Trop de chaleur, moins d’abeilles. C’est le constat alarmant dressé par les chercheurs de l’Institut Méditerranée de Biodiversité et d’Ecologie (IMBE), rattaché à Aix-Marseille Université. En juin 2019, dans un article paru dans The Conversations, ils pointaient déjà du doigt l’impact du changement climatique sur l’odeur des plantes et donc sur l’activité des abeilles. Depuis, cette thèse n’a fait que se confirmer selon Benoît Geslin, chercheur à l’IMBE et auteur de l’article paru dans The Conversations.
Le vendredi 5 juin marque la journée mondiale de l’environnement, une occasion de revenir sur la menace qui pèse sur les abeilles. En effet, au cours d’observations menées par l’IMBE dans le massif de l’étoile au nord de Marseille, les chercheurs s’étaient aperçus que les abeilles dites « domestiques », qui vivent en colonie dans des ruches, ont tendance à être plus attirées par l’odeur des plantes qui ne sont pas impactées par la sécheresse. Conséquence, les abeilles sauvages seraient contraintes de se rabattre sur les plantes dites « stressées », dont l’odeur a évolué en raison de la sécheresse.
Le réchauffement climatique a de nombreux effets néfastes sur les abeilles : par exemple, la température très élevée l’été conduit à une hausse de la mortalité ou les conduit à parcourir plus de distance et donc dépenser plus d’énergie pour trouver du nectar, ce qui diminue leur production.
Par ailleurs, le réchauffement climatique et une sécheresse accrue ont une conséquence directe sur les plantes qui fournissent le nectar aux abeilles : « la conclusion la plus inquiétante de cette étude, c’est que certaines plantes comme le thym ne produisent du nectar qu’une fois sur deux » , déplore Benoît Geslin. Or, qui dit moins de nectar, dit moins d’abeilles et moins de pollinisation…
Une production de miel plus importante pendant le confinement
Une éclaircie malgré tout dans ce sombre paysage : selon les témoignages de nombreux apiculteurs de Provence, la production de miel serait particulièrement importante cette année. Deux hypothèses pourraient l’expliquer cela, selon Benoît Geslin : « les abeilles ont profité soit d’un hiver particulièrement doux qui a entraîné une chute de mortalité, soit d’une plus grande tranquillité laissée à la nature pendant le confinement », explique le chercheur, qui penche plutôt en faveur de la seconde explication.
Un constat également dressé par le réseau Les dorloteurs d’abeilles, qui invite à sauver les abeilles sauvages à l’occasion de la journée de l’environnement en leur installant des maisonnettes. En effet, il existe 960 espèces d’abeilles – aussi appelées apoïdes – en France et 20 000 dans le monde. Contrairement aux abeilles domestiques, les abeilles sauvages mènent une existence solitaire et ne produisent pas forcément de miel. Or, leur habitat naturel tendant à disparaître à cause de l’utilisation des pesticides, elles sont souvent contraintes de loger dans des bouches d’aération. Avec cette solution proposée par Les dorloteurs d’abeilles, il devient ainsi possible d’aider les petites ouvrières à retrouver un toit …
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