Un événement international dédié à la protection de l’environnement se prépare à Marseille. Du 14 au 16 juin, se réunira la Commission méditerranéenne du développement durable (CMDD). Cette entité née en 1996 est aujourd’hui constituée de 46 membres. C’est avant tout une instance de dialogue et de propositions autour de sujets cruciaux : l’eau, l’énergie, les transports, le tourisme, l’agriculture, le développement urbain etc.
La CMDD n’est pas un organe décisionnaire contrairement à la conférence des parties (COP). Mais elle intègre 24 membres issus de la société civile. Autrement dit, plusieurs élus locaux, parlementaires, ONG… seront eux aussi de la partie. Ils pourront rencontrer, voire confronter les figures des gouvernements européens, africains et d’Asie occidentale. L’UE sera également représentée à Marseille, tout comme le monde économique, et le milieu scientifique.
Un cap à fixer pour préserver la Méditerranée
La 20e réunion organisée cette semaine à l’hôtel de ville marseillais est très attendue, notamment par les membres de la Convention de Barcelone (1976) – un accord multilatéral dédié à la mer Méditerranée et son littoral. Et pour cause, les questions soulevées, et les directives suggérées pendant ces trois jours, doivent permettre aux 22 pays méditerranéens d’établir une stratégie à long terme pour protéger la Grande bleue.
Les quatre objectifs principaux de ce rendez-vous :
1. Promouvoir le développement durable dans la région méditerranéenne en intégrant les dimensions économiques, sociales et environnementales.
2. Renforcer la coopération entre les pays méditerranéens pour faire face aux défis communs liés au développement durable.
3. Faciliter l’échange d’informations, de bonnes pratiques et de connaissances entre les pays membres.
4. Mettre en œuvre des projets et des initiatives visant à promouvoir le développement durable dans plusieurs domaines cruciaux.
Cette rencontre organisée pour la première fois en France depuis 1997 « est à la fois un lieu d’échanges entre le Nord et le Sud, et un lieu d’échanges entre la société civile et les représentants des États », résume Guillaume Sainteny, le président du Plan Bleu. Ce centre d’expertise implanté à Marseille produit notamment des rapports et des scénarios afin de sensibiliser les parties prenantes du bassin méditerranéen au développement durable.
Guillaume Sainteny espère que la France assumera cette semaine son statut de premier pays méditerranéen, et qu’elle continuera de jouer un rôle moteur dans la préservation de la Méditerranée, et de sa biodiversité. Le gouvernement tricolore sera représenté à Marseille par Hervé Berville, le secrétaire d’État chargé de la Mer. À noter également la participation de Karim Amellal, ambassadeur et délégué interministériel à la Méditerranée.
Quels sont selon vous les principaux enjeux de cette commission méditerranéenne du développement durable organisée du 14 au 16 juin à Marseille ?
Guillaume Sainteny : C’est un évènement qui se déroule à Marseille, pour la première fois au XXIe siècle sur le territoire français. Deux aspects sont importants. Celui de l’intervention française, c’est-à-dire ce que la France va dire ou annoncer. Comme c’est le premier pays méditerranéen par le PIB, par la Marine nationale, par la puissance diplomatique, par la langue etc. On espère qu’il y aura des annonces françaises à portée internationale et méditerranéenne. Ensuite, la commission partagera bien sûr un compte-rendu que nous lirons attentivement.
Quelles sont vos attentes vis-à-vis de la France ?
G.S : J’espère déjà qu’il n’y aura pas qu’une seule annonce, mais plusieurs. Si je représentais la France, ce qui n’est évidemment pas le cas, j’estime qu’il y aurait beaucoup de choses à annoncer. Deux types de mesures existent. Les mesures nationales, qui concernent la Méditerranée française tant terrestre que marine. Là-dessus, la France a 100% la main. Et ensuite, la France étant la première puissance de la Méditerranée, elle peut évidemment lancer des initiatives diplomatiques. Et suggérer des mesures à l’échelle du bassin méditerranéen, même si elles ne sont pas directement applicables.
Espérez-vous l’annonce d’une mesure phare en particulier ?
G.S : Je me souviens du grand succès lié à l’annonce d’une zone Seca (zone de contrôle des émissions d’oxydes de soufre et de particules) en Méditerranée. C’est une idée qu’on a lancé en 2016. Il y a eu six ans de négociations pour que cela aboutisse, ce qui n’est pas si mal quand on a 21 pays à mettre d’accord et qu’on est sur une mesure technique qui coûte un peu d’argent. L’application est assez rapide puisqu’elle est prévue dans deux ans. Aujourd’hui le discours des ONG, c’est de dire : « ce n’est pas suffisant, il faut aussi s’attaquer au NOx (émissions d’oxydes d’azote) ».
Peut-être que si j’étais une ONG, je dirais la même chose. Mais d’un autre côté, si on avait fait la zone Neca en même temps que la zone Seca, on n’aurait jamais eu de décision. Cela aurait fait une contrainte trop importante pour les pays impliqués. Maintenant qu’on a l’accord sur Seca, on va essayer d’avancer sur Neca. Donc j’espère qu’il y aura là aussi un signal de la CMDD sur le sujet. Et j’espère que la France, qui a joué un rôle tout à fait positif dans Seca, en étant, avec le Plan Bleu (…) un moteur, donnera des signaux favorables à la mise en place de Neca.
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