À l’approche de la présidentielle et des législatives 2022, les partis politiques font leur mercato. Ralliements, défections, parrainages inattendus… Dans les Bouches-du-Rhône, certains (ex) élus changent d’étiquettes et réaffirment leur couleur. La majorité présidentielle séduit à droite, surtout depuis qu’Édouard Philippe, l’ancien Premier ministre d’Emmanuel Macron, a lancé en octobre dernier son parti de centre-droit « Horizons ». À l’extrême, la récente émergence du polémiste Éric Zemmour, candidat à la présidentielle avec son mouvement « Reconquête ! », débauche certains soutiens historiques de Marine Le Pen. Deux grandes familles politiques sont secouées par ces conversions en chaîne : Les Républicains (LR) et le Rassemblement national (RN).
Ces ex-LR qui soutiennent Macron
Les Républicains, menés par la présidente de la Région Ile-de-France, Valérie Pécresse, pour la présidentielle d’avril, sortent d’une année compliquée en Provence-Alpes-Côte d’Azur. Depuis les départs quasi-successifs de l’édile toulonnais, Hubert Falco, de l’ancien président de la Région Sud, Christian Estrosi, en mai dernier, et de celui en poste, Renaud Muselier, six mois plus tard, la famille emblématique de droite a perdu trois personnalités locales de premier plan. D’autant que le maire de Toulon, et celui de Nice ont changé de couleur dans la foulée. Ils ont récemment rejoint Horizons, le parti créé en fin d’année par Édouard Philippe, ralliant ainsi la majorité Macron, à deux mois de l’élection présidentielle.
Et ils ne sont pas les seuls. L’ancien maire du troisième secteur de Marseille Bruno Gilles (ex-LR) marche désormais lui aussi avec Horizons. Depuis début février, il est même le nouveau délégué municipal du parti à Marseille. Dans la cité phocéenne, l’édile des 9e-10e arrondissements, Lionel Royer-Perreault soutiendra lui aussi l’actuel chef de l’État pour la prochaine présidentielle. « Je quitte LR et je soutiens Macron », annonce-t-il dans La Provence mercredi 9 janvier. Une défection en partie motivée par son absence de la liste des investitures LR pour les législatives de juin dans les Bouches-du-Rhône – la commission nationale présidée par le très droitier Éric Ciotti lui préfère l’élu métropolitain Didier Réault dans la 6e circonscription. Malgré cette rupture soudaine, le maire de secteur Lionel Royer-Perreaut n’a pas rejoint Horizons. Contrairement à Isabelle Campagnola-Savon (ex-LR). « Heureuse de rejoindre Édouard Philippe (…) un homme politique qui a une vision pour le pays », déclare sur Twitter la conseillère municipale marseillaise et élue à la Région.
Présidentielle : Renaud Muselier (ex-LR) claque la porte à Valérie Pécresse
Et Renaud Muselier alors ? Le président de la Région Sud, qui n’a pas encore attribué son parrainage, a publié lundi 13 février une tribune dans le journal L’Opinion. « Notre futur président doit proposer une vision et un cap pour l’avenir, à la hauteur de ce que la France incarne dans le monde », estime l’ancien député européen, avant de constater : « dans cette campagne, je ne vois aucun candidat déclaré à la hauteur de cette vocation ». Un pic qui semble directement adressé à Valérie Pécresse. La présidente de la Région Ile-de-France ne doit désormais plus compter sur Renaud Muselier, qui préfère encenser le bilan Macron : « Nous sommes le pays du monde dont l’économie redémarre le mieux, selon le New York Times ! ». Pour autant, le médecin marseillais, en agent libre, ne donne pas (encore) son soutien à l’actuel chef de l’État. D’ailleurs, le locataire de l’Élysée ne s’est toujours pas déclaré candidat à sa propre succession.
Stéphane Ravier (ex-RN) change son fusil d’épaule
Le sénateur des Bouches-du-Rhône, Stéphane Ravier, quitte le Rassemblement national. L’ancien maire des 13e-14 arrondissements de Marseille a annoncé ce dimanche son ralliement à Éric Zemmour en vue de l’élection présidentielle. Après « 30 ans de boutique (…) je constate que mes idées et mes convictions ne sont plus portées par Marine Le Pen », a-t-il annoncé sur Europe 1, quelques jours après avoir accordé son parrainage… à la candidate RN « pour solde de tout compte ».
Bienvenue mon cher @Stephane_Ravier ! Vive Marseille et surtout, vive la France ! pic.twitter.com/kfBG8wN9Oz
— Eric Zemmour (@ZemmourEric) February 13, 2022
Une démission accélérée par le tollé provoqué en interne sa conseillère municipale Sophie Grech (RN) après avoir attribué son parrainage à Éric Zemmour fin janvier. En réponse à cette « trahison », quatre élus marseillais – Franck Allisio, Eléonore Bez, Gisèle Lelouis et Arezki Selloum – se sont retirés du groupe municipal RN présidé par Stéphane Ravier, s’opposant à une cohabitation avec la conseillère pro-Zemmour.
Pour les quatre démissionnaires, le refus de Stéphane Ravier d’exclure Sophie Grech du groupe est « une tentative d’assassinat politique envers Marine Le Pen, dénonçait début février Franck Allisio sur France 3, et de préciser : nous sommes restés à la région car Sophie Grech s’est retirée. Il n’y avait donc pas de conflit d’idées ». À deux mois de la présidentielle, la candidate RN Marine Le Pen n’a pas encore les 500 parrainages nécessaires pour se présenter officiellement.
Pour l’heure, l’ancien candidat aux régionales, Thierry Mariani, discret depuis sa défaite, reste fidèle au RN tout comme le maire de Fréjus, David Rachline – malgré la défection d’un de ses adjoints au profit du parti « Reconquête ! ». Autre silence dans le paysage politique local, et il est assourdissant, compte tenu du contexte. Martine Vassal, la double présidente LR du Département et de la Métropole, présidente départementale de la Fédération des Bouches-du-Rhône, ne fait aucun commentaire politique depuis plusieurs semaines.
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