« Je ne me vois pas arrêter un service qui peut marcher ». Devant l’hôtel de Ville, lundi 13 février en fin d’après-midi, l’adjointe marseillaise aux mobilités, Audrey Gatian, met fin au suspens. L’élue vient de rencontrer, à l’occasion d’une « réunion très productive », les représentants des trois opérateurs, Voi, Lime et Bird, qui déploient chacun, dans les rues de la cité phocéenne, près de 1500 trottinettes électriques en free floating – soit une flotte totale de 4500 véhicules.
Tandis que les plaintes pour nuisances se multiplient, Marseille refuse pour le moment de faire marche arrière sur les trottinettes en libre-service. La mairie voit toujours en cette solution de mobilité “douce” une alternative crédible à la voiture. Malgré la gronde d’une partie de la population, qui dénonce notamment la pollution visuelle et le stationnement sauvage sur les trottoirs, le ballet des trottinettes continue à Marseille… mais à certaines conditions.
De nouvelles mesures pour réguler l’utilisation des trottinettes à Marseille
Un mois après avoir posé un ultimatum aux trois délégataires de service – et après avoir sollicité ponctuellement les services de la fourrière – la mairie constate des améliorations depuis la mi-janvier. Pour l’heure, elle ne met pas à exécution sa menace de rupture de convention. « Les opérateurs ont senti l’urgence de la situation (…) Ils nous ont proposé des solutions crédibles », justifie Audrey Gatian.
« Ils ont mis les moyens technologiques et humains pour mieux réguler les (900) stations, avec un nombre d’engins qui va être contrôlé (…) Sur chaque zone de stationnement, il y aura trois à quatre trottinettes par opérateur (…) Les deux patrouilles (mobilisées par les délégataires) en charge de repositionner les trottinettes ont été renforcées, jusqu’à quadrupler ». Et la centaine de stations “virtuelles”, sans marquage au sol, a été supprimée.
Dans le monde, des villes comme Barcelone ou New York ont déjà renoncé aux trottinettes. En France, la municipalité de Paris va organiser un référendum le dimanche 2 avril prochain pour fixer l’avenir des trottinettes en libre-service dans la capitale. Audrey Gatian n’écarte pas cette option à Marseille.
Un contrôle d’identité des utilisateurs va être mis en place
Pour ne pas perdre le marché marseillais, les opérateurs ont même proposé à la Ville de mettre en place, dans les jours à venir, une solution de contrôle d’identité, notamment pour lutter contre la fraude à la carte bleue. « L’utilisateur va être obligé de scanner sa carte d’identité, avec une reconnaissance faciale, explique Audrey Gatian, et de préciser : on aura une carte d’identité qui sera associée à une carte bleue ».
Une manière également de contrôler l’âge des usagers. De quoi rassurer la mairie, qui souhaite connaître tous les chiffres, statistiques et autres données GPS. « Je veux savoir combien de trottinettes circulent dans la ville en temps réel », indique Audrey Gatian. Les services municipaux et les opérateurs se donnent encore deux semaines de travail conjoint pour aboutir à « une photographie claire et objective » de la circulation en direct.
En 2022, sur le sol français, 34 personnes ont perdu la vie en trottinettes électriques, contre 10 en 2019.
Les opérateurs doivent faire leurs preuves « avant cet été »
Pour Audrey Gatian, « l’objectif n’est pas de couper la tête des opérateurs ». Mais le trio Voi, Lime, Bird devra faire ses preuves et tenir ses engagements « avant cet été ». Autrement dit, les copies devront être conformes d’ici le mois de mai, car la mairie ne veut pas revivre un autre été 2022. Une période « qui s’était assez mal passée au niveau des trottinettes et des vélos (…) C’était la catastrophe sur le littoral avec des stations qui débordaient dans tous les sens », se souvient l’adjointe.
La mairie serre la vis. « Si le service n’est pas rendu et que rien ne marche, on ne s’interdit rien ». Audrey Gatian confirme que la convention, qui court jusqu’en octobre 2023, « peut être dénoncée » avant d’arriver à terme. L’élue rencontrera chaque mois les représentants des trois sociétés pour faire un point sur la progression du service déployé dans les rues de Marseille. Un renouvellement des délégations de service public est envisageable à la rentrée si les opérateurs rentrent dans les clous.
🚶♀️🚶🚶♂️C’est nous qui ne pouvons plus marcher alors que ce n’était déjà pas facile. Arrêtez le massacre (y compris visuel — et ça concerne aussi les vélos, qui ne sont pas plus vertueux que les autres). pic.twitter.com/yaJo2GNU8f
— Euromedhabitants (@euromedhabitant) February 13, 2023
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