Au lendemain du second tour des élections législatives anticipées, provoquées par la dissolution de l’Assemblée nationale le 9 juin décidée le président Emmanuel Macron, l’union des gauches incarnée par le Nouveau Front populaire a créé la surprise en se plaçant en tête du scrutin avec 182 sièges, devant le camp présidentiel (168 sièges) ainsi que le Rassemblement national et ses alliés (143 sièges) selon les dernières données du ministère de l’intérieur. De nombreux médias étrangers sont surpris par le résultat de cette coalition qui a déjoué les sondages et met en échec de la stratégie de Macron.
La presse a-t-elle encore un rôle dans les élections ?
Le quotidien suisse Le Temps revient sur la demande de « clarification, qui accoucha d’une France renversée, mais toujours dans le flou ». Évoquant un échec pour le camp présidentiel, le quotidien ajoute que le Président « a réussi la performance de renverser la table après avoir mis la France sens dessus dessous pendant quatre semaines. Vu de l’extérieur, le parlement apparaît scindé en de multiples blocs. Le projet n’est plus celui de l’extrême droite, il devient celui de la gauche. Mais quelle gauche ? Pour quel projet et avec qui ? Tout reste à construire. »
« Grâce au barrage républicain, la gauche coiffe le RN au poteau »
Le quotidien belge Le Soir
Le quotidien belge Le Soir s’interroge : « combien de temps aura Macron pour nommer un Premier ministre ? » « L’alliance des gauches, nouée il y a moins d’un mois, arrive devant le camp Macron et le Rassemblement national, mais sans majorité absolue. Former un gouvernement prendra du temps », prévient le quotidien.
Législatives 2024 : « Nous allons gouverner » (Marine Tondelier, EELV)
Le Washington Post rappelle quant à lui que « le triomphe électoral de la nouvelle alliance a été un choc pour beaucoup, après des décennies au cours desquelles la gauche française a été définie par ses profondes divisions. Les bons résultats du mouvement anti-immigration de Le Pen au premier tour ont incité les différentes forces de gauche du pays à s’unir. » Le Soir insiste également sur le fait que c’est « grâce au barrage républicain, que la gauche coiffe le RN au poteau. »
La France rejette encore le Rassemblement national
La BBC souligne « cette surprise, qui a réduit le Rassemblement national à la troisième place – avec peut-être 150 sièges, alors qu’on en prévoyait près de 300 il y a une semaine – est entièrement due au fait que les électeurs se sont rendus en masse aux urnes pour les en empêcher. » Et comme la souligné Jordan Bardella, « cela n’a été possible que parce que les autres partis se sont réunis pour jouer le système.»
Mais aussi « car la plupart des gens ne veulent pas de l’extrême droite, soit parce qu’ils s’opposent à ses idées, soit parce qu’ils craignent les troubles qui accompagneraient inévitablement son arrivée au pouvoir », selon la chaîne britannique.
Gabriel Attal : retrait pour faire barrage au RN malgré quelques exceptions
Néanmoins, le score du Rassemblement national reste historiquement élevé. Le New York Times rapporte que « même avec moins de sièges que prévu, le Rassemblement national occupe désormais une place dans la politique française, qui a effacé un paysage politique d’après-guerre, construit autour de l’idée que les antécédents de l’extrême droite en matière de racisme et d’antisémitisme manifestes, la rendaient indigne d’occuper des positions de pouvoir. »
Le macronisme et sa capacité à partager le pouvoir sont vivement critiqués
Le New York Times étrille le camp présidentiel en rappelant que « l’ascension de la coalition de gauche est un message cinglant aux élites pro-entreprises rassemblées autour de Macron, dont le mandat est limité et qui doit quitter ses fonctions en 2027. »
[Editorial] 7 juillet 2024 : le roi républicain est nu
Au sujet de la cohabitation qui s’impose désormais, le journal américain n’est pas tendre non plus et fait des prédictions : « le pouvoir s’éloignera du président Macron pour se diriger vers le nouveau gouvernement, quel qu’il soit. » « Même s’il parvient à placer un centriste au poste de Premier ministre (ce qui est loin d’être facile, compte tenu de la force de la gauche), cette personne exercera le pouvoir en son nom propre et sur la base du soutien parlementaire. Macron, qui n’a aucune chance de se représenter en 2027, ne sera plus qu’une figure réduite. »
Concernant la composition du nouveau gouvernement, « Macron pourrait ignorer le choix du Nouveau front populaire. On pense qu’il peut mettre sur pied une coalition comprenant ses centristes et des députés modérés de gauche et de droite », affirme le quotidien britannique The Times. Le Temps va même plus loin et questionne : « comment le pouvoir se partagera-t-il dans ce pays qui ne connaît pas la culture du compromis ? On peine à l’imaginer. »
Liens utiles :
> Les résultats dans les 16 circonscriptions des Bouches-du-Rhône
> Notre dossier d’actualité consacré aux législatives 2024