À la suite du tollé provoqué par ses propos racistes, Christian Tommasini démissionne ce mercredi 28 avril de son poste de président du yachting club de la Pointe-Rouge (YCPR). L’intérim sera assuré par Patrick Niederoest, vice-président du club, jusqu’au prochain conseil d’administration.
Le scandale qui a choqué tout Marseille
Les faits remontent au 22 février dernier. À l’occasion d’un conseil portuaire du port de la Pointe-Rouge (8e arrondissement), une instance mise en place par la Métropole Aix-Marseille Provence, plusieurs acteurs se sont réunis. Didier Réault (LR), vice-président en charge du littoral à la Métropole, Sophie Roques, adjointe au maire de Marseille (PM) et Claude Piccirillo (LR), vice-président en charge de la plaisance à la Métropole, sont notamment présents. Au fil de la discussion, la question de l’incivisme des touristes, et celle du manque de sécurité dans le Sud de la ville, sont abordées. Christian Tommasini, le président de l’YCPR, s’emporte, et profère des propos racistes. Élus et fonctionnaires ne mouftent pas.
Le jour où il faudra s’armer, je serai le premier à aller faire de la ratonnade
Christian Tommasini
Dans un enregistrement dévoilé mardi 27 avril par Marsactu, on entend l’homme en charge du port de la Pointe-Rouge se plaindre : « Je ne suis pas raciste, mais maintenant, il y en a marre des Arabes, commence-t-il. Tu ne peux plus rien faire sans qu’un Arabe ne vienne te faire chier. La réunion se poursuit sans aucune intervention des autres participants… Et les propos insoutenables de Christian Tommasini reprennent de plus belle : « Ils profitent de la demi-heure de parking gratuite… en plus, que des melons, que des Arabes. Pas un blond, un blanc, un qui est bien comme il faut, non, que des Arabes ».
Seul le vice-président de la Métropole en charge du littoral, Didier Réault, l’interpelle. « Tu stigmatises », lui répond-il d’un air amusé. « Je m’en fous ! rétorque Christian Tommasini qui appelle maintenant à la violence, le jour où il faudra s’armer, je serai le premier à aller faire de la ratonnade ». Ces propos racistes, interdits par le Code pénal, ne seront pas commentés par les autres participants de la réunion organisée par la Métropole.
Ratonnade, familier et péjoratif : Expédition punitive ou brutalités exercées contre des Maghrébins ; par extension, brutalités exercées contre un groupe social. (source : Larousse)
Contacté par La Provence, le président de l’YCPR s’excuse. « Mes mots ont dépassé ma pensée, déclare-t-il. Je regrette ce que j’ai dit. Je suis président bénévole, je n’ai rien à gagner avec ce parking, je ne vais pas m’amuser à aller tuer des gens ». Malgré ce mea culpa, Christian Tommasini décide d’adresser un courrier à la presse ce mercredi après-midi, expliquant qu’il démissionne de la présidence du club.
Le tollé unanime de la classe politique face aux propos racistes de Christian Tommasini
Les personnalités politiques, toutes formations confondues, ont condamné les propos racistes de Christian Tommasini. « Le racisme n’est pas une opinion, c’est un délit », s’est empressé de réagir Benoît Payan, le maitre de Marseille sur Twitter. Le maire de Marseille précise que « la Ville suspend toutes ses relations avec l’YCPR ». L’adjoint à la lutte contre les discriminations, Théo Challande Névoret, indique « qu’au nom de la Ville de Marseille, je vais signaler ces propos à la procureure de la République ». Puis Sophie Camard, maire des 1e-7e arrondissements, et Hervé Menchon, adjoint au littoral, ajoutent que la mairie suspend les subventions de l’association nautique (163 000 euros). Sophie Roques, adjointe à l’état civil, était présente lors du conseil portuaire du 22 février. Elle signale dans La Provence avoir été « abasourdie et choquée par les propos tenus », puis elle affirme avoir quitté la réunion.
Le journal 20minutes rapporte que l’association SOS Racisme a également déposé un signalement auprès du parquet de Marseille, qui a décidé d’ouvrir une enquête pour cette affaire.
Du côté de la Métropole, la présidente Martine Vassal réagit su Twitter : « Aucun Français, quelles que soient ses origines, ne mérite les propos stigmatisants qui ont été tenus ». Une réaction elle-même critiquée, certains sur les réseaux sociaux jugeant le terme « stigmatisant » mal approprié compte tenu de la gravité des propos tenus. Quant à Didier Réault, accablé par de nombreux messages pour son absence de condamnation ferme, il déclare néanmoins sur Twitter que « les propos violents tenus par Christian Tommasini […] sont inacceptables ». Le président du parc national des Calanques précise qu’il ne les « cautionne aucunement ». Une réponse qui ne semble pas convaincre l’opposition, outrée par ce scandale. Florilège.
Ces propos sont glaçants ! Un racisme décomplexé qui rappelle les heures noires de notre Histoire. Plusieurs élus ont saisi la Procureure. Mais comment est-ce possible à #Marseille en 2021 ?
— Saïd Ahamada (@saidahamada) April 27, 2021
Qu’avons-nous raté pour qu’un responsable associatif tienne des propos aussi immondes ? https://t.co/Qqisf0zs5j
🔴Je suis choquée. Le #racisme n’est pas une pensée, c’est un délit qui peut tuer.
— Samia GHALI (@SamiaGhali) April 27, 2021
Comment une réunion institutionnelle a pu se poursuivre après un tel déferlement de violence?
J’en appelle au sursaut de @MartineVassal c’est un devoir moral https://t.co/C8YjdAO8FP
Je condamne fermement les propos sortis dans la presse, tenus lors du conseil portuaire. Ils sont choquants et inadmissibles. Les problèmes liés à la surfréquentation du littoral doivent être traités au plus vite pour mettre fin à des situations aussi violentes qu’incontrôlables. pic.twitter.com/a8WRBtshSr
— Claire Pitollat (@ClairePitollat) April 27, 2021
Stigmatisation et incitation à la violence raciale banalisées.
— Cathy RACON BOUZON (@RaconCathy) April 27, 2021
Rien, aucun “malaise”, à l’évocation elle-même porteuse de relents racistes, @DidierReault, ne peut justifier de tels propos. Les tenir est un délit, les laisser passer une indignité. https://t.co/pjvbepa8WM
les barrières sautent les unes après les autres… on attend au minimum la condamnation formelle par @DidierReault et @MartineVassal, de ces propos qui relèvent du Code Pénal.#racismeordinaire https://t.co/CCniHxjg7M
— ☀️Jean-Marc Bonnaffous☀️ (@jemabon) April 27, 2021
Liens utiles :
> Calanques : échanges directs entre Menchon (EELV) et Réault (LR) sur Twitter