Deux mois après le début du déconfinement, le Grand port maritime de Marseille (GPMM) dresse un bilan en demi-teinte de l’impact de l’épidémie de coronavirus. Sur le premier semestre, il observe une baisse de 15% de l’activité. « On est passé de 25 à 18 navires accueillis par jour environ », précise le président du directoire, Hervé Martel lors d’une conférence de presse jeudi 9 juillet. « Heureusement, nous étions sur une bonne dynamique des années précédentes avec une situation financière saine qui nous a permis de résister. Il y a dix ans, on aurait pas pu faire face », assure-t-il. Les conséquences restent donc limitées pour le port qui est parvenu à assurer ses missions tout le long de cette crise mais le chiffre d’affaires 2020 devrait tout de même nettement baisser : « C’est très difficile de faire des prévisions mais on s’attend à perdre environ 35 millions d’euros, soit 20% de notre chiffre de l’an dernier », estime Hervé Martel.
La croisière à l’arrêt jusqu’à l’automne au moins
Le secteur le plus durement touché est sans conteste le transport passagers soudainement tombé à zéro avec le confinement. Depuis quelques semaines, les navires pour la Corse et la Tunisie ont repris, « signe d’un léger frémissement de reprise » selon Hervé Martel, mais les paquebots de croisières sont eux toujours à l’arrêt. « Les compagnies sont suspendues aux décisions des groupe de travail de l’Etat français et de l’Europe, explique-t-il. Elles parlent d’une possible reprise à l’automne prochain mais ça reste encore très flou ». Cependant, les grands acteurs du secteur (Costa Croisières, MSC, Carnival…) gardent espoir et affirment que les taux de réservation sur l’année 2021 sont plutôt bons, signes que les touristes plébiscitent toujours ce type de vacances.
L’arrêt des ventes de véhicules a également fait très mal au port de Marseille avec une baisse de 23% des flux d’imports et d’exports de voitures, entrainant une réduction de 23% des importations de vracs destinés à la sidérurgie. « Les industriels ont beaucoup souffert. On l’a vu chez nous avec ArcelorMittal qui a failli arrêter ses hauts-fourneaux (…) On a évité le pire », avoue Hervé Martel.
Le port soutient la relance économique
Pour soutenir la relance, le port a décidé de prolonger la série de mesures commerciales initialement envisagées pour compenser les grèves contre la réforme des retraites. Il propose ainsi des réduction de 50% sur les droits de port pour les conteneurs, de 30% pour les transports de véhicules et une remise sur les frais de stationnement des paquebots à l’arrêt. « On tient à favoriser la reprise économique de tous et on espère voir nos clients revenir très vite à leurs niveaux d’activités précédent », insiste le président du directoire du GPMM.
Le port a également un rôle à jouer pour soutenir les activités du BTP et a décidé de maintenir au maximum ses investissements, soit 57 millions d’euros engagés jusqu’à la fin de l’année « contre 65 millions prévus initialement », indique Hervé Martel. Pour financer ces dépenses malgré la baisse de l’activité, le port va recourir massivement à l’emprunt. Entre 25 et 35 millions d’euros de crédit vont être souscrits auprès des banques, soit le double des montants habituels. « Nous en avons la capacité grâce à nos bonnes performances sur les années précédentes », assure le patron du port.
« On réfléchit notamment à la création d’une structure juridique dédiée pour développer le solaire »
Hervé Martel
Sur le plus long terme, le port a repoussé à la fin de l’année la signature de son projet stratégique pour les six prochaines années : « On ne le réécrit pas mais on va revoir la stratégie financière. On va peut-être devoir étaler davantage les investissements pour atteindre nos objectifs sur six ans au lieu de cinq », explique Hervé Martel. Il assure cependant que le développement durable reste l’une de ses priorités avec notamment le branchement à quai des navires et l’installation massive de panneaux photovoltaïques : « On réfléchit notamment à la création d’une structure juridique dédiée pour développer le solaire », annonce d’ailleurs le président du GPMM.
Le GPMM attend de rencontrer le nouveau maire de Marseille
Le président du directoire du GPMM n’a pas encore rencontré la nouvelle maire de Marseille Michèle Rubirola : « La nouvelle équipe a beaucoup de chose à faire en ce moment mais je ne doute pas que nous les rencontrerons bientôt pour évoquer les nombreux sujets qui lient la Ville et le port », a déclaré Hervé Martel.
La question de la pollution des navires de croisières sera certainement au cœur des discussions avec la maire écologiste. Elle a notamment souvent évoqué la possibilité de réduire le nombre de paquebots. « On verra ce qui est possible pour être toujours plus respectueux de l’environnement. Mais jusqu’à maintenant, ils étaient dans l’opposition et les déclarations n’engagent à rien mais c’est très différent quand on se retrouve aux responsabilités », prévient le patron du GPMM.
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