Malgré les départs, le parti Les Républicains entame sa restructuration

Renaud Muselier, Lionel Royer-Perreaut, et dernièrement Martine Vassal … Ce ne sont que quelques-unes des personnalités politiques qui ont soit claqué la porte du parti Les Républicains (Renaud Muselier, Lionel Royer-Perreaut), soit pris leur distance en soutenant Emmanuel Macron à l’approche des élections. Et pas des moindres : avec les départs successifs de Renaud Muselier et Martine Vassal, l’antenne des Bouches-du-Rhône, pourtant fief du parti, se retrouve sans président ni secrétaire départemental.

C’est le sénateur et conseiller métropolitain Stéphane Le Rudulier qui assure l’intérim et tente de mobiliser les troupes. Lundi 21 mars, le bureau politique du parti, élargi pour la première fois aux maires des communes de moins de 10 000 habitants, s’est réuni au Florida Palace à Marseille (10e) pour définir une stratégie, partagée ensuite avec les militants présents en nombre. En amont de cette réunion publique, Stéphane Le Rudulier esquisse les grands axes de cette stratégie pour Gomet’ et dresse un état de santé du parti au niveau local. Il annonce également l’ouverture prochaine d’un siège départemental pour le parti. Anciennement situé rue Sainte-Cécile (5e), l’ancien QG des LR a fermé ses portes en septembre 2020.

Pourquoi organiser cette réunion publique, la première depuis un long moment ?

Stéphane Le Rudulier : A trois semaines des présidentielles, il était important de réunir les militants des Bouches-du-Rhône pour donner un nouvel élan à la campagne, mais aussi pour préparer la prochaine échéance avec les élections législatives en juin prochain.

D’ailleurs, les investitures pour les législatives avaient été négociées par Martine Vassal. Son départ remet-il en cause ces investitures ?

S. L. R : C’est la commission d’investiture au niveau national qui a tranché. Il est hors de question de revoir cette liste car elle est pleinement légitime.

Ne craignez-vous pas un duel dans certaines circonscriptions entre d’anciens LR partis soutenir En marche et les candidats investis par LR, par exemple sur la 6e circonscription, où l’ancien maire de secteur Lionel Royer-Perreaut pourrait éventuellement briguer l’investiture LREM, pour faire face à Didier Réault ?

S. L. R : Nous verrons. Je pense que la population reste attachée à la fidélité politique. J’ai confiance dans l’avenir politique de Didier Réault, qui va gagner cette élection.

Le rebond de @lesRepublicains #BouchesduRhone , c’est maintenant ! Merci aux fidèles militants et sympathisants d’être aussi nombreux ! pic.twitter.com/xTJJsdo2JK

— Didier Réault 🎖 (@DidierReault) March 21, 2022

Globalement, comment se porte le parti dans les Bouches-du-Rhône ?

S. L. R : Nous avons à ce jour 5500 adhérents, nous sommes la première force politique départementale et la troisième fédération de France. Au regard de cela, l’état de santé des Républicains localement est plutôt bon. Nous avons cependant besoin de faire vivre notre mouvement : c’est la mission qui m’a été confiée par Christian Jacob (le président du parti au niveau national, ndlr).

Quelle a été votre réaction et plus globalement celle de votre famille politique lorsque Martine Vassal a annoncé son soutien à Emmanuel Macron ?

S. L. R : C’est un choix personnel, que je n’ai pas à commenter. On ne peut être qu’attristé lorsqu’un membre de sa famille s’en va. Elle a exposé ses raisons et ses arguments, que nous ne partageons pas. Je conserve malgré tout mon amitié à Martine Vassal : c’est une bonne présidente de Département. Mais nous ne sommes pas sous le même spectre : mon rôle est de combattre la politique d’Emmanuel Macron au niveau local.

Idem dans le cas de Renaud Muselier et des autres défections. Nous entrons dans une nouvelle ère politique. Je ne pense pas que le président de Région ou Martine Vassal aillent démarcher d’autres personnes pour rejoindre En Marche ou Horizons. C’est un choix qui leur est propre et ils ne demandent à personne de les suivre.

Quand allez-vous désigner un(e) nouveau(elle) président(e) pour la fédération LR des Bouches-du-Rhône ?

