Moins de place pour la voiture en ville et plus pour les mobilités douces, notamment la marche. La Métropole Aix-Marseille-Provence a inscrit dans son plan de déplacements urbains (PDU) en décembre 2019 la création d’un « Plan piéton ». Objectif : apaisement, attractivité et amélioration de l’accessibilité à l’espace public pour toutes personnes se déplaçant à pied. Un an après l’annonce, le collectif Ramdam a organisé une table-ronde pour savoir où en est ce projet.
C’est un rendez-vous qui aurait dû être physique mais qui, à l’instar de nombreux autres avant lui, s’est tenu en visioconférence à cause du confinement. Organisé par le collectif Ramdam (Rassemblement d’associations pour les modes de déplacements alternatifs dans la métropole Aix-Marseille Provence), la journée « Mobilités actives » a laissé place à une matinée de tables-rondes ce mardi 8 décembre – une deuxième aura lieu vendredi 11 – pour faire le point sur les plans vélo et piéton de la Métropole Aix-Marseille-Provence.
Si le premier est lancé depuis juin 2019, le second en est encore à ses prémices. « Nous avons organisé cette année les premières étapes d’élaboration de ce plan, en regardant ce qu’il s’est fait en la matière dans d’autres villes françaises », explique Yannick Tondut, directeur général adjoint mobilité, transports, voirie au sein de la Métropole AMP. L’objectif de ce programme, inscrit dans le Plan de déplacements urbains (PDU) de l’institution avec un budget de 200 000 euros, est de viser « l’apaisement, l’attractivité et l’amélioration de l’accessibilité de l’espace public pour tous les piétons et notamment les plus fragiles (personnes âgées, personnes avec de jeunes enfants et personnes à mobilité réduite) ».
Réduire la place de la voiture
Aujourd’hui, sur le périmètre de la métropole Aix-Marseille-Provence, 54% des déplacements de moins de 3 kilomètres sont réalisés à pied ou à vélo. De façon générale, la voiture est fortement utilisée dans les déplacements : 54% d’entre eux se font en effet avec ce type de véhicule (chiffres de 2017). Suivent ensuite les trajets à pied (31%), en transports en commun (9%), à moto (3%) et à vélo (1%). Dans son PDU, la Métropole a pour objectif d’augmenter les déplacements piétons, vélos et en transports en commun et de diminuer ceux en voiture.
Le Plan piéton est pour nous central.
Audrey Gatian
Une vision partagée par la nouvelle équipe de la Ville de Marseille, en place depuis le 4 juillet dernier. « Même si c’est la Métropole qui est l’autorité organisatrice des transports et non pas la Ville, on veut travailler avec elle. Le Plan piéton est pour nous central. Notre volonté est de réduire la part de la voiture à Marseille, qui est bien trop importante », expose Audrey Gatian, adjointe à la maire de Marseille en charge de la politique de la ville et des mobilités. La municipalité compte ainsi s’impliquer dans diverses actions allant dans ce sens. Le Plan piéton mais aussi l’instauration d’une zone à faibles émissions (ZFE) à Marseille, attendue pour la fin d’année 2021, qui empêcherait l’accès à certaines zones de la ville aux véhicules polluants, ou la mise en place de « rues aux écoles » afin d’apaiser les abords des écoles municipales.
Jongler entre long et court terme
La Métropole s’est fixée l’année 2025 comme date limite pour la mise en place de son Plan piéton. Une « échéance à long terme » comme le souligne Martine Bigot, administratrice de l’association nationale 60 millions de piétons, qui doit se coupler à des actions de court terme. Celle qui est aussi membre du collectif Piéton à Marseille attend donc les collectivités locales, et plus particulièrement la Ville, au tournant. « Il est important que la nouvelle équipe de la mairie mette en place des actions visibles rapidement », pointe-t-elle. Et de citer en exemple une mesure datant d’octobre 2019, sous la mandature de Jean-Claude Gaudin, consistant à interdire le stationnement à cheval sur trottoir dans trois zones de la ville (Saint-Pierre, Blancarde et Conception).
Tous ces problèmes qui viennent gêner le quotidien des piétons font d’ailleurs l’objet d’une étude. Les usagers des trottoirs sont en effet appelés à s’exprimer sur le sujet depuis le 1er décembre et jusqu’au 15 février prochain dans le cadre de la réalisation du baromètre des villes françaises marchables, élaboré par la Fédération Française de la Randonnée Pédestre et ses partenaires de Place aux Piétons. « Cela nous permettra d’avoir le ressenti des habitants et de le transmettre aux collectivités afin qu’elles aient en leur possession tous les points qui pourraient être améliorés », met en avant Marianne Moukomel, à la tête du comité départemental de la fédération. Pas à pas, la situation des piétons s’améliore. Mais le chemin reste encore long avant de déambuler dans les rues sans aucune gêne.
Liens utiles
> Le programme de la deuxième matinée de table-ronde est à retrouver ici.
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