Ce jeudi soir sur France 3 sera diffusé pour la première fois le récent documentaire d’Alexandre Arcady « Orangina, une saga qui secoue » sur la marque et son créateur, Jean-Claude Beton, né en 1925 à Boufarik en Algérie et décédé en 2013 à Marseille. Gomet’ s’est entretenu avec Françoise Beton, la fille du fondateur, à propos de ce projet, l’histoire d’Orangina, son rôle et sa dimension marseillaise.
Françoise Beton, parlez nous de ce film que nous pourrons voir jeudi 5 décembre à la télévision et qui devrait toucher les gens de Marseille
Françoise Beton (F.B.) : Le cinéaste Alexandre Arcady a déjà réalisé des films documentaires relatant la vie d’entrepreneurs, comme Bernard Darty et Alain Afflelou, et a souhaité retracer l’histoire d’Orangina, de l’Afrique du Nord à Marseille puis dans le monde entier. Je ne le connaissais pas, mais nous avons été reliés par son épouse, marseillaise. Il s’agit d’un documentaire de 54 minutes, diffusé par France TV – France 3 et co-financé par la Région Provence Alpes Côte d’Azur, qui a été tourné début 2024 à Paris et à Marseille : vous y reconnaitrez entre autres lieux l’esplanade Jean-Claude Beton inaugurée en 2016 à l’escale Borély.
Le réalisateur a interviewé les personnes de l’entourage de mon père Jean-Claude Beton, non seulement notre famille, mais également des personnalités qui l’avaient cotoyé au cours de sa vie, comme le grand publicitaire Maurice Lévy, le présentateur de télévision Jean-Pierre Foucaud, ou le maire de Marseille Jean-Claude Gaudin dont c’est une des toutes dernières interviews.
Sans dévoiler tout le scénario, rappelez-nous les grandes étapes et les lieux de la saga Orangina
F.B. : C’est une histoire du Sud, de Marseille, de Méditerranée et d’Afrique du Nord. C’est à la Foire de Marseille, en 1935, que mon grand-père Léon Beton, venu d’Algérie d’une région couverte d’orangeraies, rencontre le pharmacien espagnol Trigo, créateur de la formule de concentré d’orange qui allait devenir Orangina, mais l’élan est stoppé par la guerre.
Au début des années 50, mon père Jean-Claude Beton, jeune ingénieur agronome, ressort le projet des cartons et crée la Compagnie Française des Produits Orangina, installée d’abord en Algérie à Boufarik, puis à Marseille au début des années 60. Il dessine la bouteille ronde et granuleuse comme une orange, parfaitement adaptée à son produit original. Du dépôt de pulpe qui aurait pu être un inconvénient majeur, il tire le gimmick du secouement, qui signe l’histoire marketing du produit et son succès.
En 1985, plus de 30 ans après sa création, la Compagnie a rejoint le groupe Pernod Ricard, également d’origine marseillaise, dont Orangina devient filiale et continue de croître dans le monde. Revendue à Cadburry Schweppes en 2001 lorsque le groupe se recentre sur les alcools, la marque appartient aujourd’hui au japonais Suntory. Je me souviens bien des étapes majeures qu’ont été les changements de conditionnement : nous avons été les premiers en France à passer de la bouteille en verre à la canette métallique, lorsque les volumes l’exigeaient, et quand nous avons adopté le plastique, qui posait une difficulté de pasteurisation, il a fallu modifier la formule et introduire un conservateur, ce qui était en phase avec l’époque.
Quel rôle avez-vous joué dans l’entreprise Orangina ?
F.B. : Pour ma part, j’ai fait mes études à Sup de Co Marseille, aujourd’hui Kedge, et j’ai travaillé pendant 20 ans pour Orangina et Pernod Ricard. Nous avions de l’autonomie et des moyens en communication, qui était ma spécialité. Toutefois, tout n’était pas simple, j’avais le double a priori à surmonter d’être la fille du patron et femme dans un monde d’hommes. J’ai commencé comme assistante marketing d’Orangina dans un préfabriqué posé sur le parking et ai fini au comité de direction d’Orangina / Pernod Ricard. En 1989, j’ai eu l’idée de lancer avec TF1 la Lambada qui fut le tube de l’été, avec la marque fortement présente dans le clip..
A ce jour, après avoir quitté Pernod Ricard et dirigé pendant 10 ans le domaine viticole Château Grand Ormeau, je suis conseil en communication dans le secteur du retail et participe via des clients aux émissions Focus Retail et Morning Retail sur BFMBusiness et au Grand Prix Focus Retail, dont la 3e édition s’est tenue ce mardi 3 décembre.
Je partage ma vie entre Marseille et Paris et suis vice-présidente des Marseillais de Paris, qui réunit plus de 200 membres et a récemment donné la parole à Alexandre Ricard et Paul Silvera. J’aime défendre haut et fort les couleurs de Marseille, ce qui est beaucoup plus simple aujourd’hui car Marseille a le vent en poupe, qu’en début de carrière lorsque nous pâtissions d’une réputation plus sombre. Je m’investis dans le lancement de ce film et pense qu’avec son histoire entrepreneuriale familiale et locale, il contribuera à l’image de Marseille et intéressera les téléspectateurs, comme le laisse présager le bon accueil qu’il a reçu mardi dernier à son avant-première marseillaise.
Lien utile :
A vous de voir jeudi en 2ème partie de soirée (22h55) sur France 3 ! Bande-annonce ici.