Le 9 juin dernier, le président de la République a décidé de dissoudre l’Assemblée nationale à la suite des résultats des élections européennes. Le premier tour des élections législatives anticipées a porté le Rassemblement national (RN) en tête du scrutin, avec 29,25% des voix, selon les résultats définitifs communiqués par le ministère de l’Intérieur. Un score historique qui permettrait au RN et à ses alliés, emmenés par Eric Ciotti, d’obtenir une majorité absolue à l’Assemblée nationale : entre 255 et 295 élus, sur les 577 députés qui composent l’hémicycle.
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Face à ce changement politique majeur, le Nouveau Front populaire (NFP), alliance des gauches arrivée en deuxième position avec 27,99% des voix, efface le camp présidentiel qui n’arrive à fédérer que 20,04% de voix, bien en-dessous de son score de 2022 (25,75%). Les Républicains (LR), associés aux divers droite, finissent quatrièmes avec 6,57%. Tour d’horizon des stratégies de ces partis en vue du second tour des élections législatives du 7 juillet.
Bardella et Le Pen se préparent à une cohabitation
À la suite de la publication des résultats, Jordan Bardella a appelé à « faire le choix d’une rupture responsable » pour le second tour. Le jeune député européen du Rassemblement national a appelé les Français « attachés à leurs libertés et au redressement de la France » à le rejoindre. Il a déclaré sur un ton victorieux vouloir être « un Premier ministre de cohabitation, respectueux de la Constitution et de la fonction du président de la République, mais intransigeant sur la politique que nous mettrons en œuvre au service de la France ».
La présidente du Rassemblement national, Marine Le Pen, a lancé dimanche soir un appel aux électeurs pour donner à son parti la majorité absolue à l’issue du second tour et « pour que Jordan Bardella soit nommé Premier ministre ».
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Le président de LR, Éric Ciotti, allié au RN, a quant à lui appelé les électeurs de droite à rejeter le « terrifiant danger d’extrême gauche » au second tour, estimant une « victoire en vue pour porter Jordan Bardella à Matignon ». Le candidat à sa réélection est arrivé largement en tête de la première circonscription des Alpes-Maritimes avec 41 % des suffrages exprimés et a insisté sur le fait que son parti, « Les Républicains ne peuvent pas s’abstenir dans ce second tour. Les Républicains doivent participer à la victoire de la droite toute entière ».
Les Républicains refusent de donner des consignes de vote
De leur côté, les Républicains qui contestent la présidence du parti par Éric Ciotti depuis l’annonce de son alliance avec le RN, ont obtenu 6,57% des voix au premier tour et ont affirmé dimanche que « le macronisme est mort ». Cependant, ils ont refusé d’appeler à voter contre le RN dans les circonscriptions où ils ne sont pas qualifiés pour le second tour.
Les Républicains investissent 14 candidats dans les Bouches-du-Rhône
« Là où nous ne sommes pas présents au second tour, considérant que les électeurs sont libres de leur choix, nous ne donnons pas de consigne nationale et laissons les Français s’exprimer en conscience », a affirmé dans un communiqué la direction de LR. L’eurodéputé François-Xavier Bellamy a estimé pour sa part que « le danger qui guette notre pays aujourd’hui, c’est l’extrême gauche. »
Le Nouveau Front Populaire appelle au retrait en cas de triangulaires
Le Nouveau Front Populaire remporte son pari de coalition de gauche en obtenant 27,99% des suffrages et se hissant à la seconde place du premier tour. Pour le second tour, face au risque de l’arrivée au pouvoir de l’extrême droite, le NFL « retirera » ses candidatures dans les circonscriptions où elle est arrivée en troisième position et où le RN est en tête en vue du deuxième tour, a assuré dimanche soir Jean-Luc Mélenchon. « Nulle part nous ne permettrons au RN de l’emporter. (…) Notre consigne est simple, directe et claire. Pas une voix, pas un siège de plus pour le RN », a répété le leader Insoumis.
« Mettre sur le même plan le Rassemblement national ou La France insoumise est une mécanique inacceptable et insupportable et elle doit s’arrêter immédiatement pour qu’on puisse enfin avoir une campagne qui permette de confronter nos différentes propositions politiques », a déclaré sur BFMTV Manuel Bompard, le coordinateur de La France Insoumise, réélu dès le premier tour avec 67,49% des suffrages dans la 4e circonscription des Bouches-du-Rhône.
[Analyse] La dissolution réveille les gauches
« Nous avons sept jours pour éviter à la France une catastrophe », a lancé dimanche Raphaël Glucksmann du parti Place publique, qui a appelé également tous les candidats arrivés en troisième position à se désister face au RN.
La cheffe des Écologistes, Marine Tondelier, a appelé le camp présidentiel à la « construction d’un nouveau front républicain », en appelant les « responsables politiques centristes » au « désistement si vous êtes troisièmes dans les triangulaires et si vous n’êtes pas qualifiés au second tour, appel à voter pour un candidat qui défende les valeurs républicaines ».
Le camp présidentiel prêt à élargir le front républicain ?
La majorité présidentielle subit une sanction électorale, les listes Ensemble n’obtenant que 20,76% des voix et se classant en troisième position du scrutin. « Face au Rassemblement national, l’heure est à un large rassemblement clairement démocrate et républicain pour le second tour », a conclu le président de la République, qui semble ainsi ouvrir la voie vers un rapprochement avec le Nouveau Front Populaire, dont fait partie la France Insoumise.
C’est chose faite hier soir à Marseille dans la 1er circonscription, où la secrétaire d’État à la ville et députée sortante, Sabrina Agresti-Roubache, a annoncé son désistement : « Ce soir, le choix a été clair, 45% pour le Rassemblement national, 27% pour le Nouveau Front populaire, évidemment je me retire et dans ces conditions, je le dis de façon très claire, dans ma circonscription, pas une voix pour le Rassemblement national. »
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« Pas une voix ne doit aller au Rassemblement national » a affirmé plus tard dans la soirée Gabriel Attal, qui exerce peut-être ces derniers jours la fonction de Premier ministre. Ce dernier a également appelé au « désistement de nos candidats dont le maintien en troisième position aurait fait élire un député Rassemblement national face à un autre candidat qui défend comme nous les valeurs de la République ».
L’actuel ministre de l’Économie, Bruno Le Maire, a quant à lui, appelé ce lundi matin sur France Inter à voter au second tour des législatives pour « un candidat du camp social-démocrate » qui n’inclut pas LFI, afin de contrer le Rassemblement national (RN). « J’appelle (…) tous nos électeurs, lorsque nos candidats ne sont pas au second tour, à voter pour un candidat du camp social-démocrate, c’est-à-dire un représentant du Parti socialiste, du Parti communiste ou des Verts. »
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