La prise de parole au Pharo a été le point d’orgue de la visite, tant au niveau du spectacle de Marseille changeant de couleur au fil des mots que des invités et de leurs postures.
Les adjoints du Printemps, de Jean-Marc Coppola à Olivia Fortin, de Sébastien Barles à Pierre-Marie Ganozzi trouvaient là, étrangement, de la part d’un président « libéral », la seule possibilité de mettre en œuvre leur programme. Un écho lointain du lancement de Mad Mars en juin 2019 quand les Marcheurs croyaient à une alliance possible avec ce mouvement citoyen (alliance qui n’a pas résisté aux attaques de la gauche du Printemps et de la droite de la majorité présidentielle).
Benoît Payan a joué le jeu et ses équipes voient enfin une possibilité de restaurer des écoles, réhabiliter des logements, et améliorer les transports. « Nous avons besoin, a-t-il déclaré, que vous réformiez les aberrations territoriales risibles et injustes.» Les élus de droite eux savouraient les piques sur les grèves et sur la vidéosurveillance.
Mais les modalités sont draconiennes. Métropole et ville ont deux mois pour proposer une gouvernance des projets. Souvenons-nous qu’il a fallu plus d’un an pour se mettre d’accord sur le nom d’un directeur pour la Société publique locale d’aménagement d’intérêt national (SPLA-IN).
Le Président souhaite donc la création de deux outils :
- La société publique d’intérêt national pour les écoles, une société sous pilotage de l’État avec pour objectif la réhabilitation et la reconstruction des écoles identifiées avec la Ville comme étant les plus délabrées ; consolation elle sera présidée par le maire.
- Le groupement d’intérêt public pour les transports qui fait sortir la compétence transport de l’exclusivité métropolitaine et la soumet à un pilotage partagé entre la région, le département, la métropole et les villes.
Jacqueline Gourault devra certainement revoir la copie du projet de loi Différenciation, décentralisation, déconcentration et simplification (3DS), puisque les propos présidentiels remettent en cause l’échafaudage actuel des responsabilités. Jean-Pierre Serrus s’est chargé de faire passer le message à la ministre et il espère que le texte qui doit être voté avant la fin de l’année inclura les dispositions au diapason des aspirations présidentielles, justement sur le dispatching des revenus métropolitains aux communes.
Marseille n’est donc globalement pas mise sous tutelle. Cette expression s’applique aux communes qui ont dépassé leur seuil d’endettement et doivent confier les clefs du coffre au préfet. Non, mais les outils pour réformer la ville sont dans un partenariat où prédomine la voix de l’État qui aura non seulement le chéquier, mais aussi la haute main sur les cadres dirigeants. Mais ce modèle fonctionne pour le Grand port maritime, pour le Mucem, pour l’Assistance publique, pour Euroméditerranée. Pourquoi pas pour le logement, les écoles et les transports ? Marseille ne peut qu’y gagner.
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