L’esprit de concorde, observé pendant la présence d’Emmanuel Macron à Marseille, sur trois jours, s’est vite dissipé. Deux jours après une visite à la Busserine, qui avait permis un moment d’unité politique sur la thématique des transports, surtout avec l’annonce du doublement de l’enveloppe étatique qui passe à 500 millions d’euros (voir l’encadré ci-dessous), les « chicayas » sont revenus de plus belle lors du conseil métropolitain organisé ce jeudi 29 juin. Au bout de quelques minutes après le début de la séance, c’est sur la délibération 14 portant sur l’approbation de la concertation portant sur le tracé littoral du tramway jusqu’à La Castellane, que les interventions ont dérapé.
Emmanuel Macron double l’enveloppe étatique pour les transports marseillais
Lors de sa venue dans le quartier de la Busserine à Marseille (14e), mardi 27 juin, la présidente de la Métropole Martine Vassal a présenté à Emmanuel Macron l’avancée des travaux sur les quinze projets du GIP transport. A la suite de ces présentations, le président de la République a annoncé l’augmentation de la part de subventions sur l’enveloppe d’un milliard dédiée aux transports marseillais. Ces subventions passent donc de 250 à 500 millions d’euros, en rognant sur les avances remboursables, jusqu’alors chiffrées à 750 millions. La part de subventions et d’avances remboursables est donc à présent ex-aequo – 500 millions chacune. « Cela va nous permettre de ne pas nous endetter et surtout de ne pas avoir à payer des intérêts » souligne auprès de Gomet’ Martine Vassal. A la question de savoir si cela sera suffisant pour amorcer l’ensemble des chantiers, elle répond : « Ce n’est jamais suffisant, mais engageons déjà ce que nous avons et ensuite on verra si on redemande. »
Alors que la présidente de la Métropole Martine Vassal dresse en début de séance un satisfecit de mi-mandat, la conseillère métropolitaine et maire du 6/8 à Marseille Olivia Fortin l’interpelle sur ses annonces concernant la création d’un tramway vers la Pointe-Rouge : « Vous êtes à la tête d’un établissement public de coopération intercommunale (EPCI). Cessez de nous vendre une ville sur papier glacé et consultez-nous pour au moins pour savoir si ce projet est réalisable avant de l’annoncer » reproche Olivia Fortin à Martine Vassal. La présidente de la RTM Catherine Pila, élue métropolitaine de la majorité, lui répond que la Métropole « a écouté la Ville de Marseille » concernant le tracé par le littoral du tramway vers La Castellane, qui génère pourtant « un surcoût de 50 millions d’euros » notamment dû au fait que ce tracé passe sous deux voies ferroviaires, ce qui implique un renforcement des infrastructures. « Vous devriez plutôt remercier Martine Vassal » renchérit Catherine Pila.
La Métropole acte le passage par le littoral du tramway vers La Castellane
De fait, la délibération adoptée en conseil métropolitain prend acte de la concertation ayant eu lieu sur l’extension du tramway vers le Nord, afin de rallier La Castellane puis le pôle d’échanges multimodal de Saint-André (16e). La Métropole a ainsi acté le tracé définitif de l’extension Nord, qui passera donc par le boulevard de la Méditerranée pour rejoindre le Chemin de la Madrague-Ville et plus au Nord, le chemin du ruisseau Mirabeau puis le chemin du Littoral pour rejoindre l’avenue André Roussin, et enfin La Castellane. Une deuxième voie devrait également permettre de relier l’avenue de Lyon à l’avenue Ibrahim Ali.
Le manque de concertation reproché à la Métropole
C’est alors le maire de Marseille Benoît Payan qui monte au créneau : « Vous pouvez comprendre que mes collègues maires soient surpris d’apprendre par la presse qu’un tramway va passer par chez eux ? » interroge-t-il rhétoriquement. Et d’ajouter : « Nous ne nions pas la pertinence de ce projet, bien que je sois personnellement contre. Mais nous vous demandons de discuter avec nous. » L’édile brandit le spectre de la loi 3DS et de l’Etat, qui garde un œil sur le fonctionnement métropolitain : « Je vous rappelle que le débat sur les attributions de compensations ne sont pas terminés ! Nous avons plutôt intérêt à nous entendre » sermonne-t-il.
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Des observations que balaie Martine Vassal qui se projette dans l’après Marseille en grand : « Il faut que nous commencions à penser aujourd’hui les projets de demain. […] Moi j’ai une vision pour le désenclavement des quartiers Sud, alors que vous n’en avez pas ! » tacle-t-elle les élus marseillais.
Une conférence métropolitaine d’ici la fin d’année sur la gratuité des transports
Le sujet des transports était bien présent au menu des 240 rapports étudiés par les élus métropolitains. Ces derniers ont ainsi voté la grille tarifaire relative à l’entrée en vigueur de l’open payment dans les transports dès la rentrée, qui permettra à l’usager d’acheter et valider un titre de transports directement en scannant sa carte bleue. Les tarifs appliqués en open payment seront les mêmes que ceux appliqués actuellement, soit 1,70€ le ticket unitaire.
Une avancée, certes, mais insuffisante pour la conseillère métropolitaine d’Aubagne Magali Giovanangelli qui soulève la question de la gratuité des transports sur le territoire pour « faciliter la mobilité pour tous. » Pour justifier cette demande, elle évoque notamment « l’effet positif sur les commerces » ainsi que sur l’environnement. Si la présidente de la Métropole soulève que « la gratuité des transports coûterait trop cher » à l’EPCI, elle promet néanmoins une conférence métropolitaine sur le sujet d’ici la fin d’année.
De son côté, le maire de Port-de-Bouc s’indigne de la décision métropolitaine de faire peser le coût des transports de cars scolaires sur les communes, autrefois assumé par l’ex-conseil de territoire du Pays de Martigues. « Nous trouvons cette décision non seulement en contradiction avec les valeurs de solidarité et d’équité sur lesquelles notre institution est fondée, mais aussi injuste, puisqu’il s’agit, à travers le renoncement de l’institution métropolitaine, de faire transférer aux communes des dépenses nouvelles sans compensations financières » s’indigne Laurent Belsolla. Le conseiller métropolitain en charge des transports, Henri Pons, évoque pour sa part une question « d’équité territoriale », certaines communes payant déjà les transports scolaires. Une aide pourrait cependant être accordée aux communes les plus en difficulté.
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