Le 4 octobre dernier, Marseille connaissait un épisode pluvieux sans précédent, reconnu comme catastrophe naturelle. Afin de faire face à ce type d’événements, la Métropole met sur la table 205 millions d’euros pour repenser la gestion de l’eau sur le territoire métropolitain et les 92 communes qui le composent. Sur ce budget global, 58 millions seront financés par l’Agence de l’eau Rhône Méditerranée Corse, dans le cadre d’un contrat tripartite signé entre cette dernière, l’Etat et la Métropole, jeudi 21 octobre.
Le contrat comprend ainsi 130 actions, réparties en quatre grandes orientations stratégiques : la lutte contre les pollutions domestiques et industrielles, l’adaptation du territoire aux enjeux du changement climatique, la communication des actions portées par le contrat, et la gestion intégrée du grand cycle de l’eau. C’est dans cet axe que s’inscrit la refonte du système de traitement des eaux de la Métropole. Le principal apport de ce contrat sera de «déconnecter» la gestion des eaux de pluie, en faisant en sorte qu’elle arrive le moins possible dans les réseaux. Explications.
Désimperméabiliser les sols, « la plus grande opération des dix ans à venir »
« Nous allons connaître des épisodes pluvieux de plus en plus violents », s’inquiète Martine Vassal. La Ville de Marseille est dotée d’un réseau de 2000 km pour acheminer ses eaux usées et eaux de pluies, dont 350 km en centre-ville. Une partie de ces eaux est traitée dans la station d’épuration Géolides, construite en 2001, puis le reste est rejeté à la mer, notamment dans la calanque de Cortiou. Or, en cas de grosses intempéries, les eaux usées sont directement rejetées à la mer … sans passer par la case station d’épuration.
En 2017, le bassin Ganay est construit aux abords du stade du même nom, dans le huitième arrondissement de Marseille, en complément de la station Géolides, aux capacités rapidement dépassées. Un projet à 50 millions d’euros financé par l’Agence de l’eau à hauteur 21,6 millions d’euros, et aujourd’hui géré par la Seramm, filiale du groupe Suez. A ce jour, le bassin peut recueillir 50 000 mètres cube d’eau. Malgré cela, les capacités de stockage ont largement été dépassées le 4 octobre dernier : « Il faudrait dix bassins comme celui de Ganay pour contenir tout ce qui est tombé ce jour là !», s’exclame Didier Réault, conseiller métropolitain délégué au cycle de l’eau.
Le bassin de rétention Ganay, en amont de la #STEP Géolide, permet de traiter les #eauxusées et pluviales. Il évite chaque année le déversement de 1 million de m³ d’eaux usées non traitées dans la mer. Il a bénéficié d’un financement de 21,6 M€ de la part de l’agence de l’eau. https://t.co/kxbirqO2MX pic.twitter.com/DwimsY5JrR
— Sauvons l’eau (@SauvonsLeau) October 21, 2021
C’est pourquoi la Métropole souhaite désormais construire de nouveaux bassins, mais surtout créer un réseau d’eau « déconnecté», qui permette de capter l’eau avant qu’elle n’arrive dans la tuyauterie souterraine. Comment ? La désimperméabilisation des sols, par exemple, est une solution envisagée par la Métropole et ses partenaires, pour permettre l’absorption des eaux de pluie par un sol non bétonnisé. Il s’agit d’ailleurs de « la plus grande opération des dix ans à venir», souligne la présidente de la Métropole. « Une urgence», insiste pour sa part Laurent Roy, directeur de l’Agence de l’eau, car « si l’eau de pluie n’est pas polluée en soi, elle ruisselle sur le béton et se charge en polluants, avant de finir dans le réseau unitaire marseillais, puis dans la mer ». Le contrat prévoit aussi la réhabilitation de cinq stations d’épuration pour assurer leur mise en conformité, à Sénas, Charleval, au Frioul, à Marignane et enfin à Châteauneuf Le Rouge.
Une mer moins polluée à l’approche des JO 2024
Une échéance en particulier semble mettre un coup d’accélérateur dans la volonté des autorités : celle des Jeux olympiques de 2024, au cours desquels Marseille sera mise sur le devant de la scène pendant les épreuves en mer… d’où la nécessité de préserver la propreté de cette dernière. Pour ce faire, Martine Vassal mise sur un axe stratégique : la remise en eau de l’Huveaune, qui traverse six communes de la Métropole (Saint-Zacharie, Auriol, Roquevaire, Aubagne, La Penne-sur-Huveaune, et Marseille) avant de se jeter dans la Méditerranée. Durant les dernières intempéries, le cours d’eau en crue avait en effet charrié un flux impressionnant de déchets en tous genres sur les plages du Prado, à Marseille. La présidente de la Métropole souhaite ainsi « retraiter l’eau en sortie de l’Huveaune, avant qu’elle n’arrive à la mer », projette-t-elle. Cette remise en eau vient compléter le projet de « restauration écologique » déjà annoncé par la Métropole, qui implique notamment la création d’une voie verte le long des berges du fleuve.
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