L’intelligence artificielle (IA) générative s’invite doucement mais sûrement dans tous les secteurs et suscite autant d’engouement que d’inquiétudes. A Marseille, l’école dédiée au numérique La Plateforme veut se saisir du sujet. Elle organisait mardi 28 mai dans ses locaux rue d’Hozier (2e) une conférence centrée sur l’intelligence artificielle.
En introduction, Thomas Houdaille, directeur business de l’école, dresse le tableau : « L’intelligence artificielle a démarré dans les années 50. Elle est déjà largement présente dans notre quotidien : Netflix, les applications comme Siri ou Alexa … Mais il ne faut pas perdre de vue que des réponses basées sur les statistiques sont par définition potentiellement fausses », explique-t-il. De fait, les entreprises prennent aussi le tournant de l’IA générative, y compris celles évoluant dans des domaines parfois sensibles, comme la défense et l’aérospatiale. Certaines se tournent vers des “chatbots” internes, pour permettre de traiter plus rapidement les informations, ou des solutions d’automatisation des tâches.
« Longtemps nous avons débattu de l’intégration de l’IA et de son utilité dans notre domaine. Aujourd’hui, 7000 collaborateurs utilisent notre plateforme d’IA en interne », témoigne ainsi Virginie Galindo, responsable data au sein de Thales, donc en charge de la réflexion sur le sujet. Le groupe français de défense organise même des « prompt parties » pour permettre à ses salariés de comprendre l’IA et de la mettre à profit. « L’IA générative peut faire peur, car il y a un risque de suppression d’emploi. On a besoin de rassurer nos salariés et de leur permettre de voir un intérêt personnel dans le déploiement de ces outils », poursuit-elle.
Mistral AI veut se positionner comme leader européen
Plus près du territoire, le groupe d’ingénierie ADF (Vitrolles) s’est également tourné vers une plateforme interne d’IA pour faciliter le traitement de certaines données « non sensibles. » Après plusieurs expérimentations sur différents serveurs, ADF a finalement opté pour un des leaders américains du marché, Open AI (co-fondé par Sam Altman et Elon Musk), à l’origine de ChatGPT, comme l’explique Olivier Sire, responsable excellence opérationnelle au sein d’ADF.
Mais les Français aussi peuvent faire leur place sur le marché. C’est ce qu’a prouvé l’entreprise Mistral AI, fondée en 2023 par un trio d’entrepreneurs français – Arthur Mensch, Guillaume Lample et Timothée Lacroix – , qui commence à se faire un nom. Aujourd’hui, l’entreprise n’hésite pas à aller démarcher ses recrues directement chez la concurrence US. Même si le fonds américain Lightspeed Venture figure au capital de Mistral AI, ses dirigeants revendiquent leur origine française. Recrutée comme datascientist alors qu’elle travaillait encore chez Google, Marie Pellat en explique la raison au cours de la conférence organisée par la Plateforme : « Il y a un pôle de talents énorme en France, ce qui constitue un avantage compétitif. Nous devons conserver ces talents. C’est également très important en matière de gouvernance et de protection des données d’avoir des leaders européens dans le domaine de l’IA. »
La Plateforme ouvre un master dédié à l’IA à la rentrée 2024
En septembre 2024, La Plateforme ouvrira un master IA / data pour fournir une formation de pointe à ses étudiants. L’objectif du nouveau master est ainsi de former les étudiants à toutes les formes d’intelligence artificielle qui peuvent exister, principalement l’IA générative qui est la plus présente dans notre environnement, mais aussi à la législation relative aux données.
A côté du master, La Plateforme ambitionne de monter un « Lab IA » piloté par Joël Gombin (fondateur de Datactivist), composé de spécialistes de l’IA et de personnalités du monde de l’entreprise pour permettre aux étudiants de tester leur connaissance au sein des entreprises, dans le cadre d’une alternance.
Lancée en 2019 par Cyril Zimmermann, La Plateforme développe ses campus partout en France, dernièrement à Paris et Lille. A terme, sur la région Provence-Alpes-Côte d’azur, elle vise un objectif d’accueil de 2500 élèves, notamment sur son futur campus de 25 000 mètres carrés dans le périmètre nord d’Euroméditerranée dans le quartier de Cazemajou dans le 15e arrondissement de Marseille.
En savoir plus :
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