L’appel à projets « L’innovation au service d’une agriculture durable » a montré la richesse et la diversité des start-up qui travaillent sur l’agri et l’agro, l’agriculture et l’agroalimentaire, pour mettre les exploitations aux normes et prévenir les risques climatiques. La grande finale de l’appel à projets lancé par le Crédit Agricole Alpes Provence en mars s’est tenue dans les locaux de la banque régionale, mardi 3 mai.
Le Crédit Agricole a décidé de consacrer 1% de ses ressources un fonds de dotation dont une part vient récompenser les jeunes entreprises innovantes qui apportent des progrès substantiels au monde agricole. La banque mutualiste avait sélectionné 11 projets sur les 22 reçus, issus de tous les territoires de son implantation, traitant de toutes les problématiques qui impactent l’exploitation agricole : l’économie circulaire, le traitement des effluents, l’élimination bio des insectes nuisibles, la régulation des serres, le traitement mesuré et scientifiques des sols, la production de bois à partir de nos forêts, etc.
Le Crédit agricole Alpes Provence apporte une aide conséquente aux vainqueurs, puisque le premier gagne un chèque de 25 000 €, le 2e de 10 000 €, le 3e de 5 000 €. Le 3 mai dernier le jury se réunissait au siège du Crédit Agricole à Aix-en-Provence et passait une journée à écouter les pitchs, à questionner les entrepreneurs et in fine à débattre et donner des notes à chacun des impétrants.
Gomet’ était associé au jury qui comprenait le directeur d’Innov’Alliance, pôle de compétitivité sur l’alimentation, le bien-être et la naturalité, Gilles Fayard ; la présidente de la French tech, Julie Davico-Pahin des agriculteurs et viticulteurs membres des instances dirigeantes du Crédit Agricole et des responsables financiers la caisse mutualiste. Tous ont convenu de la qualité, de l’opportunité, de la pertinence des projets proposés. Manifestement chacun des entrepreneurs a mûri son projet à l’écoute des besoins du territoire et propose des innovations prometteuses. La différence s’est faite sur la maturité financière et la capacité à présenter des réponses simples aux questions qui font une entreprise : quel est le produit ou le service vendu, quel sera son prix de marché, qui seront ses clients et surtout seront-ils prêts à payer ce prix ? À l’unanimité le jury a donné d’excellentes notes aux trois premières entreprises qui se détachent nettement du lot.
Deux sont bien connues des lecteurs de Gomet’ puisque la première lauréate est la société Cearitis, qui invente le piège à mouche des oliveraies. Ces petits insectes sont un véritable fléau pour nos oliveraies et pour la deuxième année les deux fondatrices, Marion Canale et Solena Canale Parola, cousines et associées, petites filles d’oléiculteurs, perfectionnent leur dispositif qui rappelons-le vise d’une part à déposer un répulsif sur les oliviers et à mettre en place un piège avec une solution attractive qui attire le ravageur en dehors des parcelles.
Le deuxième lauréat est à Abelio dont nous avions parlé en 2020, lors de sa levée de fonds et qui trace son chemin avec une efficacité remarquable. La société est l’alliance de deux générations, un jeune inventif et combatif Grégoire Dupré et un ingénieur chevronné Philippe Caumes. Elle est basée à la fois à Aix-en-Provence et dans le sud-ouest et sa levée de fonds lui permet de développer ses marchés. La start-up propose “le tour de plaine 2. 0” avec un drone bourré de technologies. Abelio a conquis des coopératives et des négoces, elle a déjà 80 clients pour la première année qui représentent 3 000 exploitations. Grégoire Dupré, pendant le jury, les yeux rivés sur son smartphone, surveillait ses drones qui détectent par analyse chromatique les chardons dans les betteraves dans les champs du Nord. Abelio s’entoure de télépilotes qui viennent dans les exploitations prélever les données, qui sont fusionnées avec des sources complémentaires, satellite, météo, traitées par intelligence artificielle. Ces datas permettent aux agriculteurs selon des chiffres d’Abelio de faire des économies de 87% sur les intrants.
