Le marché aux santons revient pour sa 221e édition. Lancé en 1803, il reste un marqueur fort de l’identité provençale. Il sera cependant marqué par une nouveauté cette année : « Pour cette édition, nous ne serons pas considérés comme un événement recevant du public. Ce qui signifie pas de barrières, ni de contrôle à l’entrée », embraye Michel Bouvier, président de l’Union des fabricants de santons de Provence, dès le début de la conférence de présentation, mardi 14 novembre.
En effet, depuis 2015, année marquée par les attentats du 13 novembre, le marché aux santons est encerclé de barrières de chantier Heras, recouvertes d’un voile, et les visiteurs à l’entrée sont systématiquement fouillés. La décision municipale est motivée par « les demandes répétées de l’Union des fabricants de santons », explique l’adjoint à la culture provençale Christian Bosq. « Vu le contexte, c’est bien la première année où cela ne nous aurait pas dérangés… », grommèle Michel Bouvier, qui fait référence au contexte de guerre entre le Hamas et Israël mais aussi à l’attentat d’Arras, qui a coûté la vie à un professeur, en octobre dernier. Il interroge néanmoins l’efficacité des barrières face à une menace extérieure. « Nous espérons au moins que cela va générer davantage de passage sur la foire », tempère-t-il. Lors de la précédente édition, le marché aux santons a attiré 270 000 visiteurs : « un record, même si tous n’achètent pas forcément … »
Les santonniers mitigés : « On avait plus de restrictions pendant le covid qu’en alerte attentat ! »
Du côté des santonniers, les réactions sont mitigées face à cette nouvelle : « C’est aberrant : on nous a plus contraints pendant le covid qu’en alerte attentat renforcée ! Sans barrières, ça va être du grand n’importe quoi, tout le monde va pouvoir aller et venir entre les baraques à santons. Il y a énormément de monde sur cette foire et le fait d’avoir des barrières et des fouilles à l’entrée permettait au moins de filtrer. Cela procure aussi un sentiment de sécurité au client » s’insurge le santonnier Jérôme Truffier-Douzon, croisé sur le chantier du montage de la foire, quai de la mairie.
Ateliers pour fabriquer un santon, concerts traditionnels … Les animations du marché aux santons
Malgré ces changements, le marché se prépare à accueillir de nombreuses animations. L’inauguration se tiendra dimanche 19 novembre à partir de midi avec de nombreuses festivités au programme : la traditionnelle messe des santonniers (à 10h30 à l’église des Augustins) et des groupes folkloriques. Tout les mercredis, jusqu’au 2 décembre, des ateliers de fabrication des santons auront lieu. En partenariat avec La Poste, le marché aux santons accueillera également la boîte aux lettres du Père Noël…
Un peu plus loin sur la foire, c’est un autre point qui inquiète Daniel Vouriot, des santons Vouriot Beaumond : « Ce qui nous fait peur, ce sont les incivilités : nous craignons que des malotrus viennent uriner sur nos baraques, comme cela a pu être le cas par le passé lorsqu’il n’y avait pas de barrières. Il y aussi un risque de vol dans les baraques lorsque nous avons le dos tourné… » alerte-t-il, en agitant son pinceau. A côté de lui, son épouse hausse les épaules : « Je ne suis pas plus inquiète que ça. De toute façon, on n’a pas le choix », lâche-t-elle, résignée. Si les santonniers participants à la foire paient de leur poche un vigile pour assurer la protection des baraques la nuit, beaucoup craignent que l’absence de barrières ne lui complique la tâche en cas d’incident. Quoi qu’il en soit, la mairie n’exclut pas de revenir sur sa décision si l’actualité évolue, précise Christian Bosq.
Liens utiles :
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