Les entreprises ont jusqu’au 15 novembre 2021, à 12 h 30 pour répondre à l’Avis d’appel public à la concurrence de la Métropole sur la « Réalisation d’un diagnostic du potentiel de désimperméabilisation sur le territoire de la Métropole Aix-Marseille-Provence ». Un marché et un chantier en deux phases de six mois chacune qui s’étalera sur 2022 animés par Didier Réault,Monsieur Gemapi à la Métropole, délégué au cycle de l’eau.
La phase un doit permettre de rassembler le « socle de connaissance utile à la définition du potentiel de désimperméabilisation. » Le texte de la consultation est sévère : « Marseille est l’une des villes qui a le moins d’espaces verts par habitant, avec 9 m²2 en moyenne. Marseille est également la ville de France la plus polluée aux particules fines.
Redonner de la visibilité aux cheminements de l’eau en ville et gérer les eaux pluviales à la source est un objectif majeur de la Métropole Aix Marseille. À cet effet, le service GEMAPI de la Métropole travaille avec les autres services métropolitains à une politique de « ménagement » du territoire conciliant notamment développement urbain (meilleure intégration du risque d’inondation dans l’aménagement de son territoire et dans les documents d’urbanisme), prévention des inondations (gérer les ouvrages de protection et gérer la crise auprès des communes par un suivi hydrométéorologique et une expertise temps réel) et préservation des milieux remarquables en particulier aquatiques (assurer l’écoulement des eaux, gérer les zones d’expansion des crues, préserver les zones humides, restaurer la qualité des milieux). »
La seconde phase doit fournir à la Métropole Aix Marseille Provence, un outil d’évaluation et d’aide à la décision en effectuant :
- La cartographie des zones susceptibles d’être désimperméabilisées, en détaillant et en classant toutes leurs caractéristiques (géologiques, topographiques, typologie des sols et sous-sols, présence des nappes, usages, maîtrise foncière, à enjeux urbanistiques et techniques, à enjeux naturels, à enjeux vis-à-vis du risque inondation par débordement et de cours d’eau et par ruissellement, autres risques, à enjeux environnementaux, de biodiversité et écologiques…
- Un classement par la définition de critères, des zones potentielles de dés imperméabilisation en les déclinant à l’échelle des conseils de territoire et des communes. Ce classement sera basé sur la définition d’une stratégie métropolitaine, qui permettra à chaque collectivité de se fixer un objectif chiffré de surface désimperméabilisée à un premier horizon 2025.
La consultation a surpris dans le monde de l’environnement tant, jusqu’alors, les travaux d’aménagements urbains sous responsabilité métropolitaine comme la Canebière ou le centre-ville de Cassis prennent peu en compte les questions de ruissellement des eaux avec les résultats que l’on a connu lors des derniers épisodes cévenols. Didier Réault (1) s’en explique pour Gomet’.
Pourquoi lancer cette étude et cette cartographie de la Métropole ?
Didier Réault : Sont en jeu dans cette étude la diminution du ruissellement, la non imperméabilisation et la désimperméabilisation La nouveauté est de nous doter d’une cartographie, de classer les zones et de partager des objectifs chiffrés. Nous travaillons avec les communes et nous devons partir d’un état des lieux et d’une feuille de route communs.
« L’eau doit s’infiltrer au plus près de là où elle tombe. »
Didier Réault
Des travaux sous l’autorité de la Métropole à Marseille n’ont pas pris en compte cet impératif de desimperméabilisation…
D. R. : Sur la Canebière ou les autres sites urbains, c’est plus complexe. La maîtrise des eaux se fait sur les bassins-versants, les infrastructures pluviales ne peuvent pas tout. C’est en amont qu’il faut concevoir la protection contre les inondations. Dans les années soixante ou 70, on a largement imperméabilisé, détourné, muré les cours d’eau sans voir que ces « protections » en béton ne faisaient qu’accélérer les risques. Nous sommes aujourd’hui tous convaincus du principe que « l’eau doit s’infiltrer au plus près de là où elle tombe. » Cela semble évident aujourd’hui, ça ne l’était pas hier !
Au-delà de la cartographie, comment la Métropole va-t-elle intervenir sur ces zones à désimperméabiliser ?
D. R. : La Métropole a depuis 2018 la compétence Gemapi, on a largement augmenté les budgets depuis l’année dernière, on est passé de 5 millions d’euros à 20 millions d’euros. On a une compétence complètement métropolitaine et quand on a une compétence claire, on avance plus vite. Nous avons des moyens avec un budget spécifique issu de la taxe Gemapi de 130 millions sur quatre ans.
La desimperméabilisation semble un travail de romain quand on observe la densité des hypercentres. Y a-t-il des marges de manœuvre dans les zones denses ?
D. R : Il y a toujours des possibilités. Les cours de collège par exemple, peuvent être désimperméabilisées. Avec le Département, nous lançons une expérimentation sur six collèges qui risquent d’être impactés parce qu’ils sont près des cours d’eau. Mais l’enjeu n’est pas que dans les hyper centres, la prévention du risque inondation se fait en amont et ne se fait pas en bout de chaîne. Il faut améliorer la qualité écologique et hydrologique des eaux et réduire les ruissellements.
« Il faut travailler les esprits : c’est mon job.»
Didier Réault
Les communes, les maires sont en première ligne comment travaillez-vous avec eux ?
D. R : À chaque action, les maires sont associés, on s’appuie sur les syndicats de bassins-versants qui connaissent très bien les cours d’eau et c’est important pour les PLU. Les syndicats de bassin-versant vont devenir des établissements publics d’aménagement et de gestion de l’eau. Ils regroupent industriels, agriculteurs, associations et communes. Nous cherchons des solutions partagées qui seront financées par la taxe Gemapi, les subventions de l’Agence de l’eau ou de la Commission nationale des inondations.
On va accélérer ! Les maires ont naturellement des objectifs de développement économique ou d’aménagement qui peuvent entrer en contradiction avec la feuille de route de desimperméabilisation.« Il faut travailler les esprits : c’est mon job.
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(1) Didier Réault (LR) est également 17e vice-président de la Métropole délégué à la Mer, au Littoral, au Cycle de l’eau, à la Gemapi, membre du bureau de la Métropole, conseiller municipal de Marseille, vice-président du Conseil départemental des Bouches-du-Rhône.