Dans notre baromètre 2020 des levées de fonds, on constate un arrêt brutal des opérations avec l’apparition du Covid-19. Avez-vous constaté le même phénomène ?
M.C : Honnêtement, pas au début. Beaucoup de dossiers avait été lancés en amont et pendant le premier confinement, nous avons quand même levé de l’ordre de 2 millions d’euros avec trois dossiers parisiens. Ils ont tout de même été un peu retardé car les financeurs ont mis plus de temps pour signer. Certains étaient plus attentistes à cause de la pandémie et d’autres n’avaient pas les outils pour procéder à une signature électronique. On a plutôt ressenti le ralentissement par la suite avec l’arrivée des prêts garantis par l’Etat (PGE). Ce relais a poussé beaucoup d’entreprises à choisir cette solution non dilutive. Ensuite, il y a eu un net regain en fin d’année mais il s’est essouflé rapidement car les investisseurs craignaient un changement de la règle fiscale, notamment sur la plus-value. Finalement, il n’ pas eu lieu et les dossiers sont finalement repartis à la hausse depuis quelques mois. Encore une fois, le PGE a permis à de nombreuses entreprises de décaler leurs opérations de capital-développement.
En tant qu’expert-comptable, conseillez-vous aux entreprises de préférer un PGE non dilutif à une ouverture du capital ?
M.C : Il n’y a pas de vérité absolue. Une levée de fonds doit correspondre à des objectifs clairs. Est-ce que je lève pour accélérer mon développement, pour faire entrer un fonds qui lui-même sera un partenaire à mes côtés ? L’ouverture de son capital à des financiers permet également de structurer son entreprise. Par exemple, si elle ouvre son capital à Région Sud Investissement, elle fait appel à des personnes qui connaissent le marché, qui sont capables d’aider intellectuellement le dirigeant à voir plus loin. Dans la région, Il y a d’autres fonds privés comme Connect Pro ou Tertium qui sont des accompagnateurs de business. Nous ne conseillons pas systématiquement à nos clients d’ouvrir leur capital, c’est vraiment du cas par cas. L’expert-comptable participe en amont à la structuration de la levée pour choisir la bonne solution et les bons interlocuteurs en fonction des besoins de l’entreprise. Si c’est seulement pour du cash, il y a les banques et le PGE.
Notre baromètre constate également un prédominance des secteurs de la santé et du numérique. Est-ce une particularité locale ?
M.C : Quand vous regardez au niveau national, les sociétés qui se lancent jusqu’à la cotation en bourse sont en grande majorité des entreprises de la santé. Ce secteur draine historiquement beaucoup de fonds car il est très gourmand en cash pendant plusieurs années avant d’entrevoir un aboutissement fructueux, notamment sur le médicament. Après, en dehors de Paris, certaines régions tirent leur épingle du jeu comme Montpellier et Marseille. C’est effectivement un secteur clé pour la région avec une recherche très performante qui débouche de plus en plus sur des entreprises très prometteuses. Sur le numérique, la création de la french tech a poussé l’ensemble des métropoles du pays à se structurer pour pousser ce secteur. Localement, nous avons également un secteur aéronautique très fort et des gros acteurs de la microélectronique qui crée un écosystème vertueux pour l’essaimage.