Résultats 2023 de CMA CGM : retour vers le réel

Les résultats annuels de la compagnie CMA CGM sont sept fois moins élevés que ceux de l’année 2022 qui avaient défrayé la chronique. On se souvient alors de la déclaration de Rodolphe Saadé interrogé au Sénat qui ironisait quelque peu, sur le fait que personne ne s’intéressait à la compagnie lorsqu’elle était en difficulté, mais qu’avec 25 milliards de bénéfices, elle était tout d’un coup sommée de rendre des comptes.

En fait, avec un bénéfice de 3,64 milliards de dollars, la compagnie retrouve sa rentabilité d’avant le Covid, elle s’inscrit naturellement dans une activité de logistique qui est nativement cyclique. Le communiqué officiel dans une langue de bois de cèdre ciselée, énonce que tout cela était prévu avec une « Dégradation progressive de l’environnement du transport maritime en 2023 y compris au 4e trimestre se traduisant par un chiffre d’affaires et un résultat opérationnel 2023 en baisse par rapport à 2022 comme anticipé. » Ce qui n’était évidemment pas anticipé c’est que le 4e trimestre affiche un résultat négatif de 90 millions d’euros.

Fort de ces résultats sur les deux années 2022-2023, dans une tradition familiale bien établie, Rodolphe Saadé a largement investi, les médias n’étant que la partie émergée de l’iceberg, le fond étant de la reprise des activités logistiques de Bolloré en Afrique, Bolloré Logistics pour cinq milliards d’euros. CMA CGM cherche donc à sortir d’un écosystème unique du transport maritime pour se développer. Aux États-Unis, le groupe a finalisé l’acquisition des terminaux à conteneurs de GCT Bayonne et New York, renommés Port Liberty Bayonne et Port Liberty New York, pour un montant de 2,8 milliards de dollars. Avec cette acquisition, CMA CGM renforce sa présence sur la côte est des États-Unis, en complément de sa présence sur la côte ouest avec le terminal de FMS à Los Angeles.

Au Nigeria, le groupe a inauguré en février 2023 la phase 1 du Lekki Freeport Terminal, un terminal à conteneurs multi-utilisateur de nouvelle génération, portant à 58 le nombre de terminaux et projets portuaires dans lesquels CMA CGM a investi.

Les résultats restent enviables équivalents en rentabilité au numéro 2 du secteur Maerks.

Sur l’exercice 2023, le chiffre d’affaires s’élève à 47 milliards de dollars, en baisse de 36,9% par rapport à 2022. L’Ebitda atteint 9 milliards de dollars, soit une marge d’Ebitda de 19,2 %, en baisse de 25,5 points par rapport à l’année 2022. Le résultat net part du groupe s’élève à 3,6 milliards de dollars. La dette nette du groupe s’établit à 3,7 milliards de dollars, ce qui laisse un bilan solide sans risque majeur face à une conjoncture incertaine.

Dans son rapport annuel la compagnie marseillaise affiche des investissements lourds

• 1,5 milliard d’euros sur cinq ans pour la création de Pulse, CMA CGM Energy Fund, pour accélérer la transition énergétique sur l’ensemble des activités de transport maritime, terrestre, aérien, et de la logistique dans le monde.
• Plus de 15 milliards de dollars investis pour une flotte de près de 120 navires propulsés au GNL et au méthanol d’ici à 2027.
• CMA CGM a investi 200 millions $de dollars sur 10 ans pour équiper ses navires de déflecteurs, d’étraves à bulbe et d’hélices, entre autres améliorations.
• Construit en 2023, CMA CGM a pris livraison en février 2024 du CMA CGM MERMAID, premier navire d’une série de 10 porte-conteneurs au design novateur pour une meilleure performance énergétique.
  

Plus de volume moins de chiffre d’affaires

Sur l’année 2023, les volumes transportés s’établissent à 21,8 millions d’EVP, en hausse de 0,5 % par rapport à l’année 2022. Le chiffre d’affaires annuel est en baisse de 46,7 % par rapport à 2022 et atteint 31,4 milliards de dollars pour l’activité maritime.

Pour l’année 2024 le groupe est prudent « L’année 2024 devrait être marquée par une croissance économique mondiale atone, reconnaît-il dans sa communication avec l’émergence de nouvelles tensions géopolitiques. Le Groupe reste donc particulièrement attentif à l’évolution de la situation macroéconomique et géopolitique. »

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