Rentrée sous haute tension pour le conseil municipal de Marseille. Le rapport numéro sept, mis au voix en quasi-ouverture de la séance du 30 septembre, a secoué d’entrée l’hémicycle Bargemon. Introduit par la première adjointe marseillaise Michèle Rubirola (EELV), la délibération présente une subvention de 30.000 euros, pour l’achat de matériel supplémentaire, à l’association SOS Méditerranée – une ONG humanitaire de sauvetage en haute mer basée à Marseille. Une aide qui ne manque pas d’offusquer l’extrême droite, emmenée d’abord par le sénateur des Bouches-du-Rhône, Stéphane Ravier (Reconquête). « 30.000 euros de plus pour subventionner une immigration qui nous coûte déjà un pognon de dingue », commente avec amertume le conseiller municipal d’opposition. Malgré les grondements de la majorité municipale, le soutien d’Eric Zemmour poursuit sa tirade anti-migrants. Jugé « raciste », le discours du sénateur fait bondir l’adjoint au sport Sébastien Jibrayel (PS), et une bonne partie de la gauche marseillaise. Discorde.
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Et la majorité municipale n’est pas au bout de ses peines. C’est au tour d’Arezki Selloum (RN) de commenter le rapport. Le conseiller d’opposition en remet une couche : « la mer Méditerranée est la voie principale des migrants pour venir en Europe ». Exaspérée, l’adjointe à la solidarité, Audrey Garino (PCF) tempête contre l’extrême droite. L’élue communiste rappelle que ce geste financier vise avant tout à « sauver des vies humaines (…) on parle de gens qui meurent en mer ». Finalement, le maire Benoît Payan (DVG) soumet aux voix le rapport, puis sursaute. Jusqu’ici spectatrice du combat de boxe entre le RN et la gauche marseillaise, la droite, représentée dans l’hémicycle par le groupe “une volonté pour Marseille”, s’oppose elle aussi à la subvention, à l’unanimité, sans prendre la peine de nuancer la parole de l’extrême droite.
Le front national est un parti comme les autres.
Yves Moraine (LR)
Interrogée en aparté par la rédaction de Gomet’, Martine Vassal (DVD) s’explique : « sauver des gens, c’est normal, mais après on en fait quoi ? (…) C’est un problème qui est national ». Elle rappelle que son groupe s’était déjà opposé l’année dernière à une subvention similaire adressée à SOS Méditerranée. Martine Vassal reconnaît bien sa responsabilité, en tant que présidente du Département, dans la prise en charge des mineurs non-accompagnés (MNA). « Oui mais des véritables mineurs isolés, », précise-t-elle. De son côté, le conseiller d’opposition Yves Moraine (LR) assume également cette prise de position. S’il réfute tout rapprochement de son groupe avec l’extrême droite, il considère toutefois que « le front national est un parti comme les autres ».
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Lionel Royer-Perreaut en instance de divorce avec la droite vassaliste ?
Le député Renaissance, Lionel Royer-Perreaut (DVD), s’est exprimé cette semaine au sujet des fractures au sein de la droite marseillaise. Il évoque dans les colonnes de La Provence « un rapprochement assumé entre droite nationale et extrême droite » au sein de la mairie des 9e-10e arrondissements, son ancien fief (2014-2022). Huit membres de sa majorité, parmi lesquels les LR Guy Teissier et Didier Réault, ont préféré rejoindre l’opposition de secteur plutôt que de s’associer à la nouvelle maire Anne-Marie d’Estienne d’Orves.
Un mouvement politique félicité sur twitter par le l’ex-RN Stéphane Ravier. Agacé, Lionel Royer-Perreaut dénonce les balbutiements d’un « axe Stéphane Ravier – Guy Teissier », et s’étonne « que ce soit validé par Martine Vassal et les proches de son groupe ». Pour l’élu parlementaire, « il y a une nécessité de clarification qui devra intervenir, tout le monde doit prendre ses responsabilités et assumer ses positions ». De son côté, Didier Réault regrette les prises de position pro-Macron de son ancien adversaire aux législatives.
Didier Réault et Lionel Royer-Perreaut (crédit : RL)
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