L’épilepsie est une pathologie du cerveau dont on peut souffrir à n’importe quel âge. Elle se manifeste le plus souvent par des crises récurrentes, voire des convulsions. Dans le monde, l’organisation mondiale de la santé (OMS) estime qu’environ 50 millions de personnes en sont atteintes, ce qui en fait l’une des affections neurologiques les plus fréquentes.
À Marseille, depuis 2018, les chercheurs du programme « Epinov » tentent de modéliser virtuellement un cerveau de patient épileptique. « Le cerveau virtuel intègre numériquement les données de connectivité cérébrale de chaque patient avec toutes les connaissances en neurosciences dont nous disposons », explique Viktor Jirsa, le physicien allemand à la tête du projet, dans un communiqué publié en janvier dernier. Ce neuroscientifique veut améliorer la prise en charge des personnes atteintes de maladies du cerveau.
Le cerveau virtuel soutenu par l’Europe et la Satt
Viktor Jirsa a donc réuni au sein de l’INS (Institut des neurosciences des systèmes) d’Aix-Marseille, structure qu’il dirige, une équipe pluridisciplinaire pour créer une première application clinique du cerveau virtuel – ou virtual brain – afin de mieux appréhender l’épilepsie. Un travail de modélisation destiné à préparer la chirurgie dans les meilleures conditions. À terme, le projet Epinov, labellisé programme d’investissement d’avenir (PIA) par l’État, vise à renforcer notre compréhension scientifique sur d’autres maladies neurologiques ou neurodégénératives, comme Alzheimer ou Parkinson par exemple.
Le projet est soutenu par l’Europe avec une enveloppe de 5,8 millions d’euros, et par l’accélérateur du transfert de technologies Satt Sud-Est à hauteur d’un million d’euros. Coordonnés par le professeur Fabrice Bartolomei, chef du service d’épileptologie et rythmologie de l’Hôpital de la Timone (AP-HM), les essais cliniques vont impliquer près de 13 centres et 400 patients épileptiques. Après plusieurs années de tests, une première application du cerveau virtuel arrive à maturité. La technologie virtual epileptic patient (VEP), protégée par plusieurs brevets, peut alors faire l’objet d’un « transfert vers le marché et une valorisation par la création d’une start-up », considère l’accélérateur.
VB-Tech, une société créée pour favoriser l’exploitation du cerveau virtuel
Les travaux sur le cerveau virtuel et la technologie VEP doivent être valorisés et exploités. C’est à ce moment que Jean-Marc Ferrier entre en jeu. Président d’Upstream, déjà à l’origine de la pépite aixoise Graftys, l’entrepreneur spécialiste du droit des affaires est sollicité par la Satt. Convaincu par l’intérêt humain du projet, il intègre l’incubateur marseillais Impulse (13e). Neuf mois plus tard, en août 2021, Jean-Marc Ferrier créé à Aix-en-Provence la start-up VB-Tech, sous licence d’exploitation exclusive mondiale de l’accélérateur. « C’est avant tout un projet collaboratif de transfert d’une technologie académique développée à la fois à Aix-Marseille Université et à l’AP-HM », rappelle à Gomet’ le chef d’entreprise rencontré vendredi 9 septembre au Forum des entrepreneurs 2022.
Une première levée de fonds à un million d’euros
Le cerveau virtuel est, selon Jean-Marc Ferrier, un projet qui s’inscrit dans une « tendance lourde du futur » ; celle de la modélisation computationnelle et des solutions thérapeutiques in silico (en virtuel). L’entrepreneur vient de s’installer dans des locaux temporaires loués par Marseille Innovation. Un déménagement définitif de VB-Tech à Marseille est prévu « en début d’année prochaine ». Jean-Marc Ferrier cherche également à lever un million d’euros avant la fin de l’année, et prévoit un deuxième tour de table « beaucoup plus solide » au deuxième semestre 2023. D’ici là, son équipe comptera au moins une « demi-douzaine de collaborateurs ». Le lancement officiel du cerveau virtuel est espéré en 2025 au plus tôt.
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