(5) La chute de la République en marche
Les sondages distillés par la Provence avaient anticipé, à juste titre cette fois, la chute de la maison Macron à Marseille. Le feuilleton de la désignation du candidat, la prétention des représentants nationaux qui affirmaient haut et fort détenir la martingale gagnante à tous les scrutins, ont échoués au mur du réel municipal. Le score d’Yvon Berland de 8 %, est conforme à celui que les sondages lui donnaient en janvier, il est confirmé, secteur après secteur, quels que soient les candidats, leur histoire, leur engagement et leur enracinement sur le territoire. Saïd Ahamada qui avait pourtant été crédité de 12 % d’intentions de vote en 2019, a chuté dans son propre secteur électoral à moins de 8 %. Comme si ce score autour des 7 % était l’étiage naturel, à ce jour, du parti présidentiel. Un seul exemple : Pascal Chamassian, bien connu et bien implanté dans son secteur du 11 & 12, avec une équipe militante dévouée, ne fait pas mieux (7,5 %) que Sophie Goy (7,2 %), peu connue, nommée trois semaines avant le scrutin, après le ralliement du micro-parti de Christophe Madrolle.
L’heure est maintenant aux accommodements d’entre deux tours, si tour il y a. Des rapprochements semblent évidents entre les Verts et le Printemps, mais beaucoup moins faciles entre les équipes de Martine Vassal et celles de Bruno Gilles. LaRem tentera de sauver quelques postes de conseillers en négociant avec les gagnants.
Cela signifie très clairement que comme le déclaraient dans une tribune que nous avons publiée, Fatima Orsatelli et Alain Trannoy, économiste, le vote des Marseillais ne désigne pas le maire, mais donne quelques ingrédients pour une cuisine dont on ne connaît pas encore la recette. « Ce mode de scrutin, disaient-ils, favorise les baronnies et leurs clientèles. L’horizon politique s’arrête le plus souvent au secteur avec la seule perspective de monnayer son territoire dans tout accord de second ou de troisième tour, au détriment de la compétence et de l’intérêt général. »