155 000 agents de CMA CGM.
Pas de période d’observation ou d’attentisme pour les stratèges de la CMA CGM. Un homme de confiance du président, Jean-Emmanuel Sauvée, ancien président d’Armateurs de France et co-fondateur du Ponant, qui fut visible lors de l’acquisition de La Provence devient président du conseil d’administration de la Méridionale. Hugues Houzé de l’Aulnoit, 53 ans, qui travaille depuis huit ans et demi pour le groupe, devient le directeur général de La Méridionale. Il connaît très bien le port de Marseille puisqu’il était manager de Med Europe Terminal et de Marseille Manutention. Il est remplacé à la tête de Med Europe par Stéphanie Le Nir.
La Méridionale avec CMA CGM : priorité à la Corse
La stratégie est tracée : priorité à la Corse avec, lit-on dans le communiqué ,« Une volonté affirmée de participer au rayonnement de la destination Corse et au renforcement par l’emploi et la formation de la filière maritime française ». Deux navires sont déjà en commande : deux nouveaux bateaux propulsés au GNL, et en capacité de fonctionner au méthanol : « ils seront en mesure de réaliser des opérations sans émission de CO2 lors de leurs escales, et remplaceront les navires plus anciens sur la ligne reliant la Corse à Marseille et ainsi contribuer à la préservation de l’environnement entre l’île et le continent. » Livraison attendue en 2026.
La Méridionale a vocation à former l’un des premiers « corridors verts » en Méditerranée.
Jean-Emmanuel Sauvée
Des deux côtés de la traversée le Groupe CMA CGM va investir pour améliorer les performances de la Compagnie. À Marseille, les navires plus silencieux et plus confortables bénéficieront d’un “accueil des passagers à l’embarquement à Marseille repensé”, avec un renouvellement des équipements de télécommunications à bord et un renforcement de l’offre e-commerce.
CMA CGM encourage les vocations maritimes en Corse
Côté corse, La Méridionale se positionne dans les activités de tour-operating pour « un tourisme durable ». Côté insulaire toujours, la CMA CGM soigne son implication sur l’Île. Dans une interview à Corse Matin (propriété de CMA CGM), Jean-Emmanuel Sauvée confirme : « Notre stratégie consiste à faire de cette desserte maritime l’une des plus vertueuses, au service des Corses, de la collectivité de Corse et des touristes qui se rendent sur l’île. Nous comptons bien inscrire cette stratégie dans le long terme ». Rappelons que c’est l’Assemblée de Corse qui vote l’attribution de la délégation de service public maritime.
La DSP en cours va de 2023 à 2029 avec un partage des lignes entre Corsica Linea et La Méridionale. La collectivité de Corse met chaque année 106,7 millions d’euros pour la continuité territoriale. La concurrence est rude et nombre d’élus indépendantistes notamment souhaitent la création d’une compagnie publique. CMA CGM s’engage à développer un partenariat avec le Lycée maritime et aquacole de Bastia, en offrant accès à un premier emploi à la fin de leur cursus aux jeunes marins corses. La Méridionale mettra en place un projet de promotion permettant aux membres du personnel d’exécution d’accéder aux fonctions d’officiers grâce à la validation des acquis de l’expérience et de programmes spécifiques de formation maritime. Des perspectives de carrière seront aussi offertes aux jeunes officiers pour des navigations au long cours au sein de la flotte CMA CGM.
Dans l’organigramme de CMA CGM, La Méridionale intègre une nouvelle division consacrée au transport maritime spécialisé. « dont l’ambition est notamment de transporter de manière plus durable les marchandises comme les passagers ». Jean-Emmanuel Sauvée prend un poste fonctionnel à la tête de cette entité qui réunit la nouvelle activité de transport de voitures par bateau, la participation au capital de Brittany Ferries, la participation dans Néoline, société nantaise qui développe le premier navire roulier à voile.
Quid du Maghreb ?
Le communiqué n’évoque pas la destination Tanger qui a connu des débuts chamboulés par le Covid et qui n’a pas encore trouvé son modèle économique. L’objectif premier est dans l’immédiat d’assurer une belle saison estivale sur la Corse et de donner des gages d’implication à la Collectivité de Corse. Mais le Maghreb, en cohérence à l’investissement africain du groupe, n’est pas abandonné. À nos confrères de Corse Matin, Jean-Emmanuel Sauvée confie que La Méridionale « a peut-être mal amorcé son internationalisation, notamment en direction du Maghreb ».
Trouver la bonne formule pour rendre la ligne Marseille Tanger rentable
Jean-Emmanuel Sauvée
« Les lignes majeures de la compagnie, précise-t-il, ce sont aujourd’hui Marseille-Ajaccio et Marseille-Porto-Vecchio. Puis il y a une troisième ligne qui est Marseille-Tanger. Cette ligne n’a pas rencontré le succès escompté. Nous espérons bien, même s’il nous faut un peu de temps, pouvoir redresser les résultats de cette ligne parce que nous sommes convaincus qu’il y a quelque chose d’intéressant à faire entre la France et le Maroc en évitant le passage par les routes espagnoles. Les anciens actionnaires n’ont pas trouvé la bonne formule pour rendre cette ligne rentable mais nous allons y travailler. »
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