C’était une séance placée sous le signe des adieux. Ce lundi 27 juin, le conseil de territoire Marseille Provence s’est réuni pour la dernière fois. A cette occasion, le président du conseil et maire de Gémenos, Roland Giberti, et Martine Vassal, la présidente de la Métropole, avaient invités les anciens présidents de l’ancêtre du conseil de territoire, la communauté urbaine Marseille Provence Métropole (MPM) : Jean Claude Gaudin, qui la dirigea de 2000 à 2008, Eugène Caselli (2008-2014), Guy Teissier (2014-2015) puis Jean Montagnac qui présida le nouveau conseil de territoire de 2017 à 2020.
« Si cette fin des CT occasionne une certaine nostalgie, c’est surtout l’espoir d’un meilleur avenir pour la Métropole » souligne Jean-Claude Gaudin. « Nous sommes sur la première marche de la Métropole de l’an II » s’est réjouit pour sa part la présidente de la Métropole Aix-Marseille Provence Martine Vassal.
Le but de ce dernier conseil : boucler les derniers dossiers avant de céder totalement la main à la Métropole, explique Roland Giberti. Au final, les 180 rapports ont été expédiés en deux heures, ponctués de rares interventions y compris dans l’opposition, pour rendre un ultime hommage au conseil de territoire, dernier avatar de l’ancienne intercommunalité – et de l’ancien monde. Les élus réservent à présent leur énergie pour le conseil métropolitain de jeudi 30 juin qui, lui, s’annonce explosif : il entérinera la fin des CT et l’intégration de leurs compétences vers la Métropole, ce qui n’est pas du goût de tous…
Loi 3DS : Les inquiétudes de l’opposition persistent
En amont de cet ultime conseil de territoire, le groupe d’opposition Pour une métropole du bien commun, composé de 51 élus représentant la majorité municipale marseillaise divers gauche, a réitéré ses inquiétudes pour la suite. Car si les communes peuvent espérer récupérer un certain nombre de compétences au 1er janvier 2023, la Ville de Marseille s’interroge sur le devenir des compétences d’ici là. « Toutes les compétences détenues jusqu’alors par les CT vont remonter à la Métropole, qui pourrait décider de les mettre en œuvre depuis le bureau, où nous ne siégeons pas. Ce que nous craignons, avec la disparition du conseil, c’est une perte de transparence et de proximité. » Les inquiétudes du groupe se portent principalement sur la compétence propreté / déchets, jusqu’alors gérée par le CT et que la Ville espère récupérer à l’horizon 2023. « Il ne faut pas croire que tout va changer au 1er janvier 2023 ! Tout cela va prendre du temps à se mettre en place », relève Yannick Ohanessian, adjoint à la sécurité de la Ville et également élu à la Métropole. Et pour cause : Marseille ne sait pas encore si elle disposera in fine des financements nécessaires pour assumer la compétence.
Interrogé par Gomet’ à la sortie du conseil de territoire, le président (sortant) du CT et maire de Gémenos Roland Giberti tempère : « Il faut avoir confiance dans les politiques. Nous aussi, nous désirons conserver la proximité. Cette dernière restera assurée au sein de la Métropole par la présence des maires dans l’hémicycle. Les CT disparaissent peut-être mais les élus restent », estime-t-il.
Marseille espère « une convention de gestion » avec la Métropole
Plus spécifiquement, les élus marseillais souhaiteraient un pôle propre à Marseille au sein de la Métropole. « On s’achemine vers un système de convention de gestion (la Métropole délègue à la Ville la conduite des opérations, tel que cela a déjà été le cas pour l’éclairage public notamment, ndlr). Comme cela, on ne touche pas au statut des personnels. On a toujours la sensation que la Métropole n’est pas terminée, surtout si une autre réforme métropolitaine intervient d’ici 2026… », s’inquiète Sophie Camard.
La présidente de groupe revient ensuite sur le refus du maire de Marseille Benoît Payan de répondre positivement à Martine Vassal qui lui a proposé de devenir vice-président métropolitain. « Ce n’est pas ce que nous demandons. Nous voulons de la proximité, elle nous propose un poste. Nous avons dit non par principe. C’est une diversion médiatique » juge celle qui est également maire de secteur des 1er et 7e arrondissements de Marseille.
Le conseil métropolitain prévu jeudi ne devrait pas répondre aux interrogations qui subsistent toujours cinq mois après la promulgation de la loi 3DS, en février dernier. En effet, la séance qui s’annonce animée actera la suppression des six conseils de territoires et permettra de présenter les comptes administratifs de 2021. Prochaine étape : une conférence fiscale et financière prévue en septembre pour chiffrer le nouveau budget de la Métropole ainsi qu’un rapport de la Chambre régionale des comptes.
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