Alors que la présidente de la Métropole Aix-Marseille Provence, Martine Vassal, présentait son bilan de mi-mandat jeudi 22 juin au Silo, à Marseille, l’opposition aussi avait son mot à dire. En parallèle, les élus du groupe « Pour une métropole du bien commun », Sophie Camard, Jessie Linton, Christian Pellicani et Eric Semerdjian, ont donc dressé le bilan de ces trois dernières années. Des années jugées laborieuses, mises à l’épreuve par les discordes politiques, mais aussi par la réforme de la loi 3DS et les exigences du plan Marseille en grand.
Pourtant, en décembre 2022, une lueur laissait entrevoir une relation sous de meilleures hospices entre la majorité de droite et la Ville de Marseille. Les deux parties avaient en effet réussi à se mettre d’accord sur une convention visant à déléguer à deux élues marseillaises, Perrine Prigent et Christine Juste, les compétences voirie et déchets, jusqu’alors gérées entièrement par la Métropole. Mais six mois après son entrée en vigueur, le bilan de cet accord n’est semble-t-il pas concluant. « Pour le moment, nous sommes déçus » confie à demi-mots Sophie Camard, qui précise qu’un point dédié à ce sujet sera fait par la Ville de Marseille en septembre.
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La Métropole, un « outil trop politisé »
Le groupe Pour une métropole du bien commun a rencontré début juin les organisations syndicales de la collecte des déchets. Sophie Camard soulève les difficultés rencontrées par les agents : « Les tournées sont très longues. L’absence d’un seul agent déstabilise toute la collecte » pointe notamment la maire du 1/7. Le constat est aussi négatif en ce qui concerne la collecte des déchets professionnels, pour laquelle la Métropole s’est déportée depuis 2022 : « La Métropole avait dix ans pour préparer cela, mais elle ne l’a pas du tout préparé » accuse Sophie Camard. « C’est comme pour tout : on a vraiment l’impression que la Métropole souscrit à ses obligations légales pour être dans les clous, sans se soucier de la façon dont elle fait ! » souffle à nouveau Jessie Linton.
La présidente du groupe Sophie Camard, également maire du 1/7 à Marseille, rappelle la nature de la Métropole, qui est un établissement public de coopération intercommunal (EPCI) : « Ce n’est pas normal d’instrumentaliser politiquement un bilan de mi-mandat. La Métropole est un outil qui n’a pas vocation à être politique » martèle-t-elle. Les élus de gauche ne mâchent pas leurs mots : ils se disent « excédés » et déplore que le fonctionnement de la Métropole soit constamment « grippé.»
Bilan contrasté sur les transports, le bruit et l’économie
Dans le viseur des élus, les engagements selon eux à moitié tenus sur les transports, la ZFE ou encore sur l’écologie. Concernant les transports, les élus de l’opposition déplorent que le développement du vélo reste encore « un sujet épineux. » Sur l’extension du tramway vers la Belle-de-mai, la conseillère métropolitaine Jessie Linton regrette de « ne pas voir le projet avancer. » « On ne peut pas croire que le projet de tramway vers les Catalans ne retarde pas celui au Nord … » pointe Jessie Linton. Les élus dénoncent aussi des incohérences dans la refonte du réseau de bus : « Nous avons l’impression que la Métropole ne prend pas conscience de l’ampleur de l’enjeu pour les Marseillais et continue à proposer une desserte avec des bus qui s’arrêtent à 21h », s’agace Jessie Linton.
Moins médiatique mais tout aussi important, les élus attaquent le bilan de la Métropole sur le bruit : « La Métropole a voté un plan de lutte contre le bruit. Nous étions preneurs d’outils de mesures. Certes, la Métropole a mis en place l’observatoire des nuisances sonores, mais il manque un lien avec la société civile » jauge le conseiller métropolitain d’opposition Christian Pellicani.
Enfin, sur le plan de l’économie, l’opposition juge que « la Métropole est bien en deça de ce qui pourrait être attendu d’une deuxième métropole de France. » La Métropole consacrerait ainsi « 12 euros par habitants, contre 70 à Lille » chiffre le bilan présenté ci-dessous. Les élus estiment aussi que le développement économique passe par l’accompagnement des étudiants et reproche à la Métropole de ne pas s’être assez impliquée dans l’aide à ces derniers pendant la crise covid.
Document source : le bilan de mi-mandat du groupe Pour une métropole du bien commun
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