Alors que la crise sanitaire de la Covid-19 replace la santé au coeur des préoccupations de la population et des acteurs publics, l’Agence d’urbanisme de l’agglomération marseillaise organisait, mercredi 4 mai, une rencontre en collaboration avec l’Agence régionale de santé Provence Alpes Côte d’Azur sur la thématique Urbanisme et santé : Bien vivre en ville au centre de conférence La Coque à Marseille.
Une opportunité pour les agences de présenter au public leurs travaux sur l’urbanisme favorable à la santé (UFS) et d’échanger avec d’autres acteurs du territoire impliqués dans cette problématique. Une table ronde pilotée par Frédéric Brossard, directeur général de l’Agam, en présence de Laure-Agnès Caradec, Présidente de l’Agam, Sébastien Debeaumont, directeur général adjoint de l’ARS, Emmanuelle Charafe, vice-présidente de la métropole déléguée à la santé et Jérôme Marciliac, chef de service de rénovation urbaine de la Métropole. L’occasion aussi d’approfondir le sujet avec le témoignage de Simon Davies, co-fondateur de AIA Life-designer et co-auteur de Bien vivre la ville.
Vers un nouvel urbanisme, favorable à la santé…
Depuis 10 ans, Simon Davies traite des liens entre urbanisme et santé avec des comités d’experts. En 2018, il publie la deuxième version de son ouvrage « Bien vivre en ville : vers un urbanisme favorable à la santé » réalisé en collaboration avec l’institut de recherche chinois CFLD. Selon lui, dresser une perspective historique des rapports Ville-Santé permet de faire un constat simple : chaque époque connaît ses maux. Au 19e siècle, l’insalubrité des villes et les épidémies donnent lieu à un urbanisme hygiéniste qui consiste à mener des travaux pour aérer et oxygéner la ville. Aujourd’hui, de nouvelles sources de pollution se mêlent à une convergence des crises écologiques et sanitaires.
Les données scientifiques permettent de hiérarchiser les grands déterminants de notre santé et révèlent que dans 55% des cas, les conditions de vie possèdent un impact sur la santé, suivies de l’environnement, des systèmes de soins et enfin de la génétique. Selon une étude de Santé Publique France publiée en 2021, la pollution de l’air est responsable en France d’une perte de 8 mois d’espérance de vie avec 40 000 décès attribuables aux particules fines, chaque année. Par ailleurs, les bénéfices d’une moindre exposition à la pollution de l’air ambiant durant le premier confinement sont estimés à 2300 décès évités. Mais les nuisances sonores sont également une source de pollution sanitaire et sont à l’origine de diverses pathologies telles que les troubles neurologiques et mentaux ou les pathologies cardio-vasculaires.
Des facteurs qui mènent nécessairement au développement d’un nouvel urbanisme, favorable à la santé. Il consiste à encourager des choix d’aménagement et d’urbanisme qui minimisent l’exposition des populations à des facteurs de risque sanitaire et qui maximisent l’exposition à des facteurs de protection. Le tout, en étant vigilant à ne pas aggraver des situations d’inégalités de santé. Si réduire l’exposition de la population à ces facteurs de risques doit se penser en lien avec un urbanisme favorable à la santé, il ne faut pas oublier que chaque territoire possède sa propre personnalité de santé.
… par des réponses globales et concrètes au projet d’aménagement urbain
L’OMS considère «qu’un état de complet bien-être physique, mental et social, ne consiste pas seulement en une absence de maladie ou d’infirmité ». La mise en oeuvre d’un urbanisme favorable à la santé s’inscrit dans la même perspective car il implique de considérer la santé de façon globale et positive sous l’angle du bien-être de la population. Mais il est aussi une opportunité pour la qualité de vie et l’attractivité des villes. C’est pourquoi, une bonne articulation entre les acteurs impliqués est nécessaire.
Parmi ses missions, l’ARS travaille activement à l’intégration de la santé dans les projets d’aménagement et de planification territoriale. Son nouveau Plan Santé Environnement va d’ailleurs être décliné au niveau régional en 2022. « On possède en tant qu’élu, un devoir de s’engager dans cette dynamique car c’est un investissement pour l’avenir » soutient Sébastien Debeaumont. L’ARS attend aujourd’hui une forme de transversalité de la part des acteurs impliqués car mettre en oeuvre un urbanisme favorable à la santé c’est apporter des réponses globales et par conséquent, décloisonner davantage les politiques publiques. Avec un premier Plan local d’urbanisme intercommunal (PLUi) adopté par l’Agam en 2019, il semble que la planification du territoire soit un levier d’action efficace pour ne pas accroître la pollution dans les zones exposées. C’est dans cet objectif d’intelligence, que les deux agences développent aujourd’hui leur partenariat.
Mais pour que l’urbanisme favorable à la santé soit une réussite, il convient de ne pas oublier ses acteurs principaux que sont les usagers et les habitants. Alors que les modes de vie contemporains favorisent la sédentarité, le Plan de mobilité métropolitain incite à une pratique quotidienne d’activité physique modérée, recommandée par l’OMS pour rester en bonne santé. Selon Jérôme Marciliac, le projet de rénovation de la ville de Miramas montre une participation active des habitants qui s’impliquent directement dans le projet urbain afin d’améliorer leurs capacités physiques. Preuve que les clés de réussite résident dans un processus nécessairement ouvert et évolutif, qui s’adapte aux singularités territoriales.
Liens utiles :
> Pour consulter les plans locaux d’urbanisme par commune
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