La multinationale espagnole Martico Reeffer Solutions cherchait à s’installer en France depuis quelques années. C’est au bord de l’Étang de Berreà Martigues, boulevard Mongin, qu’elle a trouvé sa place. Fin 2020, Emilie Zamora et Alison Kersuzan ont tendu la main au groupe pour créer une filiale française. Et ça fonctionne. Depuis deux ans, les deux femmes, respectivement directrice générale et directrice des opérations et des finances, dirigent l’antenne française de Martico qui a bénéficié de la notoriété du gros poisson espagnol. Emilie et Alison se sont frayées un chemin dans un secteur très masculin en réalisant 6,5 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2022, soit 50% de plus par rapport à 2021. Cette année, les dirigeantes entendent devenir rentables en augmentant leurs volumes et vulgariser leur métier sur les réseaux sociaux.
Agronome de métier, Emilie Zamora et son associée, Alison Kersuzan, juriste spécialiste de la logistique, se sont rencontrées six ans plus tôt chez un transitaire de la région. Leur ambition et leur bonne entente professionnelle les poussent à sauter le pas de l’entrepreneuriat. Mais elles manquent de visibilité auprès des compagnies maritimes. Emilie et Alison« s’associent» donc au groupe espagnol Martico Reeffer Solutions, en activité depuis 1986 à Valence, pour lancer leur transitaire agroalimentaire. « Martico est un acteur majeur de la place en reeffers [conteneurs agroalimentaires sous contrainte de températures, Ndlr]. Pour vous donner une idée, le groupe a réalisé le transit de 80 000 conteneurs de 40 pieds à l’export en 2022», illustrent les dirigeantes. En Europe, le transitaire espagnol est le troisième acteur du marché agroalimentaire avec 10 millions de tonnes traitées chaque année.
La notoriété de Martico leur a ouvert les portes à l’export. « Pour l’import, on avait déjà de l’expérience », soulignent-elles. Entre fin 2020 et fin 2022, Martico a trouvé ses marques en France avec 122 clients tels que HL Hall, les poissonneries Barba ou Georges Helfers (Plan d’Orgon). Martico Martigues livre tous les jours le marché d’intérêt national (MIN) des Arnavaux de Marseille, le MIN de Cavaillon et Rungis. En 2022, le transitaire martégal a réalisé le transit de 1 700 conteneurs de 40 pieds (2 E.V.P).
Martico à Martigues : augmenter les volumes traités en 2023
Pour 2023, les fondatrices comptent accélérer le développement commercial de l’entreprise grâce aux recrutements de 12 salariés l’année dernière. « On espère faire croître de 50% notre volume, ce qui équivaudrait à 800 conteneurs supplémentaires, envisagent Émilie et Alison, Notamment en continuant de fidéliser nos clients.» Cette projection pourrait notamment être encouragée par l’activité en croissante de l’activité reeffers du port de Marseille-Fos (+13,6%) et la chute du taux de fret mondial, avoisinant les mêmes valeurs qu’avant la crise sanitaire (2 500 dollars pour un conteneur de 40 pieds).
Si Alison et Emilie se sont fait un nom sur la place portuaire, tenir la barque n’a pas toujours été simple pour les deux femmes qui évoluent depuis toutes jeunes dans un milieu très masculin. « L’importation de fruits ou l’exportation de viande est un secteur typiquement masculin que ce soit dans les entreprises ou dans les syndicats. Ça a toujours été compliqué. Nous avons dû obtenir la confiance des clients, comme une sorte de légitimité. Surtout que, quand on a commencé ce métier, on était jeunes. On a mis entre six et sept ans avant d’obtenir des résultats probants », confient les dirigeantes qui s’envolent dans quelques heures pour le salon berlinois Fruit Logistica.
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