Difficile de trouver une chaise au sein de la Maison de la mer et du sport, mardi 2 avril au soir. Un quart d’heure avant le début de la première concertation préalable au lancement du projet HyVence de Géosel placée sous l’égide de la Commission nationale du débat public, la salle est comble.
Près de 200 habitants du golfe de Fos ont répondu présent à la réunion, et l’immense majorité est hostile au projet de création d’une unité de production d’hydrogène bas-carbone sur le plan d’Aren, alimentée en électricité grâce à un parc photovoltaïque flottant situé sur les étangs de Lavalduc et d’Engrenier. Et c’est René Raimondi qui essuie le premier revers de la soirée.
La concertation publique pour le projet HyVence de Géosel démarrera le 27 mars
René Raimondi : « il faut accepter la transition énergétique »
« Ce projet est le seul qui vous parle de décarbonation complète et qui s’attaque effectivement à ce fameux réchauffement climatique, affirme le maire de Fos-sur-Mer (ex-PS), déclenchant les huées des administrés. Il faut accepter la transition énergétique, il n’y a pas le choix. Sinon les panneaux et l’hydrogène, on les fera en Espagne. »
Du côté des citoyens, inquiets à l’idée de ne plus avoir accès à l’un des derniers espaces verts de la ville, ce projet visant à implanter 500 ha de panneaux solaires capables de produire 800 GWh/an sur les bassins de saumure d’Engrenier et Lavalduc pour produire 15 000 tonnes d’hydrogène vert par an, soit 15% de la consommation actuelle du Grand port maritime de Marseille-Fos (GPMM), provoque une véritable levée de boucliers.
HyVence : la liste des installations envisagées
À ce stade de développement du projet, il est proposé qu’HyVence soit constitué dans son ensemble des éléments suivants : un parc photovoltaïque flottant installé sur les bassins de Lavalduc et d’Engrenier, une usine de production d’hydrogène (électrolyseur) installée sur le plan d’Aren ; un poste électrique de raccordement au réseau électrique localisé soit au niveau du plan d’Aren, soit à proximité du bassin d’Engrenier ; un système de raccordement électrique entre le parc photovoltaïque, l’unité de production d’hydrogène et la sous-station électrique ; une canalisation de transport d’hydrogène intégrée à un réseau de pipelines existant ; une station de traitement des eaux ; un système de mise à l’air de l’oxygène ; un système de mise à l’air de l’hydrogène (dispositif de sécurité). Sont aussi prévus : des installations techniques pour assurer le pilotage, le suivi et la maintenance du site de production ; des aménagements de voirie et infrastructures nécessaires à la maintenance et l’exploitation en sécurité de l’ensemble de l’installation. Les obtentions des différentes autorisations administratives (environnement, urbanisme, exploitation). Source : CNDP
En cause : son emplacement hors de la zone industrialo-portuaire (ZIP), à 700 mètres des premières habitations, et la sûreté d’une telle installation. « Il y a une étude de dangers en cours d’élaboration, assure Flore Ostapoff, directrice Hygiène Sécurité Environnement et Permis de Géosel. Elle identifie toutes les sources de dangers qu’on peut avoir par la nature des installations, des produits et leur quantité. « On travaille sur la technologie de l’électrolyseur et la quantité de stock d’hydrogène pour être en-deçà de la classification Seveso. L’objectif, c’est que le risque reste limité à l’intérieur du périmètre de l’usine. » Le projet se chiffre à 700 millions d’euros au total – financés à la fois par l’actionnariat, des fonds publics et de la dette – et doit générer la création d’une trentaine d’emplois et 400 en phase de chantier.
François Bernardini : « des arguments solides des deux côtés »
Pour Romuald Meunier, président de l’association Mouvement citoyen de tous bords golfe de Fos environnement, « il n’y a aucune raison d’accepter un projet hors de la ZIP, si dérangeant, si dangereux pour les Fosséens et si consommateur d’espace ».
« Fos a largement donné à l’industrie, elle ne peut pas contribuer seule à la décarbonation de la planète, encore moins accepter une extension de la zone industrielle à l’est de Fos, zone préservée jusqu’alors par tous les maires précédents de la ville ». François Bernardini, qui s’exprimait en tant que vice-président de la Métropole, délégué à la sidérurgie, à la pétrochimie et à l’aéronautique, pointe des « arguments solides des deux côtés », relevant « la plus-value » d’un tel projet dans le cadre de la production d’électricité bas-carbone ainsi que le « manque d’éléments sur la mise en œuvre du chantier lui-même ».
La phase de concertation préalable débute. De nombreuses étapes sont au programme supervisées par la Commission nationale du débat public. Des réunions, des débats, des ateliers, vont se succéder jusqu’à une réunion publique synthèse fixée le 15 mai à Istres. L’ensemble des échanges et toutes les informations concernant le projet sont documents sur un site dédié.
Les différents rendez-vous de la concertation
En savoir plus :
Le site du débat public concernant HyVence
Projet HyVence à Fos : comment Géosel veut produire de l’hydrogène vert
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