S. L. R : Pour l’heure, le contexte n’est pas propice à des élections internes. Nous nous en occuperons une fois les élections passées, à la rentrée de septembre prochaine. Ce qui nous intéresse pour l’heure est de relancer notre parti.

Cette réunion a aussi pour but de réunir ce nouveau bureau politique. Qu’est-ce qui change ?

S. L. R Il s’agit d’un bureau politique élargi : il englobe tous les maires du département, alors que les statuts excluent du bureau les maires de communes de moins de 10 000 habitants. Nous avons souhaité une plus grande représentativité dans ce bureau. Il se compose aussi des parlementaires, conseillers départementaux, régionaux et de circonscription, soit près de 70 personnes au total, pour réfléchir à la stratégie à mettre sur pieds dans les mois à venir, et avoir une forme de démocratie participative.

Un nouveau siège pour @lesRepublicains des #BouchesDuRhone ouvrira bientôt ses portes aux 5500 adhérents du département, annonce @slerudulier pic.twitter.com/NevjYk6WIG

— Gomet’ (@Gometmedia) March 21, 2022

Un des objectifs de cette réunion est d’ailleurs d’annoncer aux militants l’ouverture prochaine d’un nouveau siège pour Les Républicains au niveau des Bouches-du-Rhône. Cela est essentiel pour faire vivre la démocratie au sein du parti. Pour l’heure, différents lieux sont à l’étude, plutôt à Marseille, mais facilement accessible en voiture ou en transports en commun. Notre choix sera définitif d’ici une semaine. Cette décision répond à une demande pressante de nos adhérents : nous avons été fortement sollicités ces derniers mois, car ils ne savent pas à qui s’adresser pour avoir des renseignements ou se réunir. Nous avons pris en compte ce besoin. Ce futur siège aura vocation à accueillir des réunions politiques, des débats. Ce sera véritablement l’espace démocratique du parti. L’information qui vient d’en haut, au niveau national, n’a pas de sens à l’échelle locale. Il faut que le parti se renouvelle au niveau de son fonctionnement. Nous allons d’ailleurs mettre en place une stratégie numérique renforcée pour mieux communiquer avec les sympathisants.

Quel est le point saillant de votre stratégie pour mobiliser avant les élections ?

S. L. R Je crois énormément à l’approche de terrain. Les maires ont un rôle à jouer de façon très prégnante. Les maires étiquetés LR sont sortis vainqueurs des municipales de 2020 à l’échelle du département. A l’aube de ces nouvelles échéances électorales, ils peuvent être un soutien précieux pour les candidats dans les circonscriptions. Ce sera d’ailleurs un des axes de notre stratégie : nous demanderons aux maires d’être aux côtés des candidats, de faire en sorte que les députés élus soient vraiment impliqués dans le territoire et le défendent devant l’Assemblée Nationale.

Vous avez parlé des législatives mais peu des présidentielles … Comment comptez-vous mobiliser le parti derrière une candidate dont la campagne ne décolle pas et qui stagne dans les sondages ?

ll n’y a pas de débat démocratique, ce qui est très préoccupant

Stéphane Le Rudulier

S. L. R : Il faut garder à l’esprit que cette campagne est inédite dans son format. La crise sanitaire nous a empêché de la mener à bien et la guerre en Ukraine n’arrange rien. Il n’y a pas de débat démocratique, ce qui est très préoccupant pour la démocratie. Si on n’a pas ce débat pour les présidentielles et législatives, la rentrée sociale de septembre risque d’être très perturbée, entre la flambée du prix des matières premières, du carburant et des denrées alimentaires. Valérie Pécresse a fait des propositions pour éviter ce scénario, notamment de rendre aux Français l’argent lié à la fiscalité des carburants.

Quant aux sondages, ils sont à prendre avec des pincettes. Lorsqu’on les analyse, on s’aperçoit que 50% des Français ne sont pas encore pleinement entrés dans la campagne. Tout va se jouer dans les dernières semaines, c’est pourquoi nous avons besoin de faire preuve de beaucoup de pédagogie pour réexpliquer le projet aux Français. Nous sommes aux portes du second tour, tout va se jouer dans un mouchoir de poche.

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