« Compte tenu des risques déontologiques substantiels relevés, qu’aucune réserve n’est susceptible de neutraliser, le projet de Monsieur Djebbari est incompatible avec les fonctions gouvernementales qu’il a exercées au cours des trois dernières années.» La Haute autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP) a recalé un projet de reconversion de l’ex-ministre délégué aux Transports Jean-Baptiste Djebbari au sein de l’armateur CMA CGM. L’avis (voir l’intégralité ci-dessous) en date de début avril a été repris par l’AFP mardi 24 mai et provoqué une série de reprises dans les médias.
L’ex-ministre, qui avait déjà obtenu, le 22 mars, un feu vert de la HATVP pour siéger au conseil d’administration d’une start-up spécialisée dans la construction de véhicules à hydrogène, ainsi que la possibilité de créer sa société de conseils (avec les réserves adéquates, avis du 17 mai) voulait cette fois-ci devenir vice-président exécutif en charge du pôle spatial que la CMA-CGM envisage de créer. M. Djebbari aurait été à ce titre membre du comité exécutif du géant du transport maritime.
Membre du gouvernement de septembre 2019 à mai 2022, le projet de M. Djebbari est donc jugé« incompatible» avec ses anciennes fonctions. la HATVP explique : « Au regard des attributions ainsi confiées au ministre délégué chargé des transports, qui sont en lien direct avec les activités du groupe CMA CGM, et compte tenu de l’importance de celui-ci, opérateur de premier plan dans le domaine du transport maritime, le risque de mise en cause du fonctionnement indépendant et impartial de l’administration serait substantiel si Monsieur Djebbari rejoignait ce groupe.»
Djebbari – CMA CGM : au moins huit rencontres en trois ans
Elle ajoute au passage, pour enfoncer le clou, qu’il« ressort des informations dont dispose la Haute Autorité que Monsieur Djebbari a rencontré le président-directeur général ou d’autres cadres dirigeants du groupe CMA CGM à au moins huit reprises au cours des trois dernières années. La fréquence de ces rencontres, de même que le positionnement du groupe dans le secteur du transport, seraient de nature, si Monsieur Djebbari rejoignait le groupe CMA-CGM, fût-ce au sein d’une filiale spécialement dédiée à l’activité spatiale et sans participer au comité exécutif du groupe, à créer un doute légitime quant aux conditions dans lesquelles le ministre a exercé ses fonctions gouvernementales, au regard des principes déontologiques et de l’obligation de prévention des conflits d’intérêts qui s’imposent à lui.»
L’un de ces rencontres a eu lieu le 1er mars dernier lors du lancement des des travaux à Marseille de Tangram, son nouveau campus de formation et hub d’innovation. Ce jour-là Rodolphe Saadé le PDG de CMA CGM, en présence de Jean-Baptiste Djebbari, insiste sur un nouveau terrain de jeu pour son groupe : le spatial. « Ce sujet nous tient à cœur lance-t-il à l’adresse du ministre des Transports face à lui. Avec Tangram, on va pouvoir étudier sérieusement ce que l’on peut y faire ». Si l’implication de CMA CGM dans l’espace semble encore peu concrète, Benoît Tournebize, le directeur de cabinet de M. Saadé affirmait ce 1er mars que l’entreprise travaille déjà avec des grands noms de l’aéronautique comme Thales sur « des projets de logistique orbitale qui ont beaucoup de points communs avec la logistique maritime ».
[zapping] Mais où s’arrêtera @RodolpheSaade pdg de @cmacgm : après la logistique, l’aérien, l’informatique… voici l’espace ! https://t.co/zzVsDo5x06
— Gomet’ (@Gometmedia) March 1, 2022
[Document source] L’intégralité de l’avis de la HATVP
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