«Nous voulons accompagner le changement de mentalité et les transitions sous toutes leurs formes », déclarait vendredi dernier, Amapola Ventron, vice-présidente de la Métropole Aix-Marseille Provence. En octobre 2022, la Métropole lançait un appel à solutions sur la plateforme de l’innovation autour de la mobilité et logistique urbaine, dans la foulée de la mise en place d’une ZFE-m (zones à faibles émissions mobilité) dans la Métropole. Mais cette initiative est plus large, elle doit permettre d’accompagner les entreprises dans des solutions alternatives. Amapola Ventron résume simplement : « Il faut récupérer le savoir pour le mettre à profit des entreprises. »
La Métropole cherchait donc « des solutions issues du territoire et déjà implantées », qui répondraient aux attentes de professionnels (commerçants, restaurateurs, entreprises…). Près de vingt projets ont été proposés dont quatorze, jugés « futuristes, novateurs, accessibles », ont été retenus. C’est au centre d’innovation marseillais, La Coque, que sept de ces entreprises sont venus pitcher leurs projets.
Drive Cube propose une alternative à la livraison à domicile
« Le transport le moins polluant est celui qu’on ne fait pas » annonce d’emblée Antoine de Saléon, porteur du projet Drive Cube. Une solution de casiers click and collect dédiée aux commerces de proximité qui souhaitent livrer leurs clients sans se déplacer. « Une fois la commande passée sur son site, le commerçant n’a plus qu’à déposer la commande dans les casiers installés près de son magasin, le client peut ensuite récupérer son colis quand il veut », présente-t-il.
Un gain de temps pour clients et commerçants, et un coup de pouce pour la planète : proposer des lieux de dépôt de colis permet en effet de limiter les émissions de CO2 qui auraient été émises lors de la livraison à domicile. La congestion urbaine et le suremballage sont également évités par ce mode de distribution. Les casiers ont cependant été pensés pour la location et non la vente: « Ce sont des casiers tout terrain, non bétonné, qui s’installent très facilement devant des boutiques, ou sur des parkings pour être mutualisé » explique Antoine de Saléon. Son associé, Régis Laurent, explique qu’il faut compter 200 euros par mois pour quatre/cinq casiers.
Une façon pour les commerçants de faire face aux casiers jaunes à sourire qui commencent à s’installer partout… Et bonne nouvelle, ceux de Drive Club sont locaux, puisqu’ils sont fabriqués à Aubagne.
Se faire livrer à vélo avec La Courserie
De son côté, La Courserie propose ses services de livraison à vélo et vélo cargo. Créée fin 2022, l’entreprise compte désormais six salariés qui suivent une parfaite parité. Un point clé pour l’entreprise, qui assure être guidée par « des valeurs environnementales, sociales et humaines».
Pour profiter de leurs services, rien de plus simple : il suffit de les contacter via smartphone, de remplir quelques informations, puis de patienter. « Nous proposons des livraisons en 1h30 dans tout Marseille : Centre, Estaque, Pointe Rouge, Valentine », explique Diego Guglieri, porteur du projet. « Les clients peuvent suivre l’évolution du trajet, ils savent tout », reprend t-il. Ces clients sont principalement des commerciaux, des pharmaciens, des professions libérales, «75% font du BtoB, 25% font du BtoC», précise Diego Guglieri. Mais l’entreprise est ouverte à tous les professionnels : «On s’adapte à notre clientèle », affirme-t-il.
Un dispositif qui fonctionne : en moins d’un an, La Courserie a livré près de 80kg pour 1400 livraisons par mois. Des livraisons effectuées 6j/7 de 8h30 à 19h par trois vélos cargo à assistance électrique et des vélos classiques. Diego Guglieri expose les apports de La Courserie : « On permet au commerçant de se concentrer sur son activité, et on permet un désengagement des rues ».
Collecter et valoriser les déchets alimentaires avec Les Alchimistes
«Je passe en dernier, alors j’espère que vous en avez pas trop marre » plaisante Gaëtan Quaresma, représentant du projet Les Alchimistes. Bien qu’il présente sa solution après six autres, les oreilles sont grandes ouvertes pour découvrir sa solution de collecte et de recyclage des déchets alimentaires. Les Alchimistes proposent deux façons de collecter les déchets dans toute la Métropole, pour être adaptable à toutes situations. « On peut faire de la collecte à camion, pour des gros volumes de déchets (bacs de 120L), Mais on propose surtout de la collecte à vélo pour le centre ville », explique Gaëtan.
Lien utile : Planète locale : les Alchimistes transforment les biodéchets en compost
Il estime que les vélos permettent de collecter dix tonnes de déchets par mois, tandis que les camions récoltent 150 tonnes de déchets par mois. Un gap qu’il aimerait réduire, mais qui n’est parfois pas permis par les quantité de déchets de leurs clients. Mais Gaëtan reste fier : «30% des points de collecte se font à vélo, et 70% des points de collecte en centre ville sont à vélo ». Cette collecte s’effectue en partenariat avec Toutenvélo, spécialiste des vélos cargo. A terme, les Alchimistes espèrent que toutes les collectes s’effectueront à vélo ou à camion qui fonctionne aux biocarburants.
Mais l’initiative ne s’arrête pas à cette étape, les déchets collectés vont ensuite être traités dans un quai de transfert, situé dans le 15ème. Une partie du processus, importante pour Gaëtan : « Normalement les déchets sont envoyés loin, nous avons décidé d’être innovant en terme de logistique » témoigne t-il. Une partie du processus important aussi pour la planète: «On réduit par deux le trajet des déchets, cela correspond à un abaissement de 60km par tonne de déchets» affirme Gaëtan. Ces déchets deviennent ensuite un compost revendu à des maraichers, des paysagistes ou encore des fermes urbaines. Un circuit vert de la collecte à la réutilisation qui fonctionne, Les Alchimistes devraient passer le cap du million de chiffres d’affaire en 2024.
Liens utiles:
> Retrouvez nos articles sur d’autres alternatives présentes
> Notre article sur la ZFE-m