En France, 3,6 millions d’indépendants (artisans, commerçants, professions libérales, micro‑entrepreneurs…) assument seuls le risque maladie‑invalidité. Or les cotisations des complémentaires santé devraient encore grimper de 6 % en moyenne en 2025 – 5,3 % sur les contrats individuels et 7,3 % sur les collectifs – selon la Mutualité française. Cette hausse renchérit le reste‑à‑charge d’un public déjà privé de la mutuelle obligatoire dont bénéficient les salariés.
La protection de base : la Sécurité sociale des indépendants (SSI)
Adossée au régime général depuis 2020, la SSI rembourse soins et médicaments au même taux que les salariés ; elle verse aussi des indemnités journalières (IJ) en cas d’arrêt de travail, mais seulement si le revenu annuel dépasse ≈4 100 € et après trois jours de carence. En octobre 2024, la mise en production du logiciel Arpège a toutefois retardé l’indemnisation de plus de 5 000 assurés, illustrant la fragilité du dispositif. Mais, cette sécurité sociale des indépendants s’avère relativement peu protectrice. Cette raison explique l’existence même d’un système d’assurance prévoyance pour indépendants.
Les mutuelles, première ligne de « prévoyance santé »
Face à la flambée tarifaire, les indépendants se ruent sur les comparateurs en ligne : ces plateformes affichent une hausse de trafic de 15 % à 30 % en un an, promettant jusqu’à 400 € d’économies annuelles sur les cotisations.
Mais la marge de manœuvre se réduit : depuis février 2025, une nouvelle taxe sur les contrats complémentaires – qualifiée de « tour de passe‑passe » par les organismes – risque d’être répercutée sur les primes payées individuellement par les TNS (travailleurs non‑salariés).
Les contrats « prévoyance » (incapacité, invalidité, décès)
Contrairement à la mutuelle, ces garanties versent un revenu de remplacement ou un capital quand l’activité s’arrête.
- Contrats Madelin : toujours ouverts aux indépendants, ils restent déductibles du bénéfice imposable, même si le PER individuel a pris le relais pour la retraite.
- Offres ciblées : assureurs et courtiers rappellent qu’« il est essentiel, dès le début de l’aventure entrepreneuriale, de calibrer un contrat de prévoyance », notamment pour couvrir les charges fixes de l’entreprise.
Des caisses professionnelles en mutation
Certaines professions libérales cotisent encore à leur propre caisse. Exemple : la CIPAV (architectes, coachs, consultants…) n’a pas revalorisé ses pensions au 1ᵉʳ janvier 2025, signe de tensions financières qui pourraient peser demain sur les volets incapacité‑invalidité.
Parallèlement, syndicats et patronat ont trouvé le 2 avril un accord inédit sur la gouvernance des groupes de protection sociale paritaire, chargés de la retraite complémentaire… mais aussi d’activités concurrentielles de prévoyance et de santé.
Ce que change le PLFSS 2025 pour les micro‑entrepreneurs
Adopté début février après l’activation du 49.3, le budget de la Sécurité sociale abaisse le seuil d’exonération de TVA à 25 000 € et élargit l’assiette de cotisations. Selon la Fédération des auto‑entrepreneurs, 250 000 micro‑entrepreneurs devraient ainsi payer davantage, une charge qui réduit d’autant la capacité à financer une couverture prévoyance privée.
Néanmoins, cette dernière mesure a été suspendue. Les micro-entrepreneurs ne savent donc pour l’instant pas si cette mesure impopulaire sera maintenue, ou définitivement supprimée. L’objectif pour l’Etat était de dégager davantage de ressources fiscales.
Tendances 2025 : quel cap pour les indépendants ?
- Pression budgétaire : la Cour des comptes suggère de rallonger les délais de carence ou de ne plus couvrir les arrêts de moins de huit jours, transférant le risque vers les assureurs privés – donc, in fine, vers les cotisants.
- Europe et plateformes : la future directive instaurant une présomption de salariat pourrait, si elle est transposée sans filet, priver les travailleurs de plateformes de leur statut TNS… et de la fiscalité avantageuse des contrats Madelin.
- Recherche de mutualisation : collectifs d’indépendants, coopératives d’activité, ou portages créent des contrats groupés pour négocier de meilleurs tarifs et des garanties identiques à celles des salariés.