Le député Renaissance de la 8e circonscription des Bouches-du-Rhône, par ailleurs président de France Mobilités et de la Commission développement durable de l’Assemblée Nationale, revient plus en détail sur le deuxième plan vélo annoncé mardi 20 septembre par la Première ministre Elisabeth Borne. Jean-Marc Zulesi, spécialiste des transports et des mobilités – il a notamment été co-rapporteur de la loi d’orientation sur les mobilités – évoque également dans cet entretien les enjeux métropolitains dans le domaine des transports, notamment le plan Marseille en grand
Pourquoi avoir lancé un deuxième plan vélo ?
Jean-Marc Zulesi : Ce plan dispose d’un portage par la Première ministre, ce qui montre une réelle volonté de muscler le plan vélo. Je me souviens en 2018, lorsque nous avons proposé le premier plan vélo, j’entendais des rires moqueurs, certains pensait que le vélo était un mode de transport du passé. La réussite du premier plan vélo, et le lancement du second est la preuve que nous ne nous sommes pas trompés. Rendez-vous compte, 250 millions d’euros sur une année ! C’est énorme comparé au précédent plan vélo, doté de 500 millions d’euros répartis sur sept ans (350 millions d’euros dans le cadre du plan vélo national + 150 millions supplémentaires dans le cadre du plan de relance, ndlr).
La Première ministre veut « structurer la filière du vélo en France. » Pouvez-vous préciser ?
J-M. Z : Nous allons soutenir les entreprises qui fabriquent, assemblent ou recyclent les vélos, afin de créer une incitation. Pour un citoyen français, c’est une fierté de pouvoir rouler sur un vélo français. Aujourd’hui, la filière se porte bien mais cela reste une niche. Sur le plan local, il y a bien sûr quelques entreprises qui se sont lancées dans cette activité, telles que Damius à Salon-de-Provence, mais cela reste infime, par rapport à la demande, et s’adresse davantage à des personnes éloignées de la pratique du vélo (Damius commercialise des tricycles principalement à destination des personnes âgées ou à mobilités réduites, ndlr). Nous voulons booster la conception de vélos du quotidien.
La répartition du fonds à 250 millions d’euros
Depuis les annonces du mardi 20 septembre, le gouvernement a précisé davantage les modalités du plan (voir en document source). Le fonds de 250 millions d’euros ainsi annoncé par Elisabeth Borne permettra ainsi de financer le développement d’infrastructures cyclables à hauteur de 200 millions d’euros, et le stationnement à hauteur de 50 millions d’euros. A ces sommes s’ajoutent les aides à l’achat d’un vélo ou véhicule durable, ainsi que le forfait mobilités durables (jusqu’à 700 euros par employé et par an) pour le remboursement des déplacements domicile-travail.
Le nouveau plan du gouvernement pour le vélo, la structuration de la filière vélo ?
On en parle le 14 octobre au Mucem à Marseille
à l’occasion des Rencontres du vélo et des mobilités douces
en présence de Jean-Marc Zulesi
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Le gouvernement se félicite de la réussite du premier plan vélo et 14 000 km de pistes cyclables supplémentaires créés depuis 2018. Pourtant, à Marseille, cette réussite n’est pas flagrante …
J-M.Z : Bien sûr, c’est aux collectivités d’agir. Si elles ne développent pas de pistes cyclables, l’Etat ne peut pas le faire à leur place. Nous les aidons à porter des projets et à faire en sorte qu’ils soient financés.
« Dans les Bouches-du-Rhône, le retard est réel, mais la situation n’est pas désespérée »
Jean-Marc Zulesi
Dans les Bouches-du-Rhône, le retard est réel, mais nous ne sommes pas non plus dans un cas désespéré. Il y a quand même une volonté politique. C’est à nous, Etat, de dresser le tapis rouge pour qu’elle se concrétise.
Le plan vélo comprend aussi un volet éducatif. En quoi cela consiste-t-il ?
J-M. Z : Dans le cadre du précédent plan vélo, nous avons instauré le programme « Savoir rouler à vélo. » Ce “Srav” sera perpétué dans le second plan vélo. Il concerne principalement les enfants de six à onze ans pour qu’ils apprennent à utiliser un vélo, car c’est dès le plus jeune âge qu’on ancre les bonnes pratiques. Pour le mettre en place, les collectivités peuvent avoir recours soit aux associations de vélo – au plan local, c’est la FUB ( Fédération française des usagers à bicyclette) qui est en chargée – mais ils peuvent aussi mobiliser un agent.
A côté du Srav, le plan vélo comporte également des programmes de remise en selle pour les adultes qui ne savent pas faire du vélo ou qui ont perdu l’habitude. A noter également que les aides à l’achat d’un vélo mises en place dans le cadre du précédent plan vélo sont maintenues.
La Première ministre compte sur les jeux olympiques et paralympiques de 2024 pour faire de la France « la vitrine du vélo » dans le monde. Concrètement, comment cela se matérialisera-t-il ?
J-M. Z : La Première ministre fait ici référence principalement au développement d’infrastructures cyclables et leur sécurisation afin de faciliter l’usage du vélo pendant cette période.
Vous êtes l’auteur d’un rapport intitulé « Les mobilités actives contre la perte d’autonomie » (mars 2022). Vous souhaitez que des mesures soient reprises. Quelles sont-elles ?
J-M. Z : C’est encore en arbitrage au niveau du ministère de la Santé. La Première ministre a annoncé un comité interministériel qui réunira l’ensemble des ministres concernés et qui doit se tenir dans les semaines à venir pour affiner tout cela.
Personnellement, j’aimerais voir se concrétiser la possibilité pour un médecin de prescrire des séances de vélo et mettre en place un système de rémunération s’ils font la promotion du vélo auprès de leurs patients. Le vélo est un véritable outil de prévention en matière de santé.
Je souhaiterais aussi que soit lancé un appel à projets pour aider les hôpitaux, Ehpad ou autres structures qui le souhaitent à se doter ou à louer des vélos ou tricycles adaptés.
Les associations d’usagers dénoncent le manque de rapidité du développement d’infrastructures pour les vélos mais aussi les transports en commun. Que pensez-vous de leurs remarques ?
J-M. Z : Les associations sont dans leur rôle. Elles nous demandent d’aller plus vite. Je suis le premier à vouloir accélérer, mais nous nous heurtons à la réalité. Notre rôle, en tant que députés, est de répondre aux associations, leur expliquer pourquoi ce que nous mettons en place est déjà ambitieux, mais aussi leur exposer les difficultés auxquelles nous nous heurtons, dans une logique de transparence.
Nous entendons leurs réclamations. Ainsi, nous irons avec Anne-Laurence Petel (députée Renaissance d’Aix, ndlr) plaider devant le Préfet pour la réouverture de la ligne de train Aix-Rognac, sans attendre la fin des travaux de la gare Saint-Charles (prévue en 2037, ndlr).
De quelle manière êtes-vous impliqué dans le déploiement du volet mobilités du plan Marseille en grand ?
J-M. Z : Dans ce plan, les députés jouent un rôle de courroie entre le local et le national. L’Etat a aussi pour mission d’apaiser les tensions qui peuvent survenir entre la Ville et la Métropole, dans l’intérêt de tous. C’est ce à quoi sert le GIP Transports, au sein duquel nous œuvrerons pour accélérer la concrétisation du milliard d’euros alloué aux mobilités. Les crédits ont été votés et se ventileront dans les années à venir, en fonction des projets et du calendrier fixé.
Document source : le 2e plan vélo du gouvernement
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