Le 3e lauréat qui reçoit donc 5 000 € est la société Azuvia basée à Avignon qui propose un traitement écologique des eaux usées, un système automatisé qui utilise des plantes dépolluantes. Azuvia s’attaque à la gestion des effluents avec une solution de traitement des eaux et effluents liquides des vignerons, des caves, de l’industrie agroalimentaire, des usines de traitement des biodéchets par voie biologique reposant sur la phytoépuration et l’hydroponie dans un environnement contrôlé.
Un coup de cœur pour l’économie circulaire
Le jury a été séduit par l’audace, la sympathie et l’aplomb des deux jeunes créateurs de la société Ipsago (Aix-en-Provence) qui mettent en œuvre l’économie circulaire en traitant les coproduits ou déchets agricoles. Ipsago valorise d’abord ceux de la bière, les drêches de brasseries, puis les fruits et légumes déclassés. Leurs procédés permettent d’obtenir des poudres et des farines qui peuvent être, soit proposées à l’industrie agroalimentaire, soit directement intégrées aux recettes de produits sains, bio, aux fortes valeurs nutritionnelles. Ipsago fabrique dans son laboratoire directement des produits comestibles du type apéritifs, petits gâteaux à grignoter. La dégustation proposée au jury, si elle a posé des questions gustatives à certains, a démontré leur énergie, leur sens commercial, jusqu’au packaging, leur inventivité et ils ont reçu un prix « coup de cœur » des caisses locales à hauteur de 3 000 K€. À noter qu’Ipsago est une entreprise à mission « qui propose des produits équilibrés et savoureux pour une alimentation saine et naturelle avec des snackings antigaspillages issus du réemploi de coproduits et de matières premières inexploitées.»
Sept autres finalistes
- Adequabio basé à Pertuis, est spécialisé dans la dépollution et la gestion des effluents. Adequabio propose un procédé autonome fruit de la recherche, « phytobarre » de dépollution et de gestion des effluents agricoles (bactéries photosynthétiques + soleil + vent).
- Brad technology analyse les sols et développe une sonde autonome et connectée permettant de disposer rapidement de données et d’analyser sans investissement lourd ni connaissances approfondies les évolutions du terrain.
- Datasol analyse aussi les sols. Datasol permet de relier la description du processus de production à son impact écologique et à son coût économique et social avec un scoring des systèmes de culture et l’identification de leurs potentiels de progrès, de leur stock de carbone. « Aujourd’hui, déplorent-ils, pour remplir nos assiettes on dégrade nos sols. » Datasol veut passer d’une agriculture fertilisée à une agriculture fertile et entend créer un observatoire des sols vivants.
- Energies durables développement basé à Rousset, développe un concept de régulation thermique des serres obtenue par un dispositif de boucle d’eau géothermique à eau tempérée associée à un système de captage solaire photovoltaïque et thermique et un stockeur thermique enterré. Le but étant de rendre l’exploitation agricole autonome en énergie.
- OleoInnov valorise les coproduits et déchets et propose des procédés biotechnologiques durables pour produire des molécules à valeur ajoutée à partir de coproduits ou de déchets agricoles.
- Sakowin génère de l’hydrogène à partir de biométhane. Sakowin développe et fabrique des équipements compacts et modulaires s’installant en bout de lignes d’infrastructures gazières existantes, y compris sur les exploitations agricoles, et permettant de produire de l’hydrogène durable à bas coût et du carbone solide à partir de biométhane.
- Alpes bois collage, lauréat du plan de relance, construit à Saint-Crépin (Hautes-Alpes), une unité de production qui propose une offre nouvelle de bois des Alpes reconstitués par collage pour la construction et la menuiserie.
Lien utile :
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