Marseille étoffe ses effectifs de lutte contre le stationnement anarchique. Des ASVP formés à la mise en fourrière vont épauler la police municipale. Un renfort bienvenu étant donné les difficultés de la mairie à recruter de nouvelles forces de l’ordre.
« Marseille ne peut pas être un parking à ciel ouvert ». Dans le hall de la direction de la mobilité et du stationnement (1er), l’adjoint au maire de Marseille en charge de la tranquillité publique et de la sécurité, Yannick Ohanessian, présente fièrement vendredi 24 mars, en milieu de matinée, une quarantaine d’agents de surveillance de la voie publique (ASVP), tout juste habilitée à la mise en fourrière des véhicules mal garés. L’élu compte sur les nouvelles aptitudes de cette équipe pour « rendre la ville plus respirable », et diminuer tous les types de pollutions urbaines.
Selon les données fournies par la mairie, le centre-ville de Marseille compte près de 20.000 places de stationnement, dont 14.000 en surface.
Cette petite escouade, reconnaissable à la bande rouge et blanche qui traverse l’horizontale de son uniforme bleu marine, au niveau du torse, vient de suivre une formation de trois journées, étalée sur trois mois, afin d’élargir sa palette de compétences. Elle peut désormais être mobilisée en cas de signalement d’un véhicule en situation de stationnement très gênant ou dangereux, ordonner sa mise en fourrière et le verbaliser. Un moyen, pour la mairie, de soulager directement la police municipale dans la lutte contre le stationnement anarchique à Marseille. Un travail de titan étant donné les habitudes de certains automobilistes locaux…
« Le service n’est pas satisfaisant aujourd’hui »
Le fléau du stationnement sauvage ne date pas d’hier dans la cité phocéenne. La gestion municipale sur ce dossier est d’ailleurs souvent pointée du doigt par les citoyens marseillais. Certains multiplient les signalements sur les réseaux sociaux, photo à l’appui, mais souvent en vain. Il n’est pas rare qu’un véhicule mal garé, à cheval sur un trottoir ou sur une piste cyclable, encombre l’espace public plusieurs jours sans être inquiété. Yannick Ohanessian au sujet de la fourrière : « on sait bien que c’est un service qui n’est pas satisfaisant aujourd’hui ».
Il précise que la délégation de service publique (DSP) « fourrière » arrivera à son terme en fin d’année. « On va renouveler en 2024 avec beaucoup plus d’exigence et des objectifs plus ambitieux pour la mise en fourrière ». À l’heure actuelle, entre 2000 et 2500 enlèvements sont effectués chaque mois. La mairie de Marseille, qui revendique depuis 2019 une augmentation de 15% du nombre de véhicules en infraction enlevés, veut encore serrer la vis. Elle espère ainsi réduire les mauvaises pratiques, et le flux important de signalements.
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— Charlie 🇺🇦 #StandWithUkraine (@DaneMarseille) March 13, 2023
Des difficultés à recruter des policiers municipaux
La nouvelle majorité municipale n’a pas encore atteint son objectif de doubler les effectifs de la police municipale à Marseille. En juillet dernier, elle lançait une campagne de recrutement de 350 personnels. Face aux difficultés qu’elle éprouve à embaucher de nouvelles recrues, comme la plupart des grandes villes françaises, la mairie mise aujourd’hui sur la formation des ASVP pour compléter son service d’intervention sur la voie publique.
Et ce, partout dans la ville : « c’est aussi l’enjeu qui est le nôtre aujourd’hui, signale Yannick Ohanessian, c’est de sectoriser les effectifs de la police municipale, et des ASVP demain, pour être davantage présent du 1er au 16e arrondissement, ce qui n’était pas le cas jusqu’ici ». L’adjoint souhaite d’ailleurs une présence quotidienne dans tous les secteurs de la ville. Il sait par ailleurs que certains arrondissements sont plus problématiques que d’autres en termes de stationnement anarchique ; notamment les 3e et 5e.
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Des ASVP formés pour épauler la police municipale
Le service des ASVP est rattaché depuis mai 2022 à la direction de la police municipale. En 2020, ils étaient 37 agents à Marseille, selon Yannick Ohanessian, et 20 de plus ont été recrutés l’année dernière. Aujourd’hui, la Ville compte une soixantaine d’agents, et 40 créations de poste sont prévues en 2023. « L’idée c’est d’avoir 100 ASVP qui pourront seconder et travailler aux côtés de la police municipale (…) sur la verbalisation du stationnement, sur la propreté de l’espace public, sur les nuisances sonores et donc, désormais, sur les enlèvements et la mise en fourrière », détaille l’adjoint au maire.
L’intervention prend « un quart d’heure maximum »
Après la théorie, on passe à la pratique. À la suite du point presse, la brigade est mobilisée sur le boulevard de la Liberté (1er), à quelques minutes à pied, où un cabriolet Volkswagen semble en situation illicite depuis plusieurs jours. Garé devant l’arrêt de bus Lafayette (ligne 52), et obstruant l’accès aux personnes à mobilité réduite, il va rapidement faire les frais de la nouvelle arme municipale anti-stationnement sauvage. Les ASVP entrent en scène. Et le protocole est précis : « d’abord on dresse le PV », signale Mario, un des agents mobilisés ce matin-là.
Puis, en attendant que la fourrière arrive, les ASVP par équipe de trois constatent l’état du véhicule. Ils remplissent ensemble une « feuille fourrière » pour faciliter les démarches. D’après Mario, l’intervention prend « un quart d’heure maximum ». On dépassera de quelques minutes ce coup-ci. La faute à une manœuvre délicate à réaliser, entre deux poteaux, mais bien négociée par l’équipe d’intervention mobilisée par la fourrière marseillaise. Pour le propriétaire du véhicule, l’addition est salée : 135 euros pour le stationnement illicite, 135 euros pour l’enlèvement. Sans compter les 20 euros par jour de frais de gardiennage.
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ASVP, une passerelle vers la police municipale ?
Les ASVP formés à la mise en fourrière se déplacent sur le lieu de l’infraction en vélo, à pied ou en voiture. « C’est un peu chacun son tour », sourit un des agents casqués. Plus tôt dans la matinée, Yannick Ohanessian leur a fait part de son souhait de « retirer le couvercle » sur les différents services. Il présente cette habilitation à la mise en fourrière comme un pas de plus vers l’obtention, pourquoi pas, d’une plaque de policier municipal – près de 11.000 postes seraient à pourvoir en France, et la Ville de Marseille manque de main d’œuvre.
Si certains ASVP parviennent à faire la passerelle, la législation actuelle n’offrirait, selon Yannick Ohanessian, pas assez de perspectives en termes d’évolution de carrière. L’élu marseillais appelle de ses voeux un progrès de la loi sur ce dossier.
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