La Méditerranée abrite entre 4 et 18 % des espèces marines connues, alors qu’elle couvre moins de 1 % des océans mondiaux. « Pourtant, elle est l’objet d’agressions constantes, elle est en danger », prévient Marc Reverchon, le P-dg de La Méridionale. L’armateur ne nie pas le rôle du trafic maritime dans la pollution des mers et souhaite s’engager pour minimiser son impact. Ce jeudi 6 septembre, La Méridionale est la première compagnie à signer une charte d’éco-responsabilité avec l’agence française pour la biodiversité et trois aires marines protégées dont le Parc national des Calanques. Au travers de ce texte, la filiale du groupe Stef réitère ses engagements en faveur de l’environnement. Par exemple, la réduction de sa consommation de combustibles fossiles.
Des branchements à quai bientôt en Corse
La Méridionale fait déjà figure de pionnier sur le port de Marseille avec son système de branchement à quai qui lui permet de ne pas brûler de fioul quand ses bateaux sont amarrés. Et la semaine prochaine, la compagnie va annoncer un investissement similaire en Corse. Le nouveau règlement Marpol VI prévoit que la teneur en souffre des fumées des navires passent de 3,5 % à 0,5 % en 2020. L’entreprise est donc en pleine recherche de nouvelles technologies pour réduire ses émissions polluantes. Ses navires sont en train de tester des scrubbers « mais rien n’est encore décidé », tempère Marc Reverchon. En effet, ces hottes aspirantes coûtent entre 10 et 15 millions d’euros chacune et « elles ne règlent pas tous les problèmes », affirme le patron. Alors, il continue de chercher et travaille notamment « sur une nouvelle solution dont nous vous parlerons très prochainement », avance-t-il énigmatique.
Le gaz naturel liquéfié (GNL), annoncé souvent comme le carburant du futur, n’est pas pour lui la solution miracle : « Il est efficace pour les émissions de souffre, d’oxyde d’azote ou encore de particules mais pas suffisamment sur le CO2 », estime Marc Reverchon. Ainsi, il n’investira pas des dizaines de millions d’euros pour équiper ses navires et encore moins dans un nouveau bateau dont les montants atteignent parfois les 200 millions d’euros. « On achètera prochainement des bateaux neufs mais pas forcément au GNL », indique-t-il. Pour atteindre les fameux 0,5 %, il semblerait que l’utilisation de « diesel oil » (DO) soit suffisante. « Les bateaux utilisent déjà ce carburant dans la zone arctique qui exige des émissions maximum à 0,1 % », explique Marc Reverchon. Et même si il coûte environ 50 % plus cher que le fioul, La Méridionale pourrait l’utiliser dans ses navires afin de réduire ses émissions. Mais à long terme, le président de la compagnie mise sur la pile à hydrogène qui est déjà testée sur certains bateaux à l’étranger. « C’est l’avenir, promet-il. Mais il va falloir attendre encore une bonne vingtaine d’années pour la voir se populariser », avoue-t-il. Alors en attendant la technologie miracle, La Méridionale tente d’autres approches.
Après la Méridionale, la charte attend les autres compagnies
Sur la protection des espèces marines, la Méridionale est également en pointe. Elle est la première compagnie à avoir adopté le système Repcet qui vise à limiter les collisions avec les cétacés. Pour aller plus loin, elle va travailler avec le parc naturel marin du Cap Corse et de l’Agriate pour adapter son trafic pendant les périodes de fortes affluences des grands mammifères dans la zone. La charte prévoit également que la compagnie transmette ces données d’observations aux aires marines. La sensibilisation du grand public est également au cœur de ce partenariat. « On ne peut plus laisser les passagers jeter leurs mégots par dessus bord », insiste Madeleine Cancemi, la directrice délégué du Cap Corse et de l’Agriate. L’agence française pour la biodiversité prévoit donc de mener des campagnes au cours des traversées.
Si la Méridionale est la première compagnie à adhérer à la charte, l’objectif est d’en attirer d’autres très rapidement « même si elles n’en sont pas toutes au même stade de réflexion », avoue François Gauthiez, directeur de l’appui aux politiques publiques de l’Agence française pour la biodiversité. Il espère voir d’autres compagnies de ferries le rejoindre mais compte aussi élargir aux sociétés de fret maritime « Il faut agir sur tous les fronts et on attend une implication totale des acteurs du maritime », conclut-il.
Un trafic passager en hausse de 8,6 % sur le premier semestre 2018
La Méridionale affiche de bons résultats sur les six derniers mois. Le trafic passager augmente de 8,6 % et le fret de 2,6 %. Ainsi, elle voit son chiffre d’affaires s’envoler de 12 % à 56 millions d’euros. En septembre 2019, l’actuelle délégation de service public sur la desserte maritime entre Marseille et la Corse prendra fin. La Méridionale se prépare donc pour la prochaine DSP qui prendra provisoirement le relais jusqu’à fin 2020 avant la véritable délégation qui courra sur dix ans à partir de 2021. Si le groupe Stef a refusé l’offre de fusion de Corsica Linea au printemps dernier, les deux compagnies devront tout de même discuter en vue de cette future DSP celle-ci devant intégrer la future compagnie maritime régionale en préparation.